Leçons de l’histoire: les petits Etats sont plus enclins à la paix et la compensation sociale que les grandes entités – L’AELE est une alternative à l’UE

Pendant que l’UE titube d’une crise à l’autre, que l’euro est présenté comme étant sans alternatives et le sauvetage des banques comme inévitable, en dépit du fait qu’un grand nombre de pays de l’UE ne veulent pas de l’euro et que la Grande-Bretagne réfléchit même ouvertement à sortir de la geôle que représente l’UE pour les peuples, en ces temps secoués par les crises, de plus en plus de personnes commencent à réfléchir aux alternatives. Le projet de l’Europe des patries de Charles de Gaulle est appréciée par un nombre grandissant de citoyens, même des parties entières d’Etats nations centralistes recommencent à se considérer comme des Etats indépendants et veulent être des patries: les Ecossais, les Catalans, les Basques mais aussi la Bavière peuvent tout à fait s’imaginer une nouvelle forme de coopération en Europe: au-delà du double étranglement par leur propre métropole et celle de Bruxelles. En Suisse on observe ces dé­roulement avec le plus grand intérêt, car une multitude de petits Etats n’apporteraient pas moins, mais davantage de sécurité: les guerres ont toujours commencé à partir des grandes entités, presque jamais à partir de petits Etats qui se basent sur la coopération et en dépendent. De plus une alliance économique libre sans commissaires bruxellois existe bel et bien: l’AELE est toujours présente, même après 50 ans – une alternative réelle, même pour de vieux-nouveaux petits Etats. Le modèle économique à succès de la Suisse se réjouirait de pouvoir accueillir ses voisins européens dans cette association.Un plaidoyer en faveur des petits Etats, avec des exemples du débat parlementaire en Bavière en hiver 1871, lorsqu’on devait être incorporé dans un moloch sis à Berlin – avec des prises de position de patriotes aimant la liberté qui, dans leur clarté, ont gardé toute leur validité également en 2013.

Les êtres humains ne veulent par nature rien d’autre que pouvoir organiser leur vie en paix et en sécurité, s’occuper de leurs relations familiales et amicales et se donner une patrie, sans pour autant exclure d’autres êtres humains. A travers les siècles, les êtres humains ont appris une manière de vivre ensemble qui leur assure cette paix politique, économique et sociale: l’Etat de droit démocratique, qui est mieux réalisable quand il n’est pas conçu trop grand. Des formes préliminaires en étaient déjà les Poleis de la Grèce antique, les communes citadines de l’Italie du Nord pendant la Renaissance, les coopératives partout dans le monde, qui ont en partie fait effet de fondatrices d’Etats comme dans le cas de la Confédération suisse – et avant tout les dernières nommées, les communautés construites du bas vers le haut, qui reconnaissent l’être humain comme personne avec une dignité inhérente qui ne doit pas être entravée sous peine de punition. Des juges, élus par la population concernée, en sont les gardiens. C’est ainsi que cela s’est passé en Suisse, comme décrit dans le Pacte fédéral de 1291, un document de paix et du principe «Un pour tous, tous pour un». La volonté de se défendre, portée par tous, assure cette paix envers l’extérieur. L’époque des Lumières a apporté l’idée de la séparation des pouvoirs, un approfondissement de la souveraineté populaire ainsi que le principe de l’égalité devant le droit, issu du droit naturel, et sur les bases desquels les peuples de l’hémisphère occidental ont construit un ordre économique donnant la liberté à l’individu, ce qui a libéré en lui des forces insoupçonnées. La révolution industrielle a conduit à long terme à une prospérité encore jamais connue pour de larges couches de la population. Et ainsi, l’Europe pourrait se composer de paysages florissants avec des économies nationales florissantes, et il resterait toujours assez d’argent qu’on pourrait envoyer aux pays du tiers monde comme part aux réparations des conséquences néfastes de l’histoire coloniale.

