Procès du Dr Rwamucyo à la Cour d’Assises de Paris, France. 3è semaine. Synthèse hebdomadaire des audiences et commentaires d’Emmanuel Neretse

Du lundi 14 au  vendredi 18 octobre 2024,  c’était la  troisième semaine d’audiences dans ce procès intenté contre le Dr Eugène Rwamucyo par les organisations pilotées par le couple d’Alain et Dafroza Gauthier que sont CPCR,  SURVIE, IBUKA-France, LICRA, FIDH, etc. Ces lobbies se sont en effet donnés pour objectifs de promouvoir le régime dictatorial au Rwanda sous le parti-Etat  du FPR de Paul Kagame et pour transformer les crimes et les violations des Droits de l’Homme qu’il a commis ou déclenchés, en une source de légitimité de son régime issu d’une agression extérieure et d’une conquête militaire. Les audiences de cette semaine ont été marquées par quelques faits qui ont retenus notre attention et sur lesquels nous revenons et partageons avec nos lecteurs.

Défilés des témoins à charge vivant au Rwanda

Durant cette semaine, la Cour d’Assises, particulièrement les jurés populaires, ont assisté aux défilés des témoins venus ou parlant à partir du Rwanda qui avaient la mission de les impressionner, même en usant de moyens pas du tout judiciaires et même pas d’une simple logique : mensonges, émotions théâtrales, bref ils faisaient tout pour être politiquement corrects aux yeux du régime dictatorial du FPR/ Kagame. Ainsi:

On a assisté au défilé et aux discours des Hutu aux aveux, détenus ou anciens détenus au Rwanda, visiblement qui ne faisaient qu’annoncer la leçon apprise pour sauver leurs têtes.

On a aussi vu et entendu des Tutsi pour simplement avoir connu ou vu le Dr Rwamucyo mais pas en avril-mai 1994 mais qui  devaient naturellement l’accuser des crimes qu’il aurait commis à cette période.

On a surtout entendu pendant de longues heures un des initiateurs et acteurs de premier plan pour la tenue des procès politiques afin d’asseoir le régime des conquérants dirigé par Paul Kagame.  C’est le cas de Me Eric Gillet, cas que nous allons décortiquer.

La défense démunie, donc pas à armes égales avec l’accusation

La défense était cette semaine particulièrement démunie car outre que ses témoins cités avaient été admis au compte-goutte par la Cour par rapport à ceux de l’accusation ramassés à la pelle, même les rares admis ont été souvent privés de parole par le juge président Lavergne, visiblement “partie” dans ce procès. En guise d’illustration:

L’accusation a été permise de présenter 16 témoins à charge contre 4 seulement  à décharge permis à la défense.

Plus criant: 3 des 5 jours des audiences ont été réservés à la seule accusation soit les mercredi 16, jeudi 17 et vendredi 18 octobre 2024 sans que la défense ne puisse placer un mot sauf les déstabilisations de l’accusé en fin de journée qualifiées de “interrogatoires de l’accusé” clôturant les audiences de chaque journée.

Cas spécial de Me Eric Gillet

Eric Gillet un avocat belge rendu célèbre par les procès contre les Hutu en Europe principalement en Belgique et en France.

Après la conquête militaire du Rwanda par  le FPR en 1994, Eric Gillet a tout de suite compris que ces nouveaux conquérants, pour asseoir leur pouvoir et acquérir une certaine légitimité, ils auront besoin non seulement de faire la chasse à ceux qui pourraient s’opposer à eux, mais aussi de cacher ou justifier ses crimes de guerre et contre l’Humanité commis depuis 1990.

Ainsi, d’avocat des Tutsi contre les Hutu en général, il est passé militant extrémiste du parti-Etat FPR et chantre du régime dictatorial de Paul Kagame.

Dans ce procès, Me Gillet, comme témoin à charge cité par l’accusation et admis par le président de la  Cour comme “ témoin de contexte”, a passé toute une journée à présenter son anthologie des mythes usuels pour légitimer la guerre du FPR et la conquête du pays par les armes par les éléments tutsi de l’Armée ougandaise.

Pour impressionner, il brandit comme trophées de guerre les condamnations  dont il fut à la base dans le procès dit “des quatre de  Butare” tenu à la Cour d’Assises de Bruxelles en 2001.

Depuis lors, il est le témoin à charge incontournable et permanent dans les procès d’Assises tenus contre les Hutu en France et en Belgique.

Mais après cette longue prestation de l’ex avocat devenu “témoin accusateur professionnel”, Mr Eric Gillet, d’aucuns furent étonnés et même scandalisés par la décision de la Cour à travers son président Lavergne.

En effet après une logorrhée de plus de 4 heures d’Eric Gillet et sans interruption, la Cour refusa aux avocats de la défense de le contre-interroger, comme il en est normalement d’usage.

La Cour et les accusateurs ne reculent devant aucun ridicule ou aucune malhonnêteté intellectuelle pour charger l’accusé

Ainsi ils n’ont pas hésité à exiger pour entendre par visionconférence à partir de Kigali un témoin visiblement pas dans ses états et pour qui la Cour a à la fin avoué qu’il était un malade mental médicalement avéré avec certificat médical. Et ainsi donc il ne devrait pas être contre-interrogé. Mais comme il devait charger l’accusé pour l’avoir condamné juste après 1994 en tant qu’ancien président d’un de ces tribunaux populaires “Gacaca” de Butare, il devait adresser un clin d’œil aux jurés qui ne connaissent rien des Gacaca. Ce handicapé mental s’appelle Jean Baptiste Ndahumba.

