La commémoration des 30 ans de l’assaut final déclenché par celui qui était Major dans l’armée ougandaise Paul Kagame le 06 avril 1994 dans sa guerre de conquête du Rwanda commencée en octobre 1990, offre plusieurs occasions d’observer et d’étudier des cas liés à cet événement et ses conséquences.
C’est ainsi qu’ ayant été interpellé par les réactions politiques et médiatiques dans certains pays occidentaux suite à ces commémorations qui, par ailleurs, continueront jusqu’en juillet, nous nous sommes proposés d’étudier brièvement les cas de la France et de la Belgique.
Cas de la France et de la Belgique
Pour la France, nous avons noté que ce fut et que c’est encore une occasion pour certains Généraux français de régler leurs comptes personnels ou avec leur hiérarchie par le biais de la guerre au Rwanda de 1990-1994.
Nous avons aussi noté, avec étonnement, que leur commandant en chef et suprême qu’est le président de la République, se fourvoie en suivant la voie des véreux parmi ces Généraux.
Dans le cas de la Belgique, nous avons noté que même les agendas politiques et/ ou judiciaires, comme les déplacements des membres du gouvernement ou la tenue des procès d’Assises, sont définis en fonction de l’humeur du moment de Paul Kagame afin de lui satisfaire.
Nous révélerons pour chaque cas des conséquences possibles et prévisibles sur le plan de politique interne et internationale.
En France, illustration par le cas du général Jean Varret
Le 06 avril 2024. un général français en retraite du nom de Jean Varret a fait une déclaration choc et fracassante dans un long entretien sur RFI en rapport avec les événements d’avril-juillet 1994. En effet cet officier a fait sienne les déclarations du président Macron comme quoi la France « aurait pu arrêter les massacres lors du génocide des Tutsi, mais n’en a pas eu la volonté ». Il va même plus loin dans la responsabilité de la France dans le génocide contre les Tutsi.
Pour mieux mesurer la gravité de ces déclarations et la lourdeur de leurs conséquences possibles, il est en toute logique bien indiqué de connaître qui est le général Jean Varret.
L’Homme
Pour présenter Jean Varret, nous nous sommes basés essentiellement sur le livre de Laurent Larcher, un journaliste et écrivain français. Mais aussi sur les témoignages des officiers qui étaient sous ses ordres entre 1989-1992 et mêmes sur nos archives et souvernirs personnels pour l’avoir connu au Rwanda à cette époque.
Le général Jean Varret, aujourdh’hui âgé de 83 ans, a fait une longue carrière militaire notamment dans le domaine de la coopération militaire entre la France et les états africains.
C’est ainsi que depuis 1988, il fut chef des Missions de coopérations militaires auprès de l’Etat-Major et du ministère des Armées. C’est donc à cette époque qu’il a commencé a tisser des liens avec le FPR en Ouganda avant son invasion du Rwanda en octobre 1990.
Comme par coïncidence, Jean Varret sera nommé en 1990, chef de la coopération militaire à Kigali. Après l’invasion du FPR, Jean Varret restera donc lié au FPR et même va renforcer ses liens avec Matignon (ministère et Etat-Major des Armées).
Mais sans tarder il sera découvert et désavoué par sa hiérarchie. Il fut donc démis de ses fonctions et rappelé à Paris en 1992.
Mais il se sentira encore humilié que son successeur, non pas à Kigali, mais comme Chef de la coopération militaire, était son subordonné et inférieur en grade. Il lui gardera donc une rancœur diabolique. Les connaisseurs disent, et avec raison, que ce que dit le vieux général Varret vient de ce qu’il a un compte à régler – il ne s’en cache pas – avec le général Huchon qui est plus jeune que lui et que Varret aurait poussé en avant dans le passé.
En 90-92, Huchon est adjoint à l’Etat-major particulier du président de la République française avec deux étoiles tandis que Varret est patron de la Mission Militaire de Coopération avec trois étoiles. Ils ont sur le Rwanda des visions totalement opposées. C’est Huchon qui a mis en place le DAMI (Détachement d’Assistance Militaire et d’Instruction) et qui l’a ensuite soustrait à l’autorité de Varret.
Puis Huchon qui reçoit sa troisième étoile obtient de remplacer Varret à la coopération et Varret le prend très mal, se sent désavoué, voire trahi par celui qu’il prétend avoir aidé jadis….
Ceci explique donc son positionnement actuel dans le dossier Rwanda. Cela n’a rien de politique, de militaire ni de diplomatique. Mais un règlement de compte entre individus.
Conséquences politiques et diplomatiques
Plus étonnant et inquiétant, c’est l’importance qu’accorde les décideurs politiques de France à ce genre de comportement et aux conséquences que cela génère immanquablement.
C’est ainsi que nous observons une naïveté – ou un calcul politique pour certains – du président Emmanuel Macron dans le dossier Rwanda et sur base des démarches comme celle du général Varret.
Bien plus, le président de France est conseillé par des historiens douteux comme Vincent Duclert ou Hélène Dumas qui s’auto-proclament “spécialistes du Rwanda” alors qu’ils n’en avaient entendu pour la première fois que quand le même Macron les a désignés pour produire un document qui calmerait le dictateur Kagame dans ses accusations contre la France.
On note aussi une obsession d’Emmanuel Macron pour dépasser de zèle de Nicolas Sarkozy et son ministre Bernard Kouchner dans la soumission de la France au régime de Paul Kagame en place au Rwanda depuis 1994.
Le même Macron promeut comme “experts militaires” des officiers non habilités ou “traitres” aux Armées telle que le général Jean Varret, ou le capitaine de logistique et escroc avéré Guillaume Ancel qui, tous les deux, seraient en toute logique à rejeter si pas à faire taire.