A partir d’une certaine masse critique, les guerres de conquête commencent

Mais l’Europe titube d’une crise à l’autre, utilise des approches pour la solution des problèmes qui font justement partie du problème. Et: les puissances européennes ­s’arment et se réarment et mènent à nouveau des guerres sur d’autres continents, récemment de nouveau en Afrique où, en tant que puissances coloniales, elles sont restées dans les mémoires de façon peu glorieuse. L’UE, un projet de paix? L’actualité nous montre une toute autre image: cette grande entité centraliste avec siège à Bruxelles rejoint une grande galerie de puissances disparues ou en train de disparaître, lesquelles, plus elles sont devenues grandes et centralisées, plus elles se sont conduites de manière belliciste envers l’extérieur et dictatoriale envers l’intérieur. Si l’on connaissait dans l’historiographie la notion de la «loi naturelle», on serait enclin à en parler dans ce contexte. On pourrait commencer avec Athènes ou Sparte, qui, à partir d’une certaine grandeur, ont succombé à la folie du pouvoir, continuer avec Alexandre le Grand, qui a transformé l’idée de la Polis jusqu’à l’absurde et qui est devenu le plus grand seigneur de guerre de son époque. La ville aux sept collines est un autre exemple qui, ayant atteint la masse ou la grandeur critique, s’est perdue dans une hybris impériale et a couvert le monde – ou plutôt l’Europe – de guerres de conquête. En se rapprochant du temps présent, on pourrait citer les colonies anglaises en Amérique du Nord. Une fois libérées du joug européen, cela a duré juste un siècle jusqu’à ce que les anciens opprimés aient traversé tout le continent et tué ou soumis des millions d’autochtones, et qu’ils aient fait leur saut impérial, militairement ou à l’aide de leurs dollars. Il s’en est suivi une vague d’innombrables guerres, toutes dirigées par une centrale du pouvoir et un complexe militaro-industriel gigantesque.

Un Etat indépendant d’Idaho ou de Kazakhstan auraient-ils mené à une guerre froide?

Que serait-il arrivé si les Etats individuels des USA n’avaient formé qu’une fédération d’Etats instables, ou s’ils avaient même formé deux fédérations, une du Nord et une du Sud, cela est difficilement imaginable. Ou bien certains Etats individuels, comme l’a exigé récemment l’Idaho, auraient-ils simplement tourné le dos à toute la fédération et se seraient-ils joints à l’ONU comme Etats indépendants et souverains? Il n’est pas nécessaire de mentionner les structures centralistes et totalitaires des pays sous des dictateurs tels Hitler et Staline et les conséquences des guerres qui s’en sont suivies. 
Qu’en aurait-il été si les diverses nationalités de l’empire soviétique s’étaient déclarées indépendantes, si les divers pays de l’Allemagne nazie s’étaient opposés avec succès à leur mise au pas, et s’ils avaient imposé leur sortie du Reich? Si la Thuringe, la ville hanséatique de Hambourg, un Etat libre de Bavière, une Ukraine libre, un Kazakhstan libre, ou bien d’un autre côté l’Etat de Bade, avaient agressé un Etat indépendant tel l’Alsace? Sûrement que les autres petits Etats seraient intervenus en médiateurs et si c’était quand-même arrivé, cela n’aurait jamais eu les mêmes conséquences désastreuses avec des hécatombes de morts telles les conséquences des guerres des grands empires. 
Retournons en arrière dans l’histoire: une France non structurée de manière centraliste par Louis XIV, aurait-elle mené toutes ces guerres? Une France qui n’aurait pas été usurpée par Napoléon, avec une Europe assujettie, aurait-elle attaqué la Russie?

Les guerres des Etats de l’UE –­ ­que peut faire la Suisse?

Il est bien probable que le lecteur se demande quel est le but de cette argumentation. En résumé: une Union européenne de plus en plus centralisée, vidant les Etats membres de plus en plus de leur souveraineté, s’armant massivement, déclenchera – vu toutes les expériences historiques – d’importantes guerres. Les petites guerres ont déjà commencé depuis longtemps: ce furent des pays membres de l’UE actuelle qui menèrent avec les Etats-Unis en 1999 la guerre d’agression de l’OTAN contre la Serbie en violation du droit international. Ce furent des membres de l’UE qui violèrent la résolution 1973 de l’ONU en Lybie, actuellement ce sont des membres de l’UE qui sont à l’œuvre avec des engagements sous couvert en Syrie, de même au Mali, mais là ouvertement avec des troupes terrestres et des forces aériennes, comme s’ils n’avaient jamais entendu parler du verdict de l’ancien ministre américain de la Défense Robert Gates, déclarant qu’aujourd’hui tout général ou tout homme politique qui donne l’ordre d’engager des troupes terrestres contre des islamistes doit être conduit chez le psychiatre. Aujourd’hui nous en sommes arrivés à un point, où même des appels venant de l’empire qui continue lui-même à faire la guerre – mais selon les instructions du «smart power», plus finement, c’est-à-dire de manière plus rusée et plus astucieuse – ne sont plus pris au sérieux par l’Union européenne s’armant de plus en plus.
Qui va arrêter cette folie? La Suisse ne peut pas le faire. Elle peut bien se préparer pour faire front à l’arrogance du pouvoir et par exemple renforcer les échanges économiques avec les Etats émergeants du BRICS. Et rester prête à se défendre. Et recommander instamment la démission immédiate des politiciens qui commencent à être indécis.

