Le Congrès rwandais du Canada désire attirer l’attention des autorités, des médias et du public sur la visite au Canada du ministre de la Défense du Rwanda, le général James Kabarebe, qui est visé par un mandat d’arrêt international pour de nombreux crimes. M. Kabarebe sera notamment à Edmonton samedi.
En 2008, un juge d’instruction espagnol a lancé des mandats d’arrêt à l’encontre de 40 hauts gradés de l’armée rwandaise pour actes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et terrorisme. Ces crimes ont été commis au Rwanda et en République démocratique du Congo entre 1er octobre 1990 et l’année 2002. Deux des 40 mandats visent les présumés responsables des meurtres des prêtres québécois Guy Pinard (tué le 2 février 1997 alors qu’il célébrait la messe) et Claude Simard (tué à coups de marteau le 18 octobre 1994). James Kabarebe est pointé du doigt pour sa participation à tous ces crimes.
La justice française recherche James Kabarebe, elle aussi, pour l’interroger au sujet du meurtre de trois ressortissants français dans l’attentat du 6 avril 1994, qui a couté la vie aux présidents du Rwanda et du Burundi et qui a déclenché le génocide rwandais.
Le meurtre des deux prêtres québécois s’inscrivait dans la stratégie du gouvernement du Rwanda visant à éliminer tous les témoins étrangers des massacres commis par le Front patriotique rwandais (FPR), de Paul Kagame. Le 9 mars 1995, un enquêteur canadien a produit un rapport accusant la direction du FPR d’avoir probablement organisé l’assassinat du père Simard.
Quant à l’assassinat du père Pinard, il a ébranlé le gouvernement et le Parlement du Canada. Dès le 2 février 1997, le premier ministre Jean Chrétien s’est dit « profondément attristé et choqué en apprenant le meurtre du père Guy Pinard […] qui a été assassiné dans son église ». Il a précisé que c’était « une véritable tragédie qu’une personne qui se soit engagée à assister le Rwanda avec autant de dévouement personnel ait été victime d’une telle violence ». Le premier ministre Chrétien terminait sa déclaration en exprimant « l’espoir que les auteurs de ce geste barbare soient trouvés et traduits en justice ». Le lendemain, à la Chambre des Communes, plusieurs députés ont pris la parole pour condamner l’assassinat du père Pinard.
Les familles des pères Simard et Pinard ainsi que de nombreux autres citoyens canadiens attendent encore que justice soit faite. La présence de James Kabarebe en sol canadien devrait être l’occasion, pour les autorités canadiennes, de démontrer leur attachement à la primauté du droit. Nous souhaitons vivement qu’elles procèdent à l’arrestation de cet individu pour qu’il réponde devant la justice des crimes extrêmement graves qui lui sont reprochés.