C’est un ami de l’Afrique qui s’en va : Pierre Péan ! Chapeau bas, pour ce grand journaliste Français d’investigation aux enquêtes fouillées. Il avait la passion de son métier. Le diamant de Bokassa, c’est lui. Les Affaires africaines franco-gabonaises, c’est encore lui. Il a gagné son procès contre des lobbyistes qui voulaient le museler pour son livre: «Noirs fureurs, blancs menteurs»!
Le journalisme d’investigation a perdu une de ses plus grandes plumes. Courageux et téméraire, le journaliste Pierre Péan n’a jamais eu peur des polémiques. Enquêteur chevronné, Pierre Péan avait pour sujets de prédilection l’Afrique, les médias et la face cachée des personnalités politiques, avec notamment le passé trouble de l’ex-président socialiste François Mitterrand pendant l’occupation nazie, les diamants de Bokassa, TF1, la face cachée du Monde, Affaires africaines, Nouvelles affaires africaines: Mensonges et pillages au Gabon, Noires fureurs, blancs menteurs: Rwanda 1990/1994, La République des mallettes: Enquête sur la principauté française de non-droit, Jean Moulin, l’ultime mystère, Le monde selon K., Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Une France sous influence: Quand le Qatar fait de notre pays son terrain de jeu, Ma petite France…sont ses ouvrages.
Pour une triste nouvelle, c’en est une: le décès de Pierre Péan, grand journaliste français d’investigation. Notre confrère « Roger Bongos » est très attristé, lui qui espérait faire préfacer son ouvrage sur la République démocratique du Congo par ce grand ami de l’Afrique. La grande passion de ce journaliste, né en 1938, est l’Afrique, un continent qu’il arpente depuis 1962. Carnages est une somme, celle de « Pierre l’Africain », comme disent ses amis. Il y raconte le jeu des grandes puissances, Etats-Unis en tête, sur ce continent depuis la Seconde Guerre mondiale. Son propos est centré sur la région des Grands Lacs : Rwanda, Ouganda, Soudan, RDC… Une région regorgeant de minerais et de querelles ethniques, d’ambitions politiques et de massacres à grande échelle. Des millions de civils – personne ne connaît le chiffre exact – y sont morts en une quinzaine d’années.
Ce qui révolte Pierre Péan, ce sont « les militants qui trient entre les bons et méchants morts, en usant du tamis de la repentance « , comme si les » maux d’Afrique ne s’expliquaient que par un seul mot : la France. La parution de Noires fureurs, blancs menteurs avait valu de sérieux ennuis à son auteur, tant il remettait en cause le consensus » droits-de-l’hommiste » au sujet du Rwanda. Homme de gauche, « j’étais devenu pour une fraction de l’élite française raciste, révisionniste, négationniste et antisémite « , confie-t-il. Des procès lui furent intentés, en France et en Belgique. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, l’association Survie et des lobbyistes pro-rwandais ont tenté à plusieurs reprises de faire museler Pierre Péan et Charles Onana sur leurs ouvrages sur le Rwanda. Entre 2009-2010, plusieurs de leurs conférences ont été annulées. Pierre Péan a été traité de négationniste voire de révisionniste sur le Rwanda.
Le journaliste Pierre Péan est l’un des plus grands journalistes qui a enquêté sur le Rwanda. Dans son livre paru en 2010 (Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique), il a démontré que l’attentat contre le Falcon 50 de Juvénal Habyarimana a été commandité par Paul Kagamé, qui s’est servi des Tutsi dans le cadre d’une grande conspiration internationale visant à évincer la France de la région des Grands Lacs et à isoler le Soudan. Survie et d’autres lobbyistes pro-rwandais ne l’ont pas épargné, ils lui ont collé un procès et l’ont accusé de provocation raciale dans son livre sur le génocide: Noirs fureurs, blancs menteurs !