Un Etat libre de Bavière dans l’Europe des patries – est-ce une utopie?

Mais quelle est la situation à l’intérieur de l’UE? Les citoyens sauront bien prendre les choses en main par eux-mêmes. Vu de Suisse, on peut quand-même attirer l’attention sur un processus qui semble être plein d’avenir et mérite un plein soutien idéel. Il est question de la Bavière et des efforts qui y sont faits pour regagner la souveraineté perdue depuis belle lurette. Wilfried Scharnagl, rédacteur de longue date au Bayernkurier, a ras­semblé un matériel volumineux et mémorable dans son livre «Bayern kann es auch allein. Plädoyer für den eigenen Staat» [La Bavière peut aussi se débrouiller seule. Plaidoyer pour un propre Etat]. La Bavière, c’est un Etat de presque deux fois la surface de la Suisse, avec une population d’environ 12 millions d’habitants, environ au septième rang des pays de l’UE en ce qui concerne la force économique, payeur net dans la péréquation des Länder de la République fédérale, car économe et ne se payant pas le luxe que s’offrent d’autres Länder avec l’argent des contribuables. Ne se plaignant pas d’une diminution de la population comme les autres Länder, un lieu de rêve pour presque tous les Allemands, parce que foncièrement solide, disposant d’un bon système d’enseignement dual bien structuré et ne déplorant guère de chômage des jeunes. Cette région possède une cohésion sociale profondément ancrée dans la doctrine sociale catholique, un pays dans lequel la plupart de la population vit avec conviction les valeurs de la charité et de l’amour du prochain. Un pays dont la population a été, après la Seconde Guerre mondiale, la seule de tous les Länder à pouvoir voter sa propre Constitution; un Etat libre qui a refusé la Loi fondamentale de la République fédérale, parce qu’elle visait trop sur un Etat centraliste, pas assez fédéraliste. Un Etat qui, après la Seconde Guerre mondiale, comprenait des hommes politiques importants, qui avaient passé leur exil en Suisse et rapportaient ainsi de notre pays beaucoup de suggestions concernant la démocratie directe.

Treitschke à propos du démantèlement de la Bavière par la Prusse

La Bavière, c’est un Etat qui a déjà perdu sa souveraineté au début du XIXe siècle dans des circonstances tragiques, dont les représentants du peuple, malheureusement minoritaires, avaient prévu de façon presque prophétique où allait mener un grand Etat centraliste sous la direction de la Prusse: vers une grande guerre! Les interventions des députés bavarois lors du débat mémorable au Landtag bavarois de janvier 1871, à l’époque de la guerre franco-allemande, se lisent comme si elles étaient prononcées de nos jours, comme si l’on y parlait de l’UE et non pas d’une mise en garde contre le «Grossdeutsche Reich» sous la curatelle prussienne, et qui se dirige de façon inéluctable vers la conquête de l’Europe, ensuite du monde, donc vers la guerre. Ces interventions parlementaires pourraient tout à fait s’appliquer au moloch européen actuel, et c’est pour cette raison que nous publions ci-dessous quelques extraits.
L’instruction que chacun qui s’oppose à l’unité allemande sous direction prussienne est un éternel nostalgique et passéiste avait été rendue publique auparavant, par exemple par Heinrich von Treitschke: «La Bavière est une malformation politique, inadaptée à la vie, un vrai nain avec une tête hydrocéphale, et la tâche de la Prusse est de démanteler la Bavière et de confiner la maison de Wittelsbach aux pays alpins.» (cité d’après Scharnagl, p. 20) Des sons de cloche qui ne sont pas inconnus aux citoyens du petit Etat helvétique, que ce soit les éruptions de haine de Goebbels ou de Hitler, ou récemment d’un certain Steinbrück se comportant à la manière d’un cowboy du Far West.

Députés bavarois: l’Empire allemand fera la guerre en Europe!

