Le président rwandais, notre cher président commence à nous habituer à ses jérémiades à n’en plus finir depuis la sortie du Film Rwanda: untold story. Ces jérémiades et lamentations continuelles nous révèlent que l’homme entame un dernier voyage sans détour ni retour: une descente vers l’enfer et les abîmes de l’histoire.
Ces discours pleurards qu’on ne lui connaissait pas en vingt ans de règne montrent que l’homme se retrouve seul contre tous. Docteur Théogène Rudasingwa lui a trouvé un sobriquet. Paul Kagame s’appelle désormais Dr MAGANYA. Qui dit mieux?
Eh oui! Les temps de l’arrogance et des remontrances sont révolus. Il aurait dû se méfier du bâton qui a frappé son prédécesseur (rival). Pourquoi ne l’a-t-il pas balancé au-delà de son enclos? Eh oui, inkoni ikubise mucyeba uyirenza urugo, dit-on en Kinyarwanda.
En visionnant ses deux discours sur Youtube, d’abord celui prononcé le jour de l’investiture de son cousin Bernard Makuza à la tête du sénat rwandais (pour mieux se ménager un avenir dans sa future vie d’ex-chef d’état peut-être) ensuite celui qu’il a prononcé devant un panel de tout ce que le Rwanda compte comme notable et inconditionnel de son régime, j’avoue que pour la première fois ce président m’a fait pitié. J’ai vu un président au visage émacié et pathétique. Prémisse d’une fin de règne annoncée. Cependant, trois choses ont retenu mon attention et m’ont surpris même.
La première était de l’entendre dire que quand les occidentaux cherchent une personne à appuyer dans nos pays, ils préfèrent la personne la plus stupide « they look for the most stupid person, it is not a jock, this how they proceed ». Lorsqu’on sait comment les Anglo-Saxons (Angleterre et Etats-Unis en tête) ont décidé de le propulser sur les fonts baptismaux en 1994 en détruisant une organisation étatique qui avait mis trente ans à se construire après des années d’une double domination: domination féodale et domination coloniale, on ne peut s’empêcher de dire que plus stupide et plus idiot que Paul Kagamé, on le pend!
La deuxième chose, était de l’entendre parler de l’héritage (legacy) légué à la postérité, à nos enfants mais il feint d’oublier qu’il n’y a pas si longtemps, dans son arrogance hors du commun qu’on lui connaissait, il avait demandé a toute la progéniture hutue de demander pardon aux Tutsi de génération en génération. Le génocide étant devenu le péché originel de l’ethnie hutue dans un Rwanda où les ethnies n’existent plus pourtant.
Il feignait d’oublier également son discours de Nyabihu, non loin du demeure (en ruine) de son prédécesseur où il avait déclaré haut et fort qu’il allait commencer à tuer en plein jour ces villageois venus l’acclamer. Et signe d’une population apeurée et tétanisée; ils l’ont applaudi encore malgré ces menaces sans ambages.
Et pour joindre l’acte à la parole et mettre ses menaces en exécution, les cadavres n’ont pas tardé à flotter dans le lac Rweru (Burundi) via les rivières Mukungwa et Nyabarongo (Rwanda). Je peux me permettre d’affirmer sans le moindre risque de me tromper que les victimes ont sans doute supplié leurs bourreaux de leur laisser la vie sauve en vain.
La troisième chose était de l’entendre parler de la guerre. Evoquant les Rwandais de l’intérieur et de l’extérieur qui veulent détruire le Rwanda. Il nous laisse entendre qu’il vendra chèrement sa peau. Et joignant toujours l’acte à la parole, il vient d’acheter de lance-missiles en Chine avec des millions du contribuable. Le Rwandais lambda a faim; son enfant ne va pas à l’école, les bourses n’existent plus au Rwanda…. Mais, le président achète des armes de destruction massive. Pourquoi faire?
Beaucoup d’observateurs affirment que pendant que l’attention du monde occidental est plus tournée vers la guerre contre l’État Islamique en Irak, la guerre en Syrie, en Ukraine et que l’opposition politique rwandaise s’entredéchire, le régime de Paul Kagamé et le FPR sont en train de peaufiner un plan d’une guerre meurtrière contre le Burundi, les réfugiés rwandais en RDC et la Tanzanie.
Dans mon dernier article, j’avais écrit que Paul Kagamé devrait savoir que toute dictature féroce et sanguinaire finit par s’autodétruire. J’avais ajouté que le FPR et son système finiront par disparaître tôt ou tard tout en exprimant de tous mes vœux que cette disparition arrive le plus tôt possible. Mes vœux ne risquent pas d’être des vœux pieux. Ils seront bientôt exaucés.
Ses jérémiades et ses lamentations n’y pourront rien car elles n’intéressent plus personne. Ses soutiens, ses amis d’hier vont commencer à se faire très rares. Son cercle d’amis va se rétrécir comme peau de chagrin. Quant aux guerres qu’il adore tant, il sera emporté par la dernière qu’il aura peut-être provoquée lui-même.
Si Paul Kagame et son épouse pensent vraiment à leurs rejetons, ils devraient réfléchir à deux fois avant de trop s’accrocher au pouvoir. Veulent-ils connaître le sort des Ben Ali? Le Nouvel Observateur en a brossé un tableau pitoyable et grotesque de leur fin de règne.
Un vieil homme hagard, gémissant, supplie sur le tarmac de l’aéroport de Tunis : «Laissez-moi, je ne veux pas y aller, je veux mourir ici dans mon pays». C’est Zine el-Abidine Ben Ali, le raïs déchu après avoir régné 23 ans. Poussé par son chef de la police politique, le terrible Ali Seriati, il monte dans un avion pour l’exil.
«Bordel de Dieu, tu vas monter !», lui lance sa femme Leïla Trablesi en le bousculant. Elle ne pardonne pas à son mari d’avoir perdu un pays à la tête duquel elle se voyait lui succéder. Elle ne retient plus sa colère et le mépris qu’il lui inspire. Heureusement que la fille du couple Halima Ben Ali vole au secours de son père: «Lâches mon père, maman sinon je descend te tuer».
Pendant ce temps, dans l’avion qui les amène vers une destination inconnue, le vieux tyran ne cesse, selon le témoignage du pilote, de se rendre dans le cockpit pour inlassablement répéter la même question : «Mon fils, n’est-ce pas que tu vas me ramener en Tunisie après? «Bien sûr, monsieur le Président», ment le commandant de bord.
La suite de l’histoire, on la connaît, c’est un vagabondage aérien d’«Oscar Oscar», le nom donné à l’avion présidentiel. Annoncé pour Malte puis pour la France, il sera finalement dirigé vers Djedda, en Arabie saoudite où les Ben Ali ont trouvé refuge.
Quant à Leïla, conclut l’hebdomadaire, le rêve de l’ancienne « régent de Carthage » est devenu un cauchemar de vivre avec un vieux despote aux cheveux teints, celui-là même qu’elle voulait évincer et dont il lui faut désormais, à jamais, partager l’exil.
Oui, les jérémiades de Paul Kagamé annoncent une fin de règne si proche que jamais. La question est de savoir comment. La balle est dans son camp pour savoir quelle fin de règne il veut.