Rwanda: accusé de provocation raciale dans son livre sur le génocide, Pierre Péan relaxé en appel
PARIS (AFP) – mercredi 18 novembre 2009 – 14h58 – La cour d’appel de Paris a confirmé mercredi la relaxe de l’écrivain et enquêteur Pierre Péan et de son éditeur qui étaient poursuivis pour diffamation raciale et provocation à la haine à la suite du livre sur le génocide rwandais « Noires fureurs, blancs menteurs« . Son avocate, Me Florence Bourg, a salué « une victoire de la liberté d’expression ». De son côté, l’avocat de SOS Racisme, partie civile au procès, Me Lef Forster, a annoncé qu’il allait se pourvoir en cassation.
Dans ce livre sur le génocide rwandais, qui en 1994 a fait selon l’ONU 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie, Pierre Péan soutient que « la culture du mensonge et de la dissimulation domine toutes les autres chez les Tutsis ». « Dès leur plus tendre enfance, écrit-il encore dans les quatre pages incriminées, les jeunes Tutsis étaient initiés à la réserve, au mensonge, à la violence et à la médisance« . « C’est ce qui fait de cette race l’une des plus menteuses qui soit sous le soleil« .
En octobre 2006, de telles affirmations avaient décidé SOS Racisme à porter plainte. Pour l’association, ces propos – d’autant plus graves selon elle qu’ils émanent d’un écrivain « de renommée » – sont les mêmes que ceux qui ont conduit au génocide. En dépit de cette argumentation, le 7 novembre 2008, le tribunal correctionnel de Paris avait relaxé Pierre Péan et son éditeur Claude Durand. Le ministère public avait alors fait appel sur le seul délit de provocation à la haine raciale, tandis que SOS Racisme avait fait appel sur le tout. A l’audience, l’avocat général avait requis une peine d’amende. Mais mercredi, la cour d’appel, présidée par Alain Verleene, ne l’a pas suivi.
Dans un premier temps, la cour a estimé, tout comme les juges de première instance, que les propos litigieux « ne présentaient pas de caractère diffamatoire ». Pour les magistrats parisiens, il s’agit en effet de « l’expression d’un point de vue, discutable mais argumenté, permettant d’expliquer, au moins en partie, la thèse de la manipulation de l’opinion publique internationale soutenue par Pierre Péan et ne franchissant pas les limites permises par la liberté d’expression« . Les juges soulignent en outre que l’auteur ne stigmatise pas « l’ethnie tutsie en tant que telle », mais prête « la culture du mensonge » également aux Hutus et plus généralement aux Rwandais, sans jamais nier la réalité du génocide.
Concernant la provocation à la haine raciale, la cour d’appel a considéré que M. Péan ne pouvait être condamné car il n’avait pas eu « l’intention coupable d’inciter, de provoquer ou d’encourager des sentiments de haine ou des comportements positifs que la loi réprime ».
Charles Onana, un journaliste dont Péan a préfacé le livre (Les secrets de la justice internationale : Enquêtes truquées sur le génocide rwandais, éd. Duboiris, 2005) a démontré plusieurs années, des pressions énormes s’exercent tant en Afrique qu’en Europe pour manipuler l’opinion et imposer le mensonge sur les événements du Rwanda. Ayant obtenu des documents inédits, du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), du gouvernement belge, du gouvernement Clinton, de l’ONU et de la CIA, Charles Onana démontre que le TPIR n’a pas de preuve sur » la planification du génocide « et que le fax de Dallaire évoquant la mort de » 1 000 Tutsi en 20 minutes » est un faux !
Pour valider la thèse d’un » génocide planifié » par les Hutu, le TPIR achète des témoins, torture les accusés, menace les avocats, embauche de pseudo experts et utilise de faux documents. Le premier Hutu condamné à perpétuité a été jugé sur la base de faux témoignages ! Le procureur Carla del Ponte révèle pour la première fois comment l’ONU et le président tutsi du Rwanda, Paul Kagame, s’opposent à la justice et à la vérité. Des lettres confidentielles montrent que le régime de Kagame a détourné près de 2 millions de dollars destinés aux familles des victimes de l’attentat terroriste du 6 avril 1994 qui a déclenché les massacres. Une enquête bouleversante sur la face cachée de la justice internationale et sur le vrai pouvoir des criminels contre l’humanité.
Pierre Péan a donné l’envie à plusieurs africains d’aimer le journalisme et d’en faire un métier noble. Il était aimé et adulé par des africains lucides et non corrompus.
Source: Mediapart