Contexte
Plus de 100 jours après la conquête et l’occupation des provinces du Nord (Goma) et du Sud Kivu (Bukavu) par les troupes rwandaises de Paul Kagame opérant sous l’étiquette de M23/AFC, les conquérants commencent à dévoiler leurs vraies intentions et leur vision quant à l’avenir de l’Est de la RDC.
En effet, M23/AFC, les pantins de Paul Kagame, ont presque immédiatement mis en place une administration parallèle en remplacement de celle installée par le gouvernement légitime de Kinshasa.
Outre la perception des impôts et des taxes des douanes qui leur rapportent des millions de dollars mensuellement et ceux gagnés en exploitant illégalement les minéraux précieux dont regorge la région, ces conquérants s’adonnent à des crimes abominables que ce soit de guerre et contre l’Humanité comme la déshumanisation d’une partie de la population du Nord et du Sud Kivu sur base de leurs origines tribales. Mais l’apothéose dans cette entreprise quasi génocidaire est en train de se passer en ce mois de mai 2025.
Ceci se passe au moment où l’attention du monde en ce qui concerne la RDC est détournée et retenue par les initiatives en cours censés ramener la paix dans cette région. Il y a celle de Doha, celle de Washington, qui semble être son doublon, et celle de Lomé censée donner à l’inaudible Union Africaine une petite voix à ce chapitre.
Opérations politico-stratégiques aux conséquences incalculables pour l’avenir des pays et de la région
Les opérations en cours dans les territoires de l’Est de la RDC conquises et occupées par les troupes de Paul Kagame à travers ses pantins du M23/AFC sont tellement énormes qu’elles risques de laisser de graves séquelles non seulement dans ce pays mais dans toute la région et pour longtemps si on n’y prend pas garde pour les annihiler avant qu’il ne soit trop tard.
Nous allons voir quelles sont ces opérations en cours et comment les dénoncer et les faire cesser illico au lieu d’être aveuglé par les processus censés aboutir aux signatures d’accords de paix alors qu’il n’y aurait pas de paix dans ces conditions.
En RDC, dans les parties conquises du Nord et du Sud Kivu, sous prétexte d’assurer la sécurité des zones conquises les conquérants de Paul Kagame sous couverts du M23/AFC de Corneille Nangaa, se déploient nuit et jour dans des opérations dites de ratissage et de bouclage. Il s’agit en fait de faire la chasse à tout ce qui ressemblerait au Hutu (congolais, rwandais ou burundais) et de le déshumaniser comme l’ont constaté les rares médias admis dans ces zones conquises et sous occupation rwandaise.
Le résultat de ces bouclages et ratissages est l’arrestation des milliers de civils, le retrait et la destruction de leurs pièces d’identités car déclarés indésirables en RDC et leurs expulsions vers le Rwanda ; même les congolais de souche sont concernés tout ça parce qu’ils sont Hutu congolais ou assimilés. C’est bien un « nettoyage ethnique » un crime contre l’Humanité.
Concomitamment et comme par hasard, au Rwanda, sous prétexte du retour des réfugiés congolais qui étaient exilés au Rwanda, retour non encadré par le HCR comme il se devait, des Tutsi du Rwanda ou ayant des liens avec l’Est de la RDC, sont déversés par milliers dans certains territoires pour occuper les biens et les propriétés de Hutu qui y ont été chassés. Le but ultime étant de rendre l’ethnie Tutsi majoritaire au Nord Kivu. Ceci est un crime de spoliation des habitants de leurs biens et de repeuplement illégal.
Conséquences
Les conséquences de ces opérations criminelles en cours seraient énormes si elles ne sont pas stoppées immédiatement et si cette question n’est pas intégrée dans les processus censés conduire aux accords de paix.
