Les intenses échanges diplomatiques entre Emmanuel Macron et Paul Kagame ces derniers jours sous les angles de la normalisation des relations bilatérales et de la prise de conscience de la France de son implication indirecte supposée dans le génocide des Tutsi au Rwanda ne peuvent que convaincre les myopes de la Réalpolitique.

En effet, derrière les échanges d’amabilités et de jolis mots concoctés pour la circonstance par Macron et Kagame se cachent des intérêts géostratégiques et mercantiles de la France et je ne suis pas le seul à le penser. Dans l’entretien que le Colonel Jacques Hogard, qui a participait à l’Opération Turquoise au Rwanda, a accordé à l’association de soutien à l’armée française, il n’y va pas par quatre chemins. Voici son court extrait: «À mon sens, il y a des intérêts sonnants et trébuchants»1. Malheureusement, ces intérêts comme pour toujours, se font au détriment des peuples africains dirigés par certains dictateurs en quête de plus de légitimité occidentale et qui ne reculent devant rien dans le bradage des richesses africaines et que l’Occident utilise comme des girouettes pour des intérêts inavoués.

Rien d’étonnant pour Macron qui suit la philosophie de son devancier Charles de Gaulle qui disait: «Les États n’ont pas d’amisils n’ont que des intérêts». Malheureusement, depuis les indépendances acquises dans la souffrance et dans le sang comme en Algérie, en Guinée de Sékou Touré, au Kenya des Mau Mau et j’en passe, nos dirigeants n’ont jamais compris et appliquer cette philosophie. C’est ce qui explique et d’ailleurs l’état lamentable dans lequel se trouvent bon nombre de pays africains. Sinon comment comprendre que le grand Congo (RDC) qui regorge de richesses immenses dans son sous-sol puisse avoir un peuple qui vit dans une misère indescriptible? Comment comprendre qu’au Mali des militaires se battent pour des postes ministériels à Bamako jusqu’à faire un coup d’état au lieu d’être au front pour combattre des djihadistes qui terrorisent et tuent le peuple? Comment expliquer les évacuations sanitaires de nos tontons présidents dans les hôpitaux occidentaux au moment où nos jeunes diplômés meurent dans l’océan Atlantique?

Revenons un peu sur le sujet de notre décryptage sur le mariage de raison entre Paul Kagamé et Emmanuel Macron.

Si on ne dispose pas d’assez d’éléments de la géopolitique, nous osons dire qu’il n’est pas aisé de décrypter ce scenario auquel nous avons tous assisté à Kigali entre ces deux présidents.

Dans son discours à Kigali, le président Macron nous a révélé une information capitale sur son rapprochement avec Kigali qui aurait commencé selon lui en 2017. Probablement quelques mois seulement après son investiture. Il faut donc dire que l’agenda de Macron pour le Rwanda ne date pas d’hier. Faut-il voir en cela une main invisible? L’avenir nous le dira. Pour arriver à ses fins, Macron devait faire un coup politique afin de mettre dans son giron Monsieur Kagame. Ce coup n’est autre que la proposition surprise de nomination de Madame Louise Mushikiwabo à l’OIF. Pour cela, Monsieur Macron a mis en place une équipe des lobbyistes2 et a multiplié des contacts avec les amis de Kagamé dont notamment le roi du Maroc qui a fini par convaincre Kagame d’accepter la nomination de son ministre des Affaires étrangères à l’OIF. Les proches du roi du Maroc n’ont pas caché cette information. L’un d’entre eux a confié à Jeune Afrique, je le cite: «C’est nous qui avons convaincu les Rwandais d’accepter l’offre française»3.

Cette proposition de nomination acquise4, il fallait passer à l’étape suivante. Pour cela plusieurs stratégies ont été concoctées dont la principale fut d’empêcher la réélection de la canadienne d’origine haïtienne Michaëlle Jean au poste du Secrétaire Général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). C’est Macron lui-même qui a pris les devants de la scène en défendant bec et ongles la candidature de la rwandaise LouiseMushikiwabo. Pour rappel, cette nomination, forcée par la France, avait fait l’objet de plusieurs contestations émanant de plusieurs ONG, de plusieurs personnalités politiques françaises5 comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et de quatre anciens ministres français chargés de la Francophonie. Ils mettaient tous à nus plusieurs griefs notamment le fait que le français a été remplacé par l’anglais comme langue d’enseignement obligatoire à l’école, le fait que le Rwanda ait adhéré au Commonwealth, le déficit démocratique du régime Kagamé etc. Malgré ces contestations inédites, Macron est resté droit dans ses bottes jusqu’à la nomination de Mushikiwabo.

