La carte a été spécialement élaborée pour montrer les sites où a été commis le génocide et d’autres lieux de massacres à grande échelle qui se sont commis au Rwanda. La carte a été commanditée par « Projustitia-Rwanda », une association de défense des Droits de l’Homme fondée en 2000 et a été réalisée par Jean Damascène Rugomboka.
Jean Damascène Rugomboka est bien qualifié pour dresser une pareille carte car il en a acquis l’expertise par une formation en photogrammétrie, cartographie, photo-interprétation et analyse des images de satellites, formation de l’International Institute of Aerospace Survey and Earth Sciences Enschede Pays-Bas. Il est en outre ingénieur forestier, détenteur de Masters Degree de l’Université de Bangor UK.
Qu’indique la carte et que confirment les indications reprises sur cette carte?
Les données et les informations figurant sur la carte proviennent de la compilation des témoignages sur les noms et le nombre des lieux de massacres et génocides parvenus à Projustitia depuis 2000.
C’est aussi le fruit du travail des bénévoles repartis dans toutes les préfectures du Rwanda. Enfin, des livres de référence qui font autorité pour parler des événements du Rwanda de 1990-1994 ont été consultés.
Ce que la carte indique clairement :
– 1/ Quant au contenu proprement dit, la carte indique les lieux de massacres et génocides.
Elle montre les emplacements des positions qu’occupait le FPR-Inkotanyi jusqu’en février 1993. Rappelons qu’après la signature des Accords d’Arusha le 04 août 1993, le FPR fut autorisé à occuper militairement l’immeuble du Parlement rwandais connu sous l’appellation CND (Conseil National pour le Développement) en plein centre ville de Kigali. Celui qui a annoté la carte montre aussi comment les appellations des lieux ont été changées intentionnellement pour détourner et confondre les esprits dans le but de spolier des terres à leurs propriétaires légaux et en parallèle avec la falsification des statistiques quant au nombre de la population pour asseoir l’idéologie et les mensonges politiques du nouveau pouvoir.
Enfin la carte permet de relever, pour les dénoncer, les mensonges grossiers qui sont derrière les mémoriaux des massacres et génocides érigés par le régime partout au Rwanda.
– 2/ L’évolution de la guerre depuis octobre 1990
Nous avons distingué trois phases de cette guerre pour mieux cerner la nature et les spécificités des tueries et des massacres qui se sont succédés ou superposés.
D’abord l’invasion du FPR venant d’Ouganda le 01 octobre 1990 jusqu’à la signature des Accords d’Arusha le 04 août 1993.
Ensuite l’offensive du FPR pour violer les accords d’Arusha dès le 06 avril 1994 jusqu’à sa conquête totale du pouvoir en juillet 1994.
Enfin la guerre que le même FPR mène au peuple rwandais depuis sa prise du pouvoir en 1994 jusqu’aujourd’hui en 2021.
Ces trois phases nous amènent à parler de TROIS génocides qui, ensemble font le “génocide rwandais”.
– 3/ Les chiffres des victimes du génocide et des autres massacres
L’analyse et la comparaison du nombre de victimes donné par ‘’les sites des massacres et des mémoriaux du génocide’’ permet de comprendre la problématique.
Le total pour les sites des massacres est de 2.441.168 morts. Pour les mémoriaux du génocide le nombre de morts donné est de 1.640.638.
Le ministère de l’Intérieur a donné le résultat du recensement général de la population effectué par le PNUD le 15 août 1991. Ce recensement montre que la population totale du Rwanda était de 7.155.391 dont 250.077 étrangers. Cette population était répartie comme suit,: Hutu 85%, Tutsi 14%, Twa 1%.
Ce recensement montrait plus précisément que les Tutsi étaient au nombre de 597. 459. En tenant compte du taux de croissance qui était de 3%, on pourrait donc estimer qu’en 1994, ils atteignaient le chiffre de 650.000.
Dans un autre recensement effectué par le FPR en décembre 1994, le nombre de rescapés tutsi était estimé à 400.000 âmes. Sauf que IBUKA a revu ce chiffre à la baisse et l’a fixé arbitrairement à 300.000.
L’ONAPO aussi avait publié le nombre de la population rwandaise dans le cadre de sa mission comme Office National de la Population. Vous trouverez ses statistiques dans le tableau ci-dessous.
4/ La confrontation des chiffres officiels admis par le régime du FPR aux statistiques scientifiques et réalistes.
Ainsi donc la population rwandaise était répartie comme suit :
*6.466.285 Hutu
* 590.900 Tutsi
* 29.165 Twa
* 62.865 Autres
Soit un total de 7.149.215
Si donc on prend le nombre de victimes des massacres qui est de 2.411.168, en y retranchant le nombre de rescapés tutsi qui est de 300.000 selon IBUKA, le reste des victimes qui sont au nombre de 2.111.168 sont donc des Hutu et des Twa.
