Le jeudi 25 avril 2019, un nouvel article de loi a été approuvé en Belgique punissant « quiconque nie, minimise grossièrement, tente de justifier ou approuve certains faits correspondant à un crime de génocide, un crime contre l’humanité ou un crime de guerre au sens de l’article 136 du Code pénal, [crimes] établis comme tels par une décision définitive rendue par une juridiction internationale, sachant ou devant savoir qu’un tel comportement expose un individu, un groupe, une communauté ou ses membres à la discrimination, la haine ou la violence”. Une telle nouveauté législative suscite trois réflexions que j’énonce brièvement.

PREMIÈREMENT : Le 1er octobre 2010, un rapport détaillé de 550 pages, appelé Rapport Mapping, du Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, alors dirigé par Navanethem Pillay, décrit comme « crimes contre l’humanité, crimes de guerre, voire génocide » les « crimes systématiques, méthodiques et prémédités contre les Hutus », principalement des enfants, des femmes, des personnes âgées et malades, perpetrés par le RPF en 1996-1997 au Zaïre.

DEUXIÈMEMENT : Quoi qu’il en soit, et c’est la chose la plus décisive, si le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme n’est pas « une juridiction internationale », il existe néanmoins une véritable « juridiction universelle », la Cour Nationale espagnole qui : 1. Oui, elle est pleinement compétente pour qualifier ces crimes. 2. Qu’en fait il les a déjà qualifiés. 3. Et cela c’est fait avec un récit des faits et des conclusions encore plus dévastateurs que ceux du rapport Mapping. Beaucoup plus dévastateur, en premier lieu, à cause de l’ampleur des crimes décrits. Et, deuxièmement, pour la période de temps traitée : à partir de 1990. 

TROISIÈMEMENT : Si ce que je viens de dire dans le paragraphe précédent est vrai, nous devons nous demander comment il a été possible et est encore possible que quelque chose d’aussi décisif soit passé si inaperçu, même parmi les Rwandais eux-mêmes.

Ci-dessous, je développerai plus largement ces trois réflexions:

PREMIER

En ce qui concerne la première de mes réflexions, il convient de se demander si une telle qualification, faite par un organe de l’ONU compétent en la matière, ne suffisait pas pour qu’un nouveau tribunal ad hoc soit constitué, comme le fut le TPIR à l’époque. Il existe un tel biais manifeste, car ce sont des décisions purement politiques, et non pas strictement judiciaires, imposées une nouvelle fois par notre Occident dirigé par de puissantes élites anglo-saxonnes. De même que étaient décisions politiques les nombreuses et graves manipulations que ont été subies non seulement lors de la naissance du TPIR, mais aussi dans son fonctionnement au fil des ans. Des manipulations bien connues de tous ceux d’entre nous qui ont suivi de près le dossier rwandais.

Le temps a confirmé ce que Ramsey Clark, procureur général (ministre de la Justice) de John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson, et architecte du Black Civil Rights Act, m’a dit en 1999 dans son bureau et qu’il a déclaré publiquement à d’autres occasions : « Les États-Unis ont encouragé la création d’un tribunal contre leurs ennemis au Rwanda. Cette façon de procéder n’est rien d’autre que de faire la guerre par d’autres moyens.” Si cela est vrai, nous ne pourrions pas nous attendre à ce que les auteurs des grands crimes décrits et dénoncés dans le rapport Mapping étaient poursuivis. Mais je n’ai pas l’intention, dans cet article, de déplorer les occasions ratées dans le passé de parvenir à la vérité et à la justice. Je compte seulement lancer un appel pour profiter des opportunités actuelles : la banalisation et la minimisation grossière de la Shoah, dont j’ai parlé dans mon article précédent, ainsi que la négation et la minimisation grossières des grands massacres perpétrés par Paul Kagame et le FPR, dont je vais parler maintenant, sont si flagrantes qu’elles ne doivent pas rester impunies.