Pour évincer Michaëlle Jean, plusieurs preuves farfelues de sa supposée mauvaise gestion ont été fabriquées. Dans cette affaire de la Realpolitik, un mensonge d’état a été prononcée par Macron où il disait qu’il défendait cette candidature parce que Mushikiwabo est une femme et de surcroit une africaine! Aujourd’hui on sait maintenant ce qui se cachait derrière cet acharnement de Macron à vouloir coûte que coûte imposer Mushikiwabo à l’OIF. Une fois encore, les Africains majoritaires à l’OIF ont été dupés !

Le lecteur peut donc se poser la question : Où sont les intérêts géostratégiques de la France dans la nomination de Mushikiwabo?

Aux yeux de Macron et de certains analystes, Paul Kagamé est un homme incontournable en Afrique et surtout en Afrique centrale et de l’est. Monsieur Macron l’a lui-même reconnu publiquement, lors de la conférence de presse conjointe à Kigali avec le Président Kagame, où il disait, je le cite:  «Le Rwanda est un acteur qui compte». Pour Macron et ses analystes, les intérêts de la France ne peuvent ni prospérer ni être garantis sans s’appuyer sur Kagame.

Les éléments qui sous-tendent cette hypothèse sont les suivants:

Dossier Centrafricain

Après le désintéressement de la France pour la Centrafrique sous Hollande et puis sous Macron, petit à petit les Russes ont fini par combler le vide laissé par les Français dans ce pays. La nature a effectivement horreur du vide, dit-on. Peu à peu, la France s’est rendu compte de son erreur d’avoir retiré un peu plus tôt son armée dans ce pays. Selon des indiscrétions pour lesquelles nous n’avons pas de preuves formelles, la France aurait voulu se repositionner dans ce pays en soutenant Monsieur François Bozizé qui est à la tête d’une coalition des rebelles centrafricains. Il vous rappellera qu’au plus fort de l’organisation des élections pour le deuxième mandat du président Archange Touadera, cette coalition des rebelles avait lancé de multiples attaques armées un peu partout en Centrafrique jusqu’à arriver à la porte de la capitale Bangui. Monsieur Touadera, profitant de bonnes relations qu’il entretient avec Kagame, a demandé du soutien militaire à ce dernier et qui n’a pas hésité à lui envoyer un contingent militaire. L’armée centrafricaine, épaulée par les militaires russes et les militaires rwandais, ont stoppé net la progression des rebelles vers la capitale Bangui et ont lancé plusieurs attaques sur les positions rebelles ce qui a permis au régime de Touadera de survivre. Aujourd’hui, plus que jamais, la France a besoin du soutien de Kagamé dans son pré carré centrafricain. Il peut s’agir de la facilitation dans l’apaisement des tensions entre la France et la Centrafrique, la protection des intérêts français sur place, les renseignements militaires sur les manœuvres militaires russes sur place ou qui sais, le renversement du pouvoir Touadera. Posez-vous la question de savoir pourquoi ces derniers jours, le fils d’Idriss Déby Itno, Abdelkerim Déby Itno, est parti à Kigali où il a été reçu par Paul Kagame? En rappel, le Tchad, voisin immédiat de la Centrafrique, n’entretenait pas de bonnes relations avec le Maréchal Déby.

Dossier mozambicain

Ce dossier semble avoir été l’accélérateur du rapprochement entre Kagamé et Macron. En effet, le Mozambique, pays lusophone n’avait pas de liens diplomatiques soutenus avec Kigali. Ce qu’on sait est que les services secrets de Kagame ont souvent utilisé le Mozambique dans les opérations d’élimination des opposants rwandais se trouvant en Afrique du Sud et dans les opérations de matraquage de réfugiés rwandais se trouvant au Mozambique. Cela étant dit, dans les conditions normales, rien ne pouvait expliquer l’empressement du Président Filipe Nyusi du Mozambique à vouloir faire de Kagame son allié militaire pour combattre les djihadistes d’Al Shabab au Nord de son pays. Il ne vous a pas échappé que Nyusi a fait un déplacement à Kigali et qu’il a eu des entretiens en tête à tête avec Kagame en marge du sommet sur les économies africaines de Paris initié par Emmanuel Macron. L’enjeu est l’investissement colossal de 20 milliards de dollars dans le mégaprojet d’exploitation de gaz naturel liquéfié offshore situé au large des côtes nord du Mozambique. Ce mégaprojet est piloté par l’entreprise française TOTAL. Selon les évaluations du célèbre Cabinet Wood Mackenzie6, ce projet rapporterait 3 milliards de dollars par an de recettes fiscales à l’État mozambicain et le positionnerait au 4ème rang mondial des exportateurs de gaz derrière les États-Unis, le Qatar et l’Australie. Or, à cause de l’insécurité dans la région d’exploitation, Total vient de geler ce projet, tel qu’il ressort dans son communiqué. En voici un court extrait: «Ce gel, pour des raisons de force majeure, restera en vigueur jusqu’à ce que le gouvernement du Mozambique ait rétabli la sécurité et la stabilité dans la province d’une manière vérifiable et durable». Cette nouvelle donne est un coup dur pour l’état mozambicain mais aussi pour la France, car Total est l’une des entreprises françaises qui procure au fisc français beaucoup de revenus mais aussi une entreprise créatrice d’emplois pour des milliers de Français. Pour continuer ce mégaprojet, total exige « une sécurité vérifiable et durable ». La France qui s’embourbe au Sahel, n’a pas l’intention d’engager d’une façon significative, son armée dans ce conflit en Afrique. La France pouvait peut-être compter sur son allié traditionnel, le Maréchal du Tchad, qui, malheureusement, n’est plus. Le Rwanda, qui a montré son efficacité en Centrafrique et dans la déstabilisation continue du grand Congo, est un choix idéal pour Macron pour demander une intervention militaire du Rwanda au Mozambique pour des raisons suivantes:

