Le 06 avril 1994, le Président se rend à Dar-es-Salaam pour un sommet des Chefs d’Etats de la région sur le Burundi. Ce sommet chargé de signes précurseurs est qualifié à juste titre de guet-apens. Tout d’ abord des suspicions sont soulevées au sujet de son objet, de l’initiative de son organisation et au sujet des participants. Le Sommet qui était initialement prévu pour le Burundi va traiter des problemes rwandais et le communiqué conjoint sanctionnant le sommet reste jusqu’à ce jour inconnu du grand public. Ce sommet devait avoir lieu le 05 avril 1994 à Arusha, et a été reporté au 06 avril 1994 à Dar-es-Salaam pour des raisons restées aussi inconnues. Autant de questions dont la réponse permettra de savoir la vérité sur ce Sommet.
Ce qui est certain est que le Sommet s’est terminé plus tard que prévu à cause principalement du Président Museveni. Tout d’abord ce dernier a accusé un grand retard pour arriver à Dar-es- Salaam. Ensuite la réunion commencée tardivement ne s’est pas déroulée normalement. Le Président Museveni a retardé intentionnellement les discussions par ses multiples digressions volontaires et intempestives. Les Présidents Habyarimana et Ntaryamira signeront le communiqué conjoint à l’aéroport juste avant d’embarquer pour Kigali. Ils étaient pressés de rentrer car il était déjà très tard. Leur homologue, le Président Mwinyi, leur avait répondu qu’aucune disposition n’avait été prise pour les loger quand ils lui ont exprimé l’intention de passer la nuit. Ils n’avaient donc plus de choix. L’avion décollera de Dar-es-Salaam vers 18 h 30 heure de Kigali avec à bord:
– Coté Rwandais. 1. Le Président Habyarimana Juvénal, 2. Le Général major Nsabimana Déogratias, chef d’Etat-major Armée Rwandaise, 3. L’Ambassadeur Renzaho Juvénal, conseiller à la Présidence, 4. Le Colonel Sagatwa Elie, Secrétaire particulier du Président, 5. Le Docteur Akingeneye Emmanuel, medecin du Président, 6. Le Major Bagaragaza Thaddée, officier d’ordonnance.
– Coté Burundais: 7. Le Président Ntaryamira Cyprien, 8. Le Ministre Ciza Bernard, 9. Le Ministre Simbizi Cyriaque.
– Côté Français (l’équipage): 10. Le Major Jacky Héraud, 11. Le Colonel Jean-Pierre Minaberry, 12. L’Adjudant-chef Jean Marie Perrine…
L’avion du Président a été abattu le 06 avril 1994 à 20h20, par missiles tirés à partir d’une ferme située à Masaka en commune Kanombe, à proximité de la route Kigali-Kibungo. Deux missiles ont été tirés mais seul le deuxième missile a touché l’avion. Comme par miracle, l’avion s’est écrasé dans l’enceinte de la résidence privée du Président Habyarimana à Kanombe. Tous les passagers et les membres d’équipage sont morts sur le champ…
L’attentat a été réalisé par une équipe de spécialistes avec un armement sophistiqué. La cible a été téléguidé et amené dans un guet-apens à l’heure où les tueurs l’attendaient paisiblement. Cette équipe a profité de la nuit et du terrain couvert et peu contrôlé pour s’installer dans cette ferme et pour se volatiliser après l’attentat mais en laissant les traces: deux containers-lanceurs de missile. Sans ces « engins », il aurait été difficile de convaincre l’opinion déjà hostile dès l’annonce de la mort du Président, que ce dernier avait été victime d’un attentat par missile…
Directement après l’attentat, le Bataillon du FPR installé au CND a Kigali poussé des cris de joie pour la victoire finale. Le QG du FPR à Mulindi est directement mis au courant de la mort du Président. M Ntaribi Kamanzi le confirme, dans son livre déjà cité plus-haut. Il précise que le Bataillon du FPR au CND, a envoyé le message annoncant la mort du Président Habyarimana, au QG du FPR à Mulindi vers 20 h 30, soit immédiatement après l’attentat. Le Général Kagame fera une déclaration de guerre dans la foulée, c’est-à dire dans la même nuit sur Radio Muhabura, radio du FPR. Le service d’écoute radio des FAR a capté vers minuit le message radio sur le réseau FPR par lequel le Générai Kagame informait les unités de la mort du Président, félicitait grandement tout le personnel ayant participé dans l’exécution de l’attentat et mettait toutes les unités en alerte maximum.
Le FPR prend l’initiative de passer à l’attaque le 07 avril 1994 dans la capitale Kigali et sur tout le front Nord. Mais en réalité, le mouvement des unités FPR au Nord avait été amorcé plus tôt peu avant l’assassinat du Président, alors que les infiltrations dans la capitale à partir du CND, se sont intensifiées dans la nuit du 06 au 07 avril 1994. Les troupes venues du Nord étaient déjà à Rutongo (à environ 15 kim de la ville de Kigali), le 08 avril 1994…
Ainsi donc, le FPR avait un mobile clair de se débarrasser du Président Habyarimana perçu comme l’obstacle majeur au contrôle du pouvoir. Le chaos provoqué par cet assassinat lui a permis de justifier la reprise de la guerre alors que c’est lui-même qui l’avait provoqué…
Par contre, les Hutu n’avaient aucun mobile puisqu’en perdant Habyarimana, ils n’étaient pas sûr de réussir à contrôler le pouvoir avec la présence du FPR au coeur même de la capitale et aux frontières du pays…
Enfin, il y a lieu de signaler que les observateurs ont noté que le FPR et le gouvernement installé par lui à Kigali, en juillet 1994, ont fait montre d’un manque d’intérerêt coupable en ce qui concerne la nécessité de mener une enquête internationale sur l’attentat contre l’avion de Habyarimana. Tout le monde a eté plutôt stupefait d’apprendre que les responsables de ce gouvernement se sont opposés à l’intention du ministre de la justice (un hutu), Alphonse Marie Nkubito, de faire mener enfin, en 1995, une enquête sur cet attentat. M. Faustin Twagiramungu en a fait le temoignage devant la Mission d’Information de L’Assemblée Nationale française, le 12 mai 1998, en ces termes: « Moi-même lorsque j’étais encore Premier Ministre, j’ai soulevé la question d’une enquête internationale sur cet attentat au Conseil des Ministres, et le Vice-Président et Ministre de la Défense m’a répondu que cette enquête n’était pas une priorité pour le pays et que pour les autres rwandais assassinés aucune enquête de ce genre n’a été non plus menée ».
Il apparaît clairement que personne, parmi les parties concernées d’une façon ou d’une autre par l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana, ne veut voir se faire l’enquête internationale sur l’assassinat de ce dernier sauf ses proches ainsi que les Hutu opposes an FPR. Ces derniers sont les seuls qui veulent connaitre la vérité afin de s’affranchir de l’accusation orchestrée par le FPR et ses sponsors et véhiculée par les médias internationaux…
Parmi les pistes envisagées, celle concernant le FPR est la plus probable pour les analystes qui examinent la situation avec l’objectivité et l’impartialité nécessaires. La première question à laquelle tout enquêteur doit repondre face à un tel crime est la question classique: « A qui profite le crime? »…
Les analystes sont unanimes pour considérer que l’assassinat du Président Habyarimana à constitué l’élément qui à declenché les massacres et la reprise de la guerre…LIRE LE DOCUMENT COMPLET