DEUXIÈME

En approfondissant ma deuxième réflexion, ce que je veux souligner dès le début, c’est qu’à mon avis, les qualifications émises par le juge Fernando Andreu concernant les grands crimes commis par le FPR, notamment contre l’ethnie hutu – mais pas exclusivement – sont parfaitement conformes à la récente loi belge. Et ils obligent donc à punir « quiconque nie, minimise grossièrement, tente de justifier ou approuve certains faits qui correspondent à un crime de génocide, un crime contre l’humanité ou un crime de guerre ». Dans le réquisitoire de 181 feuilles (remplis de récits terribles, percutants et choquants de dizaines de témoins hautement qualifiés) rendue le 6 février 2008, le juge Fernando Andreu Merelles, juge titulaire du quatrième tribunal de la Cour Nationale de l’Espagne, a émis un mandat d’arrêt pour quarante postes de haut rang du FPR/APR. La qualification de tels crimes ne laisse aucun doute. Ils sont énumérés au chapitre III, intitulé RAISONNEMENTS JURIDIQUES :

« A) Crimes de génocide.

1. Quiconque, dans le but de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, commet l’un des actes suivants sera puni : [cinq points précisent les sanctions à appliquer].

2. La diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’idées ou de doctrines qui nient ou justifient les crimes établis au paragraphe précédent du présent article, ou qui cherchent à réhabiliter les régimes ou institutions qui protègent les pratiques qui les génèrent, est passible d’une peine d’emprisonnement de un à deux ans. 

B) Crimes contre l’humanité. 

Quiconque commet les actes prévus à l’alinéa suivant dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre la population civile ou une partie de celle-ci est coupable de crimes contre l’humanité. En tout état de cause, la commission de tels actes sera considérée comme un crime contre l’humanité : 1. Parce que la victime appartient à un groupe ou à une collectivité persécutée pour des raisons politiques, raciales, nationales, ethniques, culturelles, religieuses, sexuelles ou autres universellement reconnues comme inacceptables en droit international. 2. Dans le contexte d’un régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématiques d’un groupe racial sur un ou plusieurs groupes raciaux et avec l’intention de maintenir ce régime.   

C. Crimes contre les personnes et les biens protégés en cas de conflit armé.

D) Dispositions communes. 

[Actes préparatoires] La provocation, la conspiration et la proposition d’exécution des crimes prévus au présent titre (…).

E) Intégration dans une organisation terroriste. 

F) Actes terroristes. »

Le juge précise ensuite sa compétence internationale pour traiter, qualifier et juger de tels crimes :

« La compétence pour la connaissance et la poursuite des faits qui font l’objet de la présente procédure n’a pas été discutée et est protégée en vertu des dispositions de l’article 23.4 de la Loi Organique du Pouvoir Judiciaire, qui attribue à la juridiction espagnole la compétence pour la connaissance des faits commis, par des espagnols ou par des étrangers, en dehors du territoire national susceptible d’être qualifié, en vertu du droit espagnol, de crime de génocide, de terrorisme et de tout autre crime qui, selon les conventions et traités internationaux, doit être poursuivi en Espagne, y compris la Convention contre la Torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de New York du 10 décembre 1984, la quatrième Convention de Genève du 12 août 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre et leurs I et II Protocoles additionnels ; la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide, du 9 décembre 1948, et le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, du 16 décembre 1966. »

A ce stade, il est de la plus haute importance de ne pas confondre cette qualification en soi, émise par « une juridiction internationale » (comme l’exige la nouvelle loi belge) avec les nombreuses difficultés pratiques qui (en raison de toutes les manipulations criminelles des Etats-Unis et du Royaume-Uni) ont jusqu’ici empêché l’extradition en Espagne de certains des quarante criminels du FPR perquisitionnés qui étaient arrêtés à cette époque : James Kabarebe (arrêté à la frontière sud-africaine mais « étrangement » libéré en quelques jours, alors que le juge Fernando Andreu a confirmé à Interpol que son mandat d’arrêt était pleinement en vigueur) ou Karake Karenzi (arrêté à Londres et également relâché, comme on le sait publiquement). Il ne faut pas tomber dans cette confusion, de même que personne ne confond la résolution de l’ONU qualifiant de génocide les massacres massifs du printemps 1994 (qualification bloquée depuis des mois par les Etats-Unis jusqu’à la victoire certaine du FPR) avec toutes les manipulations que le TPIR a subies dans le processus d’application du droit à chaque cas particulier.