Plus grave, le président actuel de la France ne se rend pas compte que ces choix politiques sur la question du Rwanda portent visiblement atteinte à l’honneur des Armées françaises dont il est commandant en Chef. Heureusement qu’il existe encore des hommes d’honneur comme les officiers de l’Association Turquoise présidée par le Général Lafourcade ou les membres de l’Institut François Mitterrand. A cela il faudrait ajouter les déclarations personnelles des dignes officiers en retraite.
Le régime Paul Kagame s’engoufre dans la brèche
Comme on le sait, depuis Nicolas Sarkozy et son ministre Bernard Kouchner ami personnel de Kagame, c’est le FPR qui a la main à Paris dans les décisions politiques et diplomatiques concernant la région des Grands Lacs. C’est ainsi que:
° L’OIF fut offerte à Paul Kagame par Macron en 2018 comme prix pour laisser encore parler le français au Rwanda après son bannissement.
° Tout a été fait pour l’enterrement du dossier de l’attentat terroriste du 06 avril 1994 jusqu’à permettre et recommander des expertises balistiques dans les domaines militaires en France afin de les présenter comme ayant été effectués au Rwanda pour situer le départ des missiles dans le camp militaire des FAR de Kanombe.
° L’instrumentalisation de la justice française pour satisfaire aux caprices de Paul Kagame a atteint son comble sous Emmanuel Macron. Ainsi, même le procureur nommé au pôle dit “génocide” au Parquet de Paris doit se rendre à Kigali et faire allégeance publiquement à Paul Kagame en promettant de tout faire pour incriminer des personnalités vivant en France que lui désigne le dictateur. C’est ainsi que ce procureur qui est encore à Kigali, jure qu’il devra tout faire pour arrêter la veuve du feu président Habyarimana et sur insistance de Kagame, alors que les juges avaient déjà conclu à un “non-lieu” dans cette affaire.
° Multiplication et montée en puissance des lobbies pro-FPR Kagame en France et donc pouvant influer sur la politique intérieure dans ce pays.
Aujourd’hui, en France, que ce soit dans les médias publics ou privés ou dans des forums politiques, on ne peut plus oser parler sur la région des Grands Lacs en Afrique en général et sur le Rwanda en particulier sans au préalable savoir ce qu’en pensent les organisations comme le CPCR du puissant et riche couple Alain et Dafroza Gauthier, Survie ou IBUKA-France, …, car elles sont devenues tellement superpuissantes qu’elles peuvent non seulement faire jeter en prison qui elles voudraient en France mais aussi faire tomber des gouvernements.
Répercussions en Belgique de cette attitude de la France sous Emmanuel Macron
L’attitude et la position de la Belgique par rapport à la région des Grands Lacs en général et au Rwanda de Paul Kagame en particulier sont prises après une observation de celle de la France.
En effet, il semble que la Belgique et la France soient en compétition pour plaire au régime de Paul Kagame. C’est donc ainsi que la Belgique s’emploie à saisir toute occasion pour envoyer des signaux alléchants à Paul Kagame.
A titre illustratif:
* La Belgique a dû procéder aux arrestations et à l’ouverture en urgence des procès des Hutu exilés en Belgique à l’occasion des commémorations de « kwibuka30 » débutées le le 07/4/2024. C’est dans ce cadre qu’il faut placer l’arrestation de Me Stanislas Mbonampeka et le procès d’Emmanuel Nkunzuwimye ouvert tout juste le 08 Avril 2024 à Bruxelles.
* La Belgique doit en cette période tout faire pour satisfaire Kagame même au risque de se ridiculiser. Ainsi, lors des célébrations du 07 avril à Kigali , la Belgique y a envoyé une délégation conséquente comme pour donner des garanties pour résoudre le petit incident diplomatique toujours présent (refus d’accréditation du criminel Vincent Karega comme ambassadeur du Rwanda à Bruxelles). Il y avait Charles Michel président du Conseil européen dont le père, Louis Michel, est un inconditionnel de Kagame et président du lobby “Amis du Rwanda’’. Il y avait également deux ministres, celle des Affaires étrangères et de la Défense.
* En cette période électorale pour les élections locales et européennes, les politiciens au pouvoir en Belgique doivent ratisser large surtout dans les milieux et pro-Kagame qui, dans l’Union Européenne, sont puissants et donc pouvant faire gagner des voix.
*Actualité oblige, pour les soutiens de Paul Kagame, c’est l’occasion d’éclipser pour un moment la guerre à l’Est de la RDC déclenchée et menée par leur même idole vénéré Paul Kagame alors que des voix dont celles des principaux alliés, osent dénoncer cette agression et les massacres des populations congolaises par l’armée de Paul Kagame.
Sur ce chapitre tout est permis: Les affabulations sur les événements d’avril à juillet 1994 en rattachant toute l’actualité sur le génocide et en voulant dédouaner celui qui l’a déclenché qui est Paul Kagame.
Moralité.
En France comme en Belgique, ni le droit humanitaire, ni la justice, ni la démarche scientifique et historienne, bref ni l’humanité ni la bonté, ne comptent point car la période est celle de la glorification et d’immunisation de Paul Kagame.
Aux peuples rwandais et congolais d’en méditer!
Source: Echos d’Afrique
Photo: Rencontre de Paul Kagame à Paris le 18.05.2021 avec d’anciens militaires français ayant été stationnés au Rwanda. Le général Jean Varret est le premier à gauche du président rwandais.
L’Opération Turquoise racontée par son commandant, le général Jean-Claude Lafourcade (La Voix des Grands Lacs, 12.03.2024)