– L’armée du Rwanda est à la solde de Kagame qui en fait ce qu’il veut sans passer par les débats houleux à l’Assemblée nationale avant tout engagement militaire hors du pays, comme cela se fait dans d’autres pays démocratiques. Et d’ailleurs, l’envoie des troupes en Centrafrique n’a pas fait l’objet de discussions ni à l’Assemblée nationale ni au Conseil de Gouvernement. Il sera donc facile, de disposer des troupes rapidement au Mozambique

– L’armée du Rwanda est bien entrainée et surtout dispose des moyens militaires importants que les États unis et l’Angleterre ont offert à ce pays au plus fort de leurs relations bilatérales.

– Certains anciens cadres du FPR (Front Patriotique Rwandais), comme feu Gisa Freud Rwigema ont déjà servi au Mozambique alors aux prises avec le colonisateur portugais. Ce qui signifie qu’ils connaissent mieux le terrain.

Tous ces éléments, accompagnés par la diplomatie tous azimuts mise en branle par Monsieur Macron pour cette solution militaire rwandaise, jouent en faveur de Kagame. Il ne vous a pas échappé qu’après la visite de Macron au Rwanda, l’étape suivante de sa visite fut l’Afrique du Sud où il a certainement tenté de convaincre le Président Cyril Ramaphoza d’user de son influence au sein de la SADC pour convaincre ses homologues à appuyer l’intervention militaire du Rwanda au Mozambique. C’est aussi ce qui explique le déplacement de Kagame ces derniers jours en Angola, un autre point lourd de la SADC.

Ce mégaprojet aiguise l’appétit de plusieurs pays;  il reste à savoir si la SADC va accepter**l’offre du tandem Kagame-Macron. Et d’ailleurs, Lisbonne vient d’annoncer qu’il enverrait ses troupes pour former l’armée Mozambicaine et la France vient d’annoncer aussi qu’elle est prête à envoyer des troupes navales.

Le dossier congolais (RDC)

Il n’est pas un secret pour personne que le Congo est devenu un «scandale géologique» de l’Afrique. Chacun vient et se sert comme il veut et cela depuis l’époque colonial belge, en passant par les Américains, Français et maintenant les Chinois, Rwandais, Ougandais et j’en passe. Les Français sous Macron voudraient probablement se servir encore.

Les éléments qui sous-tendent cette hypothèse sont les suivants:

– Le tarissement des gisements d’uranium au Niger et l’exploitation difficile des sites d’Arlit, Imouraren et Akouta à cause de l’insécurité qui prévaut dans toute la sous-région du Sahel pourraient jouer en faveur de l’exploitation de l’Uranium congolais. En effet, il faut se rappeler que lors de la visite de Nicolas Sarkozy à Kinshasa en 2009, la société française AREVA (devenue ORANO en 2018) avait signé avec de l’Etat congolais un accord cadre qui « attribuait à AREVA un permis de recherche de gisements d’uranium sur l’ensemble du territoire de la RDC ainsi que l’exploitation future du minerai enfoui dans le sous-sol congolais »7. Les zones de gisements d’uranium seraient le Bas-congo, au Nord Kivu, au Katanga et probablement au Kassaï. Officiellement, les activités d’ORANO en RDC sont suspendues.

– A part l’uranium, il y a d’autres minerais comme le coltan qui est en quantité abondante à l’est de la RDC , qui pourraient éventuellement intéresser les compagnies françaises. Il faut souligner que la RDC compte entre 60 à 80%8 des réserves mondiales du coltan. Pour ceux qui ne le savant pas, ce minerai est utilisé dans la fabrication de plusieurs appareils électroniques notamment les téléphones portables, les ordinateurs, etc.