Le fait que, comme le révèlent cinq câbles de WikiLeaks échangés entre l’ambassadeur des États-Unis à Madrid et le Département d’État, des procureurs et des politiciens espagnols ont été achetés afin de désactiver notre plainte pénale, n’affecte en rien la qualification de ces crimes émise par le juge. Cette qualification n’est pas non plus affectée par le fait que l’équipe dirigeante d’Interpol a été infiltré et conditionné (comme l’a été le TPIR) au point de libérer des détenus faisant l’objet de mandats d’arrêt, avec un code rouge, pour les crimes les plus graves déterminés par la justice internationale. Il n’est pas non plus affecté par le fait que la pression énorme des États-Unis a réussi à désactiver la plainte pour le moment, à la suite du changement honteux de la loi de justice universelle effectuée par le gouvernement du PP avec le soutien du PSOE (abandonnant sa responsabilité de juger et de punir les assassins de neuf citoyens espagnols). Ils l’ont désactivée en conditionnant, entre autres changements juridiques, la détention des accusés au fait qu’ils se trouvent sur le territoire espagnol. L’inquiétude de l’administration américaine, révélée par les cinq câbles de WikiLeaks, face à cette plainte (inquiétude également reflétée par le fait qu’elle a contraint l’un des quarante accusés à quitter d’urgence l’ambassade du Rwanda à Washington) ou l’arrestation à l’époque du général Pinochet à Londres ne font que confirmer que l’Haute Cour nationale est pleinement compétente pour « connaître et juger » les crimes collectifs perpétrés par le FPR.

Pour toutes ces raisons, la conclusion sur ce deuxième point est évidente : ceux qui nient, minimisent grossièrement, tentent de justifier ou d’approuver les crimes décrits par le juge espagnol doivent être punis. Il ne s’agit plus d’un simple rapport de l’ONU, mais d’une ordonnance de la Cour Nationalse espagnole, un organe judiciaire ayant pleine juridiction internationale. Il ne s’agit pas seulement des crimes postérieurs au génocide des Tutsis, tels que ceux mentionnés dans le rapport Mapping, mais aussi des crimes planifiés beaucoup plus tôt et commis depuis le 1er octobre 1990. C’est-à-dire exactement vingt ans avant la publication du rapport Mapping.

TROISIÈME

Passons enfin à ma troisième réflexion: Comment a-t-il était possible et est-il encore possible que quelque chose d’aussi décisif que la ordonnance du juge espagnol (avec la qualification incontestable qu’il a établie pour les crimes qu’il décrit) soit passé si inaperçu, même parmi les Rwandais eux-mêmes ? Dès le premier instant, cette ordonnance a été méprisée, ignorée et réduite au silence par les médias. Il y a eu de la manipulation même sur le rôle supposé marginal de l’Espagne dans le monde et dans le conflit rwandais en particulier. C’est une tactique très ancienne : « Est-ce que quelque chose d’important peut sortir de Nazareth ? Cependant, au moins les Rwandais et ceux d’entre nous qui connaissons et aimons vraiment ce pays souffrant ne devrions pas tomber dans un tel piège. Bien qu’une campagne puissante et systématique ait été déployée pour la minimiser et la mepriser, l’ordonnance du juge Fernando Andreu Merelles est de la plus haute importance. De l’avis de certains experts authentiques, elle a marqué un tournant historique. Il est possible que ses potentialités soient encore nombreuses et que ses principales conséquences soient encore à venir.

Je vais me limiter à illustrer ce mépris et cette réduction au silence de l’ordonnance en analysant la position devant elle de la plus grande ONG internationale des droits de l’homme : l’anglo-saxonne HRW, qui a déjà joué un rôle important et néfaste dans le cadre du TPIR. Après le rapport Mapping, elle a même eu le cynisme de regretter qu’il n’y ait pas de tribunal international compétent pour juger les crimes qui y sont révélés, sachant (comme elle le savait certainement) que la Cour Nationale espagnole avait même délivré quarante mandats d’arrêt contre les principaux responsables de ces crimes. C’est ce que j’ai écrit à ce sujet dans la section « Les positions surprenantes de la grande ONG anglo-saxonne Human Rights Watch » de mon livre La hora de los grandes « filántropos » (L’heure des grands “philanthropes”) :

