Nous, soussigné.e.s, tenons à exprimer de la manière la plus forte notre indignation face aux propos négationnistes et injurieux proférés par Monsieur Paul Kagame, président du Rwanda, lors de l’interview accordée à France 24 et RFI, à Paris, en date du 17 mai 2021.
Nous sommes profondément indigné.e.s par :
- Le négationnisme, par la voix de cet autorité suprême, des crimes de masse commis en République Démocratique du Congo par des Etats tiers dont le Rwanda, en soutenant «qu’il n’y a pas eu de crimes à l’Est du Congo ». De tels propos sont une injure insupportable à la mémoire des victimes civiles, directes et indirectes, de conflits armés internationaux, alors que le Rapport du Projet Mapping inventorie 617 incidents de violations des droits humains et du droit international humanitaire, commises entre 1993 et 2003, impliquant six armées nationales, dont l’Armée Patriotique Rwandaise (APR).
- Le dénigrement du Rapport Mapping, qu’il a osé qualifier d’«extrêmement controversé et très politisé », publié en 2010 par le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, qui documente clairement ces crimes de masse et sur lequel la justice devra se fonder pour soulager la souffrance de toute une Nation. A notre connaissance, le contenu de ce rapport n’a été contesté, jusqu’à ce jour, que par les présumés auteurs de tous ces crimes graves.
- Le mépris exprimé envers le Dr. Denis Mukwege, traité de « symbole, outil de ces forces qu’on n’aperçoit pas… » et à qui « on dit quoi dire », laissant ainsi entendre que cette personnalité est manipulée comme une vulgaire marionnette alors qu’il n’est un secret pour personne que le Prix Nobel de la Paix 2018 demeure le porte-voix de tout un peuple en quête de justice, de vérité et de réparation.
Signataires :
- Thierry Michel, réalisateur de L’homme qui répare les femmes.
- Robin Philpot, éditeur québecois.
- Judi Rever, journaliste, auteur de Rwanda, L’éloge du sang, Les crimes du Front patriotique rwandais.
- Michela Wrong, journaliste, auteur de Do not disturb, the story of a political murder and an african regime gone bad.
- René Lemarchand, professeur émérite à University of Florida, auteur de Remembering genocides in Central Afrika.
- Filip Reyntjens, professeur de droit et de sciences politiques à l’Université d’Anvers, auteur de nombreux ouvrages sur la région des Grands Lacs.
- Johan A. Swinnen, ancien ambassadeur de Belgique au Rwanda (1990-94) et en RDC (2004-08).
- Luc Henkinbrant, ancien directeur d’Amnesty International Belgique et de l’Unité de lutte contre l’impunité et de justice transitionnelle de la MONUC/MONUSCO.
- Jason Stearns, professeur à l’Université Simon Fraser, Directeur du Congo Research Group, auteur de Dancing in the Glory of Monsters.
- Stéphanie Wolters, directrice Okapi Foundation.
- Jean-Marie Vianney Ndadgijimana, ancien ambassadeur du Rwanda en
- Timothy Reid, ancien cadre ONU, responsable du département DDDRR de la MONUC
- Joan Carrero Saralegui, Fundació S’Olivar
- Patrick Mbeko, politologue, auteur de nombreux ouvrages sur la région des Grands Lacs
- Jordi Palou Loverdos, avocat
Font: Luc.Henkinbrant – Mediapart
Pas de crimes en RD Congo: Paul Kagame crache sur les victimes congolaises et rwandaises (17.05.2021)