En 1871, une majorité de 102 députés du Parlement bavarois s’est malheureusement laissée influencer, malgré cette injonction de Treitschke, par la propagande en faveur de l’Empire fédéral allemand, et ne s’est pas opposée à la soumission de la Bavière. Mais tout au moins 48 députés ont réalisé de façon clairvoyante où allait les menées d’un Etat centralisé construit à Berlin. Ainsi le juriste Adolph Krätzer, originaire du Palatinat rhénan, conseiller du tribunal d’appellation de Passau et député du district de Grafenau: «Lorsqu’on fonde un grand Empire, comme cela est prévu ici, lorsqu’on mobilise toutes les forces pour fonder un Etat que l’on a maintenant déjà appelé un ‹Etat absolutiste-monarchiste-militariste› dont on a dit à Berlin que toute vie parlementaire, toute liberté y sera abolie – nous ne pouvons pas approuver une telle construction. Où la création d’un tel Etat nous mène-t-elle? La mauvaise passion de vouloir régner sur l’Europe en est la base et cette mobilisation de toutes les forces nous amènera prochainement à la guerre.» (Cité d’après Scharnagl, p. 25) Il faut tenir compte du fait que, quand ces mots ont été prononcés à Munich, juste trois ans plus tard on a introduit en Suisse, en 1874, par le vote populaire, le droit de référendum à l’échelon de la Confédération. Pendant qu’en Allemagne la rechute dans l’absolutisme était à craindre, fondé sur le fer et sur le sang, on a atteint, au sud du Rhin, une forme de souveraineté populaire unique, et cela pas seulement en son temps. Ce droit de référendum, déjà introduit dans les cantons, a conduit à un règlement pacifique des différends. Il a eu comme conséquence de former la population, car les projets soumis au vote devaient être étudiés et discutés par tous les citoyens, alors que dans notre pays voisin, la formation d’un public critique, qui aurait pu s’opposer efficacement à la propagande de guerre, n’a pas été possible. Malgré cela, des députés tel le juriste bavarois Krätzer ont vu arriver le malheur. Ainsi Krätzer a continué dans son discours tenu devant ses col­lègues du Parlement: «Croyez-vous que notre peuple veuille envoyer ses fils d’une guerre à l’autre? Je crois qu’actuellement nous vivons une guerre qui a déjà créé tant de misère que c’est vraiment effroyable. Le bonheur de milliers de personnes a déjà été détruit. Aider à créer des Etats qui ont comme seul but de régner sur l’Europe – cela n’est certainement pas notre devoir.»

La Bavière, un pays vassal pour les guerres prussiennes? Non merci!

A vrai dire, l’opposition bavaroise contre l’assujettissement sous les Prussiens n’était pas dirigée contre un Etat panallemand. Krätzer et ses collègues au Parlement se sont opposés au centralisme redouté: «Ce que nous voulons, c’est un Etat qui est par nature défensif, pas offensif, un Etat qui ne cherche pas à dominer le monde.» Comment le monde aurait-il changé, si ces voix avaient pu se faire entendre davantage? Il y avait certainement des doutes similaires dans d’autres Etats allemands contre l’Etat prussien centralisé – de même qu’aujourd’hui, l’opposition contre le moloch de l’UE est certainement plus grande que l’opinion publiée dans les médias veut nous le faire croire. Krätzer poursuit: «Car c’est la paix qui apporte la prospérité, la guerre détruit la prospérité, et telle est notre perspective. Nous pouvons reconnaître que la guerre s’approche, si nous prenons en compte les traditions de la tribu, avec laquelle nous devrions nous lier, et analysons la Constitution qui nous est soumise.» (cité d’après Scharnagl, p. 26)
D’autres députés ont souligné que certes la Bavière avait participé à la guerre contre la France, mais qu’elle devrait maintenant payer la victoire avec la fin de sa souveraineté. «Où cela est-il arrivé dans l’histoire du monde?», se demande le député de Straubing, Joseph Conrad Pfahler, curé de Deggendorf. Et le vicaire de la cathédrale de Ratisbonne Joseph Neumaier, député de la circonscription de Landshut sur la même ligne: «Oui vraiment, après avoir apporté un tel soutien à la Prusse, versé tant de sang, dépensé tant d’argent, tant de millions, on veut encore nous médiatiser ou, si vous n’appréciez pas le terme, faire de nous un pays vassal?» (cité d’après Scharnagl, p. 27)

«… car le peuple n’a pas voulu la guerre.»