De même, l’accusation a présenté, avec l’approbation et l’incitation de la Cour, des témoins  ayant quitté le Rwanda bien avant avril 1994, mais admis comme témoins à charge dès lors qu’ils chargent l’accusé des faits qu’il aurait commis à avril et mai 1994 à Butare.

Ce fut le cas d’un certain  Janvier Gasana, ancien professeur à l’UNR qui vit aux Etats Unis d’Amérique  depuis 1993.

C’est un Hutu qui vient d’adhérer au parti-Etat le FPR et faire allégeance au régime dictatorial de Paul Kagame. Quoique vieillissant, il rêve toujours des postes et titres ronflants mais vides de contenu comme en offre le FPR à ses Hutu de service qui en raffolent. Il a donc avoué que depuis peu, il est revenu sur ce qu’il avait déclaré avant 2017 qui innocentait le DR Rwamucyo qu’il a furtivement connu à l’UNR Butare, et que donc il devait depuis le charger pour “génocide des Tutsi” comme le lui exige le régime du  FPR pour donner preuve de son allégeance.

Procès politique avéré et confirmé comme tel

Le président de la Cour appuyé en cela par les parties civiles, a discrédité un témoin à décharge pour cause d’appartenir aux FDU, un mouvement d’opposition au régime de Paul Kagame. Pour eux s’opposer au régime dictatorial de Paul Kagame est un crime! Plus politique, tu meurs!

Ce fut le cas de Vincent Biruka. Ce juriste en a été accusé visiblement  à l’intention de jurés non avertis et moins informés, car nulle autre personne ne pourrait condamner quelqu’un luttant pacifiquement contre un régime dictatorial comme celui de Paul Kagame.  Il fut aussi accusé  de “déshumanisation des Tutsi” lorsqu’il les appelle par le nom qu’ils se sont eux-mêmes donné d’“INYENZI” dans les années 1960 et qui ne veut pas dire du tout  dire “ cancrelats ou cafards”. Bref, le caractère politique de ce procès a été aussi souligné cette semaine par ces quelques faits et gestes notés :

Impressionner les jurés par le nombre de témoins à charge, les récits invraisemblables, les leçons apprises,…, mais sans se soucier de la vérité : les faits réels.

Contradictions flagrantes des dits témoins mais énervement du juge président quand la défense les relève.

L’accusateur principal s’embourbant dans la politique.

Ce fut à l’occasion de l’audition d’un témoin venu du Rwanda spécialement pour charger le Dr Rwamucyo et cité par le ministère public et les parties civiles.

Une fois devant la Cour, le témoin s’est rétracté et a clairement indiqué qu’il avait été menacé s’il ne venait pas charger Rwamucyo. Il a donc poursuivi en disant que tout ce qu’il avait dit auparavant aux enquêteurs sur le Dr Rwamucyo était faux mais dicté par les autorités. Sur ce, il a dit qu’il ne veut pas retourner au Rwanda et qu’il demande l’asile politique à la France. Nous avons parlé de Monsieur Emmanuel Birasa, ancien fonctionnaire au ministère des Travaux publics qui est conducteur d’un bulldozer.

Sur ce, Alain Gauthier a craqué et est sorti de ses gonds jusqu’à se croire être l’instance administrative de France qui accorde ou non l’asile politique; l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides). Il a alors déclaré que l’asile politique est refusé à ce témoin qui refuse de charger un accusé par son  CPCR.

Dans ses comptes rendus quotidiens diffusés visiblement à l’intention des jurés sur son site internet, Alain Gauthier et son secrétariat privé, plus important que le personnel de la Greffe de la Cour d’Assises car ils sont côte à côte, l’a longuement développé dans celui du jeudi 17 octobre 2024.

Bref, la Semaine 3 de ce procès, soit du lundi 14 au Vendredi 18 octobre 2024 aura éte “plus politique que judiciaire”!

Annonce Semaine 4

La semaine prochaine, celle du lundi 21 au Vendredi 25 octobre 2024 consacrée uniquement aux témoins d’accusation choisis et envoyés par le régime du FPR de Kigali (pas moins de 12 dont 5 en présentiel et 7 par vidéoconférence), nous réserve encore des spectacles de tous genres quand on voit le planning provisionnel du procès.

Des séances de torture morale et psychologiques subies par les témoins Hutu aux aveux afin de sauver leur peau;

Des séances de cynisme ethno-politique de la part des témoins Tutsi qui se présentent comme “rescapés des crimes qu’aurait commis l’accusé simplement parce que Hutu;

Enfin une démonstration de l’instrumentalisation de la justice par des lobbies de France dans leur militantisme  pour le régime dictatorial du FPR/Kagame au pouvoir depuis 30 ans.

Source: Echos d’Afrique

Le café du livre avec le Docteur Eugène Rwamucyo, cet homme dont Kagame veut la décapitation (Gahunde Chaste, 03.10.2024)