Lors de la séance du jeudi 22 avril du Parlement des Îles Baléares a été approuvée à l’unanimité la proposition enregistrée le 22 janvier. C’est la première résolution dans laquelle une institution politique demande la libération immédiate de Paul Rusesabagina. Les représentants de quelques groupes politiques ont fait explicitement référence au fait que toute demande de procès équitable est devenue vieille et dépassée, étant donné les illégalités qui ont entouré le processus contre ce héros universel dès le début. Cristina Mayor, qui a rédigé la proposition, a consacré ses cinq premières minutes à donner la parole aux filles de Paul Rusesabagina, présentes dans l’hémicycle. Dans leur discours, elles ont exprimé leur espoir que cette résolution serve d’inspiration à d’autres parlements régionaux et nationaux.

En 1994, notre père Paul Rusesabagina était le directeur de l’hôtel des Mille Collines à Kigali, au Rwanda. Le 6 avril 1994, quelque chose s’est passé dans ce petit pays africain qui a tout changé. Un avion transportant le président du Rwanda et le président du Burundi a été abattu et les deux hommes ont été tués ainsi que plusieurs autres grandes personnalités du pays. Cela a déclenché le génocide rwandais, au cours duquel plus de 800.000 Tutsis et Hutus ont été tués.

En tant que directeur de l’hôtel, il a accueilli et hébergé 1268 personnes qui s’étaient refugié dans l’hôtel. Lorsque des milices ont essayé d’entrer dans l’hôtel pour tuer tout le monde, notre père a utilisé son charme et ses talents de négociateur pour protéger les gens. Il a échangé de l’argent pour des vies et de la nourriture pour des faveurs. Il a sollicité l’aide du monde entier, passant jour et nuit à appeler à l’aide. Il a accueilli toute victime qui pouvait atteindre l’hôtel et il a réussi à protéger et à sauver toutes les personnes qui s’y trouvaient. Depuis les horribles événements du génocide, notre père est devenu un défenseur dévoué et franc des droits de l’homme et des libertés civiles.

En août dernier, il a été kidnappé et emmené au Rwanda, où il est détenu arbitrairement par un gouvernement que papa a régulièrement critiqué pour ses violations des droits humains. Aujourd’hui, il a de nouveau besoin de l’aide du monde. Notre famille vous demande de ne pas détourner le regard car cette injustice persiste et il en est victime.

Pendant le génocide de 1994, l’hôtel, sous la direction de notre père, était le seul endroit public où les gens étaient en sécurité. Des Rwandais ont été tués et battus dans des stades, des écoles et des églises, mais pas à l’hôtel. Personne sous l’abri de papa n’a été blessé ou tué à l’hôtel des Mille Collines. Des soldats sont venus le menacer, des massacres ont eu lieu devant les portes, mais les gens de l’hôtel sont restés en sécurité grâce à Paul Rusesabagina.

L’histoire de notre père pendant le génocide a été racontée dans le film, Hotel Rwanda et dans son autobiographie, Un Hommes Ordinaire. Le film Hotel Rwanda montre les actes humanitaires extraordinaires de notre père. Cela montre également sa nature humaine. Paul Rusesabagina est, a toujours été et sera toujours un homme de dialogue et de paix. Il croit fondamentalement qu’il est important d’être la voix des sans voix, et il a utilisé ses forces et ses compétences pour aider les gens.

Notre père voulait aider encore plus le peuple du Rwanda et de la région des Grands Lacs en Afrique. Il a utilisé la reconnaissance qu’il a reçue à travers le film, son autobiographie et les honneurs qu’il a reçus pour aider tout le peuple rwandais. Il a créé la Fondation Hotel Rwanda Rusesabagina pour donner la parole aux victimes du génocide et soutenir les efforts de paix au Rwanda et dans le monde. Ce qui a commencé comme une mission personnelle pour enseigner les leçons du genocide Rwandais, est devenu un mouvement international de lutte contre l’injustice à travers le monde.

En août 2020, notre père a été kidnappé lors d’un voyage transitant par Dubaï, et emmené non pas vers sa destination prévue, le Burundi, mais au Rwanda, un endroit où il n’irait jamais volontairement. Puisqu’il avait critiqué les violations des droits de l’homme et les meurtres commis par le régime du Président actuel Paul Kagame, notre père savait que s’il mettait les pieds au Rwanda, il finirait par disparaître, détenu ou mort.

Il n’y a eu ni extradition légale ni mandat d’arrêt international pour son arrestation. Néanmoins, notre père a été détenu au secret pendant 3 jours entre le 28 et le 31 août 2020, où il se faisait torturer par les autorités rwandaises. Le dimanche 30 août, les autorités rwandaises ont informé les autorités belges qu’un citoyen belge été détenu là-bas. Aucun autre détail n’a été fourni. Le lendemain, le 31 août 2020, notre père a été emmené au poste de police de Kigali, au Rwanda, où il a été identifié comme prisonnier du gouvernement rwandais. Le gouvernement rwandais admet maintenant qu’il était derrière ce plan – un plan pour leurrer notre père de la sécurité de sa résidence aux États-Unis vers le Rwanda – un pays qu’il a quitté après une tentative d’assassinat contre sa vie en 1996 et un pays vers lequel il n’aurait jamais retourné volontairement sous de telles menaces.

Notre père est placé en isolement solitaire depuis plus de 6 mois. Il est détenu dans une petite cellule sans lumière et sans fenêtre. Il nous dit avoir des vertiges et des maux de tête constants. Il a perdu plus de 15 kilos. Les autorités rwandaises lui refusent ses médicaments que nous lui avons envoyés a travers la valise diplomatique belge, et les médicaments qu’il a reçus pendant sa détention ont fait en sorte que sa tension artérielle reste élevée.

Le 12 mars, notre père a fait un choix moral que nous avons incroyablement salué, celui de ne plus participer à ce procès théâtral après qu’il ait été clairement établi que la Cour et le gouvernement rwandais allaient continuer à lui refuser tous ses droits de base. Tout au long de cette épreuve, notre père s’est vu refuser l’accès à ses avocats choisis, et ses documents confidentiels privilégiés ont été constamment confisqués et lus par le gouvernement rwandais. Nous ne lui parlons que 5 min par semaine et ces appels sont suivis et écoutés par les autorités rwandaises, et ils contrôlent ce que notre père peut et ne peut pas nous dire pendant ces 5 minutes au téléphone. Nous craignons pour la vie de notre père et sollicitons votre soutient pour nous aider à le ramener à la maison avant qu’il ne soit trop tard.

Nous vous demandons, à travers résolution, de demander la libération immédiate de Paul Rusesabagina. Une résolution forte peut inspirer le reste de l’Espagne, le reste de l’Europe et même le reste du monde.

Une résolution à l’UE a été adoptée en faveur de notre père, Paul Rusesabagina en février, et le Congrès Américain a envoyé une lettre signée par 37 sénateurs et membres du Congrès à la fois républicains et démocrates, demandant la libération immédiate de notre père. Mais la résolution d’aujourd’hui servira d’exemple à tous les autres pays du monde pour défendre les droits de l’homme.

Merci, au nom de mon père et de toute la famille Rusesabagina.

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