Sinon, en cas de retrait des Forces de Paul Kagame de RDC comme prévu, ce qui n’est pas acquis, personne ne saurait combien de ses troupes seraient retournées au Rwanda ou restées en RDC. En effet parmi les milliers de Tutsi présentés comme “anciens refugiés congolais au Rwanda” et qui sont en train d’être réinstallés en catimini au Nord Kivu, beaucoup sont des militaires de Paul Kagame de sa Reserve ou des Forces Spéciales, ce qui signifierait que le Nord Kivu resterait sous occupation de troupes de Paul Kagame.
En outre, en cas de recouvrement de l’autorité légitime du gouvernement de Kinshasa sur le Nord et le Sud Kivu, celui-ci se retrouverait à gérer une population totalement transplantée dans ces provinces au détriment des populations indigènes alors que les lois et coutumes attribuent certaines fonctions et attributions aux locaux: maires ou bourgmestres, députés provinciaux, les chefs coutumiers (Mwami)… Les tribus déshumanisées et dépouillées de leurs biens par l’occupant, même si devenus minoritaires par rapport aux Tutsi, se voyant frustrés, n’auront d’autres choix que de se révolter.
Cette problématique nous semble grave et préoccupante que nous nous sommes résolus à lancer une alerte publique.
Cette alerte est lancée à plusieurs entités ou organismes.
D’abord au gouvernement de la RDC, nous avertissons de ne pas se laisser endormir par les promesses des processus en cours censés aboutir aux accords de paix en juin prochain ; mais plutôt de prendre en compte ce nettoyage ethnique et le repeuplement de ses provinces de l’Est par le Rwanda avec les opérations en cours, et même d’en faire un préalable pour la poursuite de ces processus. Il serait irresponsable de risquer de laisser dans l’Histoire l’image d’un gouvernement qui aurait assisté sans réagir au nettoyage ethnique dans ses territoires et à la déportation de sa population et ensuite signer la paix avec la puissance qui en était responsable.
Aux organisations de défense des droits de l’Homme, nous demandons, comme cela est dans leurs objectifs et missions de dénoncer ouvertement ce nettoyage ethnique en RDC et son repeuplement qu’effectue le régime de Paul Kagame.
Même en sachant qu’il jouit de l’impunité et donc qu’il n’en serait pas condamné, mais les organisations comme la Commission des Nations Unies pour les droits de l’Homme, Amnesty International, Human Right Watch, même FIDH traditionnellement acquise à Paul Kagame, devraient dénoncer ces crimes contre l’Humanité au moins pour l’Histoire pour qu’elles ne soient pas accusées – et avec raison – par les générations futures d’avoir fermé les yeux face à ces crimes.
Aux médiateurs et facilitateurs et au premier chef les Etats Unis d’Amérique de Donald Trump, nous lançons cette alerte pour dire que l’aura et le prestige que ferait gagner le fait d’obliger à signer la paix entre un agressé et son agresseur ne seraient gommer le fait que toute paix devrait profiter aux populations. Ce serait donc incohérent et à la limite cynique de continuer à faire pression sur les belligérants pour qu’ils signent l’accord de paix alors que l’un des deux est au même moment en train de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité sur le territoire de l’autre.
Et dans ce cas, il faudrait d’abord condamner et faire cesser aux troupes de Paul Kagame le nettoyage ethnique et le repeuplement par les Tutsi des provinces du Nord et du Sud Kivu en cours actuellement.
La même alerte est lancée vers le Quatar et vers l’Union Africaine qui dans leurs initiatives ne devraient point avancer avant de condamner comme il se doit et surtout stopper ce nettoyage ethnique et ce repleuplement du Nord et du Sud Kivu par Paul Kagame des seuls Tutsi en tuant ou en déportant les autres ethnies ou tribus surtout les Hutu.
Nous espérons que cette alerte retentira partout aux oreilles des spectateurs et acteurs de cette tragédie.
Source: Echos d’Afrique
Nord Kivu sous menace: M23 vide des villages entiers, les civils fuient dans la brousse (Africa Flashes, 27.05.2025)