Quelles victimes sont -elles dans Kigali-Gisozi Memorial ?
Pour illustrer notre propos prenons le cas d’un seul site pour analyser et déceler facilement la contradiction flagrante dans les chiffres.
En décembre 2000, le Kigali Génocide Mémorial Center de Gisozi abritait officiellement les restes de 259.000 victimes.
En 1991 la préfecture de Kigali-Ville comptait une population de 234.472 habitants. En tenant compte du taux d’accroissement estimé à 3% , Kigali-Ville comptait donc en 1992 environ 255.574 habitants donc un peu moins que les victimes dont les restes sont exposés au Mémorial de Gisozi, Kigali-Ville. En termes absolus, ceci signifierait que tous les habitants de Kigali-Ville, Hutu, Tutsi, comme Twa, auraient été exterminés et leurs restes reposeraient dans ce Mémorial.
Et quand on tient compte du fait que le dernier recensement estimait le nombre de tutsi dans Kigali-Ville à 40.078, nettement inférieurs aux 259.000 victimes dont les restes sont exposés dans ce mémorial, on peut donc conclure que la différence soit 218.982 ( 259.000-40.070) constitue le nombre de victimes hutu et twa exposés dans ce mémorial de Kigali-Gisozi, car si même tous les tutsi de Kigali-Ville auraient été tués, ce qui n’est pas le cas, car il y a eu des rescapés qui témoignent, le nombre de victimes tutsi n’atteindrait pas le nombre des restes des personnes exposés au mémorial de Gisozi.
En admettant que tous les tutsis tués à travers tout le pays étaient autour de 280.000 et 300.000, c’est donc dire qu’ils furent tous inhumés ou exposés au Mémorial de Kigali Gisozi. Dans ce cas, la question se pose. Celle de savoir d’où proviennent les restes d’autres supposées victimes tutsi répartis dans plusieurs mémoriaux du pays? Cela est d’autant interpellant que même dans certaines régions (préfectures ou communes) dans lesquelles les tutsi étaient très rares et même inconnus, le régime du FPR y a érigé plusieurs mémoriaux censés abriter les restes des tutsi. Exemple: Ruhengeri qui ne comptait que 3.705 tutsi d’après les derniers recensements mais où les mémoriaux du ”génocide” y ont été érigés par dizaines dans chaque commune.
Chacun peut confronter ce qu’il connaît de sa commune ou préfecture par rapport aux renseignements de la carte quant aux sites des massacres et génocide pour comprendre la réalité du génocide au Rwanda.
C’est seulement la vérité qui nous libérera tous les Rwandais
La vraie explication est qu’il existe 110 mémoriaux du génocide à travers tout le pays et 287 sites de massacres abritant les restes des tutsi, des hutu et des twa et même des étrangers. Ceci a été illustre dans la Carte indiquant les lieux du génocide et des massacres dans tout le Rwanda. Alors, où se trouvent les restes des 2.000.000 hutu?
En toute logique, et selon les données statistiques fiables, ces restes sont répartis dans les 110 mémoriaux du pays. D’autres restes sont encore éparpillés sur des collines et dans des vallées du Rwanda. Cette carte montre bien qu’il y a eu un génocide commis contre les hutu, étant entendu que celui commis contre les tutsi a été déjà reconnu.
Toutes les victimes sont des Rwandais et ont été tués par des Rwandais
Après 27 ans de désinformation, de dissimulation et d’exercice pour ériger le mensonge en mode de gouvernance, le président Kagame a admis que les hutu furent massacrés en masse.
Ce qu’il n’a pas dit, c’est le nombre de victimes, quand et où ils furent tués, pourquoi ils ont été tués, et où sont leurs restes, celui qui les a fait tuer et qu’est-ce qui va suivre après cette annonce.
Certaines réponses ont été données à l’aide de la carte précitée. La synthèse est consignée dans le livret de la carte de façon succincte.
Conclusion
Il serait intéressant si l’on connaissait le nombre total des morts, car sauf les chiffres que nous avons sur la carte du Rwanda, il faudrait aussi ceux de la RDC, de la Tanzanie, du Burundi, de l’Ouganda, …, de façon à avoir un chiffre unique des Rwandais massacrés.
Plus de 27 ans dans le mensonge, il serait plus que temps de savoir ce qui s’est passé chez nous, de le dire aux autres, et écrire la véritable Histoire du Rwanda.
La liberté ne s’offre pas. Elle est le fruit d’une âpre lutte, car elle s’arrache stratégiquement par la vaillance de chacun de ses éléments.
Jean Damascène Rugomboka
rugojean@hotmail.com
Source: Echos d’Afrique