Depuis deux décennies, la géopolitique régionale et africaine et même mondiale en général par rapport au Rwanda repose sur un postulat :
“Quiconque veut avoir la paix et même les faveurs des Etats Unis, doit faire profil bas face au régime du FPR de Paul Kagame du Rwanda et même accepter de subir ses humiliations mais surtout ne pas dénoncer ses crimes et violations des droits de l’homme au risque de s’attirer les foudres des services de la Première Superpuissance du Monde“.
Ce postulat reste valable quelle que soit l’Administration en poste à la Maison Blanche (Démocrates ou Républicains), car les décisions en matière de politique étrangère sont plutôt le reflet de l’influence des puissants lobbies que des idéaux des dirigeants. Or depuis plus d’un quart de siècle, les puissants lobbies pro-FPR-Kagame et qui font la pluie et le beau temps à Washington n’ont pas changé leurs positions d’un iota.
Dans la région, en Afrique et même en Europe en passant par les staffs des ONG et des Organisations Internationales, les plus clairvoyants ont compris cette situation et l’intègrent toujours dans leurs conduites des affaires.
Quelques cas récents illustratifs.
1. Quand les experts de l’ONU chargés de faire respecter l’embargo sur les armes en RDC et dénoncer la présence des troupes non autorisées, doivent sortir leur rapport dans lequel ils font état de leur constat flagrant avec des preuves irréfutables de la présence des troupes de l’Armée de Kagame à l’Est de la RDC, ils sont conscients qu’ils risquent leurs postes et mêmes leurs têtes en accusant le Rwanda du FPR de Kagame, accusations qui normalement appelleraient des sanctions internationales.
C’est alors que “pour faire passer la pilule”, ils trouvent le subterfuge pour que des sanctions ne soient pas envisagées contre le Rwanda de Kagame en insérant dans le même rapport les accusations selon lesquelles l’Armée du Burundi aussi serait en RDC et ceci sans la moindre preuve, et pour cause, ce n’est qu’une pure fiction pour ne pas accuser le Rwanda de Kagame tout seul. Résultat des courses : aucune instance ne peut envisager des sanctions dès lors qu’ils savent tous que le Burundi serait injustement sanctionné pour des fautes commises par le Rwanda de Kagame. Donc “rapport à classer” et tout le monde est satisfait et sans casse.
2. Félix Tshisekedi de la RDC, connaissant comment il a accédé au pouvoir et étant coaché par les mêmes lobbies pro-Kagame des USA, ne peut que laisser le régime du FPR de Kagame opérer comme il veut en RDC et surtout ne pas officiellement protester et encore moins écouter les cris de son peuple meurtri et exploité par les troupes de Kagame. En se taisant et même en faisant taire ceux qui accusent le Rwanda de Kagame, Tshisekedi sait qu’il jouira toujours de la mansuétude des USA et pourra se maintenir au pouvoir, alors que s’il commençait à lever le petit doigt contre Kagame, ses jours au pouvoir et même au monde seraient comptés sur les doigts de la main. Pragmatisme donc.
3. Non loin de la RDC, en République Centrafricaine, un président dont l’armée était en déliquescence et en plus sous embargo, eut l’idée de recourir à la Russie qui comme membre Permanant du Conseil de Sécurité pouvait lui fournir des armes et des instructeurs sans être accusé de violer l’embargo de l’ONU (son véto). Mais en contrepartie, il dut consentir aux Américains de les laisser aussi venir épier les faits et gestes des Russes afin de s’assurer qu’ils ne vont pas les éjecter de la région ou s’accaparer de tous les minerais précieux … Il marqua son accord, mais comme les Américains ne veulent plus envoyer leurs propres soldats sur les théâtres africains, quelle ne fut la surprise de Touadera d’entendre imposer l’Armée de Kagame qui, en plus du contingent de la MINUSCA, devrait assurer sa garde personnelle rapprochée, mais surtout envoyer d’autres milliers de soldats rwandais mais pas sous le drapeau de l’ONU, comme Force Spéciale qui doit opérer avec les Russes. Les soldats rwandais, qui sont donc en RCA, sont en réalité des supplétifs des Américains envoyés là pour surveiller les Russes et les Français et fournir les rapports au Pentagone. Voilà comment Faustin Archange Touadéra en jouant Paul Kagame chez lui en Centrafrique vient de sauver son fauteuil car même élu par moins de 300.000 personnes (les habitants d’une commune du Rwanda) sur une population de plus de 5 millions, il est félicité et légitimé par l’UA, l’UE, l’ONU… car les supplétifs des troupes des USA (l’Armée de Kagame) ont été acceptés sur place avant cette élection.
Vous avez dit “ Pragmatisme !”?
4. L’affaire “Nalvany” qui défraie actuellement la chronique illustre encore la façon dont les puissances moyennes ou des Organisations dépendantes des USA jouent la carte du FPR-Kagame pour avoir la paix et au mieux les faveurs des USA.
Dès que cet opposant russe qui est rentré de son plein gré dans sa Russie natale le 17 janvier 2021 où il était sous contrôle judiciaire, fut arrêté par la justice de ce pays, des pays comme l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Union Européenne et même… la Belgique, ont exigé et exigent toujours la “libération immédiate” de ce citoyen russe.
L’attitude de la Belgique frise le ridicule quand on rapproche cette affaire “Nalvany” à l’affaire “Rusesabagina”. Dans le premier cas, la Belgique tape du point sur la table contre la pauvre Russie qui vient d’arrêter régulièrement son citoyen qui avait fui la justice. Tandis que dans le second cas, la même Belgique fait profil bas et n’ose même pas évoquer les cas d’un citoyen belge kidnappé par les services secrets rwandais et ramené à Kigali où il est emprisonné et sans autorisation d’avoir des avocats de son choix. Pour la Belgique, le régime du FPR-Kagame du Rwanda est plus fort que la Russie de façon qu’elle, la Belgique, ne peut pas faire pression sur le Rwanda même quand il enlève des citoyens belges. Mais la Belgique peut bel et bien donner des injonctions à la Russie sur la façon dont elle devrait traiter ses citoyens.
L’explication de ce paradoxe réside en ce que pour la Belgique, il ne faut pas contrarier l’enfant chéri des lobbies américains qu’ils ont installé au pouvoir au Rwanda en 1994, alors qu’en tapant sur la Russie, elle s’attire au contraire la sympathie des mêmes lobbies américains.
Vous avez dit “ Cynisme politique” ! ?
Face à ce “pragmatisme ridicule”, à ce “cynisme politique”, que faire ? Le temps est venu de tout faire pour faire comprendre aux puissants lobbies pro-FPR Kagame d’Amérique que la carte qu’ils ont jouée dans la région depuis 1990 est usée et que s’ils veulent sauvegarder leurs intérêts, les alternatives ne manquent pas. Et de rappeler qu’ils en sont capables car habitués à ce jeu : il a fallu bien se débarrasser de Mobutu qui fut leur chouchou pendant plus de 30 ans. Mais dans le cas du Rwanda, il ne faudrait pas qu’ils attendent aussi longtemps car leur poulain accumule des crimes contre l’humanité et crimes de guerre, des crimes économiques…. que cela risque de discréditer ses mentors, alors qu’ils n’avaient plus besoin de lui.
Source: The Rwandan