– Les accords définitifs de lancement du projet d’exploitation de pétrole au large du lac Albert et l’acheminement de ce pétrole par un oléoduc vers le port de Tanga en Tanzanie ont été conclus très récemment, le 11 avril 20219. Il faut noter que ce projet est en majorité piloté par la société Française TOTAL qui détient 56,67 %. Il faut aussi souligner que le lac Albert est à cheval entre la RDC et l’Ouganda et que le bloc 3 du coté RDC n’est pas concerné par les accords signés avec l’Ouganda. Probablement qu’un deal avec la RDC sera signé à part dans les jours à venir.

Pour que ces investissements et les autres probablement en négociation puissent prospérer et ne pas subir les mêmes conséquences que le projet de Total au Mozambique, il faut agir en amont pour sécuriser la sous-région. Or, tout le monde sait que le grand déstabilisateur de la sous-région est bel et bien Monsieur Kagame et son armée. Il faut donc l’amadouer afin qu’il n’instrumentalise pas certains groupes rebelles qui purulent à l’est de la RDC. L’Ouganda l’a aussi vite compris et vient de signer des accords de coopération militaire avec la RDC. L’Ouganda cherche donc à sécuriser ses frontières du côté de la RDC car le Rwanda n’oserait jamais attaquer l’Ouganda à partir de son territoire.

Toujours dans la stabilisation de l’est du Congo pour mieux sécuriser les investissements occidentaux, nous avons assisté ces derniers jours à une intense activité diplomatique de Macron pour la constitution d’une force militaire à l’est de la RDC pour combattre des groupes armés dans cette région. Peuple congolais, ne vous y trompez pas; ce n’est pas de l’amour que la France a pour vous. Nous avons même vu Monsieur Macron, lors de sa conférence de presse à Kigali, parler avec beaucoup d’émotions à l’égard de la population de Goma. Voici un court extrait de ce qu’il disait: «… la population de Goma durement meurtri à qui nous devons assistance». Mon Dieu! Si réellement Monsieur Macron a une compassion pour la population de l’est de la RDC, pourquoi ne soutient- il pas le Dr Mukwege dans son combat pour la création d’un tribunal international pour juger ces bourreaux qui ont été pointés du doigt par le rapport mapping de l’ONU?

Conclusion

Ce plan de Monsieur Macron de faire de Monsieur Kagame son rempart en afrique, pourra fonctionner à très court-terme mais à la longue, il échouera lamentablement. Et j’ai pitié pour le successeur de Macron qui sera obligé un jour de parler encore « d’aveuglement » de la France dans la sous-région des grands lacs africains et plus particulièrement au Rwanda.

Pourquoi nous pensons que ce plan va échouer?

Il n’est un secret pour personne que le régime de Kagame est en fin de cycle. Il y a des signes qui ne trompent pas. Les apparitions publiques de Paul Kagame qui deviennent de plus en plus rares, ses pas hésitants lors de ses sorties, son visage sombre, les frustrations des rwandais, tutsi, hutu, twa confondus et qui osent aujourd’hui parler à visage découvert même en étant sur le territoire rwandais, la réécriture de la dénomination du « génocide tutsi » par « génocide rwandais » prônée par les anciens alliés inconditionnels de Kagame qui sont les Américains et les Anglais, etc. Ce sont des signes annonciateurs de la fin de règne. Or, miser sur un régime pareil, c’est comme scier une branche d’arbre sur lequel on est assis. L’avenir nous le dira.enjeux géostratégiques

Notes

1 https://www.asafrance.fr/, article «Rwanda: La France est accusée alors que le génocide du Rwanda a été commis par des rwandais contre des rwandais», Posté le dimanche 30 mai 2021

2 https://www.jeuneafrique.com/, article «Francophonie: Le lobbying de l’Élysée pour faire triompher Louise Mushikiwabo» mis en ligne le 23 octobre 2018 à 15h23 | Par Jeune Afrique.

3 https://www.jeuneafrique.com/, article «Francophonie: Pourquoi Macron a choisi le Rwanda» mis en ligne 8 octobre 2018 à 09h28 | Par Christophe Boisbouvier.

4 https://www.lejdd.fr/International/, article «Francophonie: Pourquoi la nomination d’une rwandaise soutenue par Macron fait polémique» mis en ligne à 17h37, le 11 octobre 2018, modifié à 17h38, le 11 octobre 2018 par Marianne Enault.

5 https://www.lejdd.fr/International/ op. cit.

6 https://www.france24.com/fr/afrique

7 https://www.jeuneafrique.com/, article «Comment la France a mis la main sur l’uranium congolais», article mis en ligne 07 avril 2009 par Jean Michel Meyer

8 https://fr.wikipedia.org/wiki/Coltan

9 https://www.totalenergies.com/fr

** Au moment où nous publions cet article, nous apprenons que la SADC s’oppose au déploiement des forces rwandaises au Mozambique: https://www.chronicles.rw/2021/06/01/sadc-opposes-deployment-of-rwandan-troops-in-mozambique/

Source: Echos d’Afrique