Comme aujourd’hui, la propagande du gouvernement central a travaillé avec l’argument «TINA», c’est-à-dire les initiales de l’expression «there is no alternative», il n’y a pas d’alternative. L’avocat Wiesnet a rétorqué que lui aussi voulait la cohésion nationale, «mais nous voulons la maintenir sur la base de l’égalité et non pas sur la base de la vassalité politique, comme la présente Constitution fédérale l’attend de nous.» (cité d’après Scharnagl, p. 31) Une autre intervention décrit claire­ment que la population, elle, ne veut jamais la guerre mais que ce sont toujours certaines élites coupées du réel qui y sont favorables. Le théologien et écrivain Franz Mahr, député de la circonscription de Forchheim, déclare au sujet de la guerre franco-allemande: «… car le peuple n’a pas voulu de guerre, ni de ce côté, ni de l’autre.» Puis il a continué sur un ton qu’on devrait entendre plus souvent de nos jours: «Mais le peuple bavarois est d’avis que, quand les princes et les diplomates ne savent plus freiner leur vanité blessée, leur ambition démesurée, leur avidité de pays et leur soif de conquête, ou si leur position est devenue moralement insoutenable, ils provoquent une guerre. Mais les peuples qui n’ont pas voulu la guerre doivent se massacrer et se ruiner, tandis que les auteurs criminels de guerre continuent – bien à l’abri – à vivre in dulce jubilo et à sabler le champagne.» (cité d’après Scharnagl, p. 33) De telles formulations nous font automatiquement penser à messieurs Schroeder et Fischer qui saluaient la mission au Kosovo avec des coupes de champagne? Qui ne voit pas, dans la foulée, des commissaires européens immoraux croyant devoir se donner une justification?

Comme les patriotes bavarois avaient raison! Hélas!

Hélas, l’histoire a donné raison aux députés bavarois à l’époque restés minoritaires. Le grand Empire allemand, mais pas à lui seul, était responsable de la Première Guerre mondiale. Bien sûr, aussi l’Empire britannique mû par sa soif de pétrole.
Aujourd’hui, il serait souhaitable que les Bavarois renouent avec leur fière histoire d’Etat indépendant de plus de 1000 ans, pour redevenir «le maître souverain dans l’auberge au Lion bavarois», comme Wilhelm Hoegner l’avait formulé. Hoegner, qui ­rentra en Bavière de l’après-guerre en tant que social-démocrate après son exil en Suisse, y ­remplit le poste de Premier ministre en rapportant dans ses bagages les souvenirs tout frais des processus de démocratie directe des Confédérés.
L’exemple de la Bavière montre ce qui pourrait aussi arriver à la Suisse – être exposé à un étau double: d’une part, par la capitale de l’Etat-nation se comportant de manière toujours plus centraliste, et d’autre part, par un Bruxelles encore plus centraliste.

L’AELE en faveur d’une Europe des nations – aussi pour les petites nations comme la Bavière

L’injonction de van Rompuy est encore dans toutes les oreilles: les Parlements des Etats membres de l’UE doivent transférer toutes leurs compétences à Bruxelles. Que les 
Parlements de certains membres de ces pays de l’UE, telle la Bavière, seront complètement privés de leurs droits, n’en est que la conséquence logique. On ne peut que se demander comment les citoyens de la Bavière, mais aussi ceux de l’Ecosse, de la Catalogne, le peuple basque et beaucoup d’autres vont réagir face à Bruxelles à l’avenir. Certainement pas dans le sens des Verts européens sous Cohn-Bendit, qui exigent une Europe des régions – mais avec le but ouvertement déclaré de détruire les Etats-nations, afin de pouvoir livrer ces petites pièces directement dans la gueule de l’hydre de Bruxelles – sans la protection d’un niveau intermédiaire.
Si l’une ou l’autre entité devait quitter l’UE, et peut-être son propre Etat géré de façon centralisée, ces nouveaux petits et moyens pays seraient accueillis dans une union d’Etats qui, il y a quelque temps encore, était numériquement paire à l’UE et qui l’est encore dans sa conception, et même supérieure à l’UE, car cette union respecte la souveraineté des patries européennes: l’AELE est l’union des Etats qui pratique le commerce d’égal à égal en bons termes – sans être broyée dans la pâture de l’UE. La Suisse en tant que membre de l’AELE fait aujourd’hui déjà une bonne partie de son commerce extérieur avec, par exemple, la Bavière. Ce commerce bilatéral serait encore plus florissant, mais aussi celui entre tous les pays de l’Europe des nations, quand les oligarques financiers avides qui se cachent derrière Bruxelles ne seront plus impliqués – parce que les peuples en Europe ne le veulent plus!

Bibliographie:
Wilfried Scharnagl. Bayern kann es auch allein. Plädoyer für den eigenen Staat. Köln 2012.
ISBN 978-3-86995-048-8.