« Dans mon livre précédent, África, la madre ultrajada (Africa, la mère outragée), en particulier dans la section intitulée ‘L’honneur perdu de la grande ONG anglophone Human Rights Watch’, j’ai déjà mis en évidence, rassemblant des analyses d’experts tels que Helmut Strizek, le rôle pitoyable joué par la grande dame de la version officielle de ce conflit, la principale spécialiste et responsable pour l’Afrique de cette grande ONG, Alison des Forges, et son rapport monumental Leave none to tell the story, la « Bible » sur le génocide au Rwanda.

Et jusqu’à ce jour, la grande Human Rights Watch reste ancrée dans l’ambiguïté de ses propres contradictions. Le lecteur des documents publiés par HRW le 1er octobre 2010 pourrait croire que cette organisation est le grand et impartial combattant contre l’impunité dont Paul Kagame et ses partisans jouissent depuis maintenant deux décennies. Mais cette affirmation est très éloignée de la réalité. Les contradictions de Human Rights Watch sont une fois de plus apparues clairement dans sa réaction publique à l’important rapport Mapping du Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme du 1er octobre 2010. D’une part, forcée par la force des preuves des grands crimes du FPR qui se révèlent et par l’impossibilité de maintenir des positions aussi tendancieuses que celles qu’elle défend depuis trop longtemps, lève maintenant la voix pour dire que de tels crimes devraient être connus du monde, bla-bla-bla. Mais, en même temps, elle continue de tomber dans des positions vraiment surprenantes même si s’agit d’une organisation disposant d’un niveau élevé de financement et d’information. Je n’évoquerai que certaines de ces positions :

  • HRW ose continuer à parler d’un « génocide planifié par des politiciens extrémistes hutus » alors que le Tribunal pénal international pour le Rwanda lui-même a acquitté de planification même le colonel Bagosora, principal responsable du génocide.
  • HRW ose affirmer que la victoire du FPR, dirigé par Paul Kagame, « signifiait la fin du génocide ». Juste comme ça. Sans autre précision, sans aucune référence aux graves responsabilités du FPR lui-même dans le déclenchement du génocide, ni à aucune des nombreuses autres circonstances entourant le déroulement et la fin du génocide. Des circonstances qui montrent que le FPR ne s’intéressait qu’à accéder au pouvoir par la voie la plus sûre possible et avec les moyens les plus efficaces (crimes de masse) possibles ; que le FPR  ne s’en souciait pas des massacres des Tutsis de l’intérieur (qui pour les extrémistes du FPR étaient des traîtres qui ne s’étaient pas exilés en 1961 lorsque l’aristocratie Tutsi fut démocratiquement rejetée) ; que le FPR a fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher toute intervention internationale qui aurait pu mettre fin au génocide (ils savaient pertinemment qu’une telle intervention aurait empêché en même temps leur marche imparable vers le pouvoir par le sang et le feu)…
  • En se référant au blocus juridique qui a permis au FPR tant d’années d’impunité, HRW ose éviter toute référence à la responsabilité décisive du gouvernement américain. Ce gouvernement, entre autres mesures pour protéger cette impunité, a relevé de ses fonctions la procureure du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Carla Del Ponte, lorsqu’elle a tenté de poursuivre un membre du FPR.
  • HRW ose cacher le fait que la Cour Nationale espagnole est non seulement compétente pour juger ces crimes (même dans le cadre restreint de la nouvelle loi sur la justice universelle, puisque quatre des neuf victimes espagnoles ont été assassinées au Congo), mais qu’elle a même émis des mandats d’arrêt contre quarante hauts responsables du FPR/APR en relation avec ces crimes.

