All For Rwanda exprime sa plus vive préoccupation et condamne avec la plus grande fermeté les massacres de civils actuellement en cours dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru, en République Démocratique du Congo (RDC), perpétrés par les éléments du M23-AFC, soutenus militairement par les Forces de Défense du Rwanda (RDF).

Selon les informations communiquées par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH), au moins 169 civils ont été tués entre le 9 et le 14 juillet 2025 dans des attaques délibérées contre des agriculteurs hutu qui avaient regagné leurs champs suite à une promesse de sécurité émise par le M23. Ces personnes ont été encerclées, exécutées par balle ou à l’arme blanche, et leurs corps abandonnés dans les rivières et les zones agricoles. Cette information est corroborée par des témoignages recueillis localement, notamment par le Collectif des Victimes de l’Agression Rwandaise (CVAR), qui évoque plus de 200 civils tués au cours du mois de juillet dans les groupements de Binza, Kiseguro, Katwiguro, Kasave, Nyabanira et Nyamilima.

Parmi les victimes figurent également de nombreux réfugiés rwandais hutus, installés dans cette région depuis 1994, vivant aujourd’hui dans des conditions de grande vulnérabilité. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) estimait officiellement leur nombre à 201.238 en juin 2025, tout en reconnaissant que ce chiffre est largement sous-évalué. Nos estimations les portent à plus de 500 000 personnes, en incluant ceux non enregistrés, apatrides ou contraints de vivre sous une fausse identité pour échapper aux représailles.

Ces crimes ne sont ni isolés ni accidentels. Le Rapport final du Groupe d’experts des Nations Unies sur la RDC (4 juin 2024) a établi que : « Le M23 et la RDF ont spécifiquement ciblé des localités majoritairement habitées par des Hutus (…), comme les localités et groupements de Bukombo, de Burambo et de Nyanzalé, dans la chefferie de Bwito, et de Busanza, dans la chefferie de Bwisha, dans le territoire de Rutshuru ; de nombreuses exécutions et destructions de villages ont été signalées (…). Ces formes de peine collective appliquées aux civils sont des actes passibles de sanctions et peuvent constituer des crimes de guerre. »

Les éléments actuellement observés – la récurrence des attaques, le ciblage ethnique spécifique, la promesse de sécurité suivie de massacres prémédités, la destruction des villages hutu, la volonté manifeste de vider certaines zones de leur population – dessinent une stratégie délibérée de nettoyage ethnique, voire davantage.

Au regard du droit international pénal, ces actes relèvent à tout le moins :

  • du crime de guerre (art. 8 du Statut de Rome),
  • du crime contre l’humanité (art. 7),
  • et pourraient répondre aux critères juridiques du crime de génocide (art. 6), notamment s’il est établi que les violences visent à détruire, en tout ou en partie, un groupe ethnique déterminé – en l’occurrence les populations hutu, qu’elles soient congolaises ou réfugiées rwandaises.

Cette situation d’une extrême gravité survient alors que des espoirs de paix ont été suscités par la signature des accords de Washington (27 juin 2025) entre la RDC et le Rwanda, et l’engagement du M23-AFC dans le processus de Doha. Il est néanmoins illusoire de construire une paix régionale durable en occultant ces crimes, ou en marginalisant les populations qui en sont victimes.

All For Rwanda appelle solennellement :

  1. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, le Conseil de sécurité, la Cour pénale internationale, la République Démocratique du Congo et les États garants des processus de paix à ouvrir une enquête internationale indépendante sur les massacres commis à Rutshuru ;
  2. Le HCR à revoir immédiatement sa politique d’exclusion des réfugiés rwandais, en les associant aux décisions les concernant et en assurant leur protection effective ;
  3. Les États-Unis, le Qatar, l’Union africaine, la SADC et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) à conditionner toute avancée politique ou sécuritaire à la cessation des violences ciblées et à la reconnaissance explicite de la question des réfugiés rwandais comme un enjeu politique central des processus de paix ;
  4. Le Gouvernement rwandais à engager un dialogue structuré avec ses citoyens en exil, condition indispensable à toute solution de retour digne et durable.

Aucune paix ne pourra être obtenue sur le sang ignoré d’un peuple exilé. Aucune stabilité ne pourra émerger sans justice pour les victimes.

Source: All for Rwanda

Photo : Civils dans le territoire de Rutshuru fuyant une attaque du M23 (AFP – Alexis Huguet)

RDC: RDC : l'ONU accuse le M23 du massacre de 169 civils début juillet (africanews, 31.07.2023)