En conclusion, lorsque Human Rights Watch tente d’énumérer les causes de l’impunité dont jouit le FPR depuis tant d’années, il devrait peut-être inclure parmi celles-ci la confusion qu’a créé elle-même, l’ONG de défense des droits humains la plus influente au monde. Il ne semble pas très honorable ou digne de se présenter comme un champion de la lutte contre l’impunité du FPR maintenant que les faits s’imposent. Ou du moins de le faire sans aucune excuse pour la confusion et les dommages causés pendant deux décennies. Le fait que les prétendus grands défenseurs indépendants des droits de l’homme réagissent beaucoup plus tard que les organes de l’ONU, beaucoup plus conditionnés par les intérêts des grandes puissances qui composent le Conseil de sécurité, est un indice malheureux de l’état de notre monde.

CONCLUSION

Les crimes majeurs dont Paul Kagame porte la plus grande responsabilité (responsabilité dont il est pour l’instant protégé par son impunité présidentielle) ont été systématiquement couverts par les grands médias ainsi que par d’autres créateurs importants de l’opinion internationale : grandes ONG, « experts reconnus », etc. Mais le négationnisme dans son environnement criminel (sans parler de tant de menteurs blancs) est tellement public et éhonté qu’il devrait être dénoncé et puni. Rappelons qu’Al Capone ne pouvait pas être condamné pour ses crimes, mais qu’il a été finalement condamné pour une affaire mineure : pour non-paiement des impôts. On dit que la meilleure défense c’est l’attaque. Assez de tolérer l’arrogance et les attaques virulentes des grands criminels devenus inquisiteurs de la vérité et défenseurs des victimes ! Mais le cas de la personne profondément dérangée de Paul Kagame est encore plus excessif, il ne s’agit pas seulement de négationnisme : dans l’intérieur du Rwanda se permet même de se vanter de ses crimes et même de déplorer le fait qu’il n’a pas achevé tous ses ennemis, dont les militaires français. Comme je m’en souvenais dans mon livre África, la madre ultrajada :

« Le 7 avril 2007, à l’occasion du 13e anniversaire du début du génocide tutsi, Paul Kagame a prononcé un discours exalté à Murambi, dans lequel il a publiquement déchargé toute sa haine contre l’ethnie majoritaire, la traitant comme génocidaire… Et contre la France, dont les soldats, à travers l’opération Turquoise, l’ont empêché d’assassiner des millions de Hutus qui ont pu s’échapper au Zaïre. La seule chose qu’il regrettait, dit-il, c’est qu’il n’avait pas été en mesure de décharger tout son choléra, mettant ainsi fin aux deux. Il s’en sent légitimé parce que, selon lui… ce sont des génocidaires : « Une chose corrode mon esprit. Je ne regrette qu’une chose. Les événements se sont précipités trop vite avant qu’on puisse écraser assez de tueurs. C’est le seul péché que je reconnaisse. Nous ne pouvions rien faire de plus… dons ceux qui ont également tué et qui ont participé à l’opération Turquoise sont partis avant que nous les rencontrions. Nous allions nous décharger de toute notre colère sur eux et ils auraient quitté le Rwanda avec un cadeau… Ceux qui nous ont échappés et ont traversé la frontière… ce qui corrode mon cœur… nous n’avons pas eu le temps d’en empêcher certains d’atteindre leur destination. C’est ce que, je le déclare publiquement, corrode mon cœur… Les millions qui sont partis en toute impunité après avoir assassiné… »

Mais quiconque à l’esprit juste, quiconque qui n’est pas tombé dans un délire empoisonné comme celui de Paul Kagame sait que quelques milliers d’extrémistes assassins hutus ne peuvent pas transformer en génocidaires l’ensemble de l’ethnie hutu rwandaise, qui comptait à l’époque quelque sept millions d’êtres humains. De la même manière que les assassins du FPR/APR que lui-même dirige ne transforment pas tous les Tutsis en assassins. Il est insupportable qu’un fou comme Paul Kagame se permette non seulement de nier les grands crimes classés par la Cour Nationale espagnole, mais se permette même la reconnaissance publique de sa propre paternité dans ces crimes de masse ! C’est insupportable que lui se permette même l’aveu qu’il n’aurait pas pu assassiner tous les millions d’êtres humains qu’il aurait souhaité ! C’est insupportable que notre monde ne réagisse pas du tout à une telle folie criminelle ! C’est insupportable que l’ONU lui accorde la co-présidence des Objectifs du Millénaire avec le président espagnol José Luís Rodríguez Zapatero !