Je vous adresse cette lettre ouverte dans laquelle j’ajoute ma voix et mon soutien à ceux des 68 lauréats du prix Nobel dans différentes disciplines de la science, de la médecine et de l’économie, des scientifiques qui expriment leur inquiétude face aux politiques gouvernementales que vous voulez mettre en œuvre et fermer le CONICET (Conseil national de la recherche scientifique et technique), en avertissant que la science argentine est au bord du gouffre, déplorant que le gouvernement abandonne les scientifiques qui, au fil du temps et au prix de grands efforts, ont contribué à la science non seulement dans notre pays, mais aussi dans l’ensemble de l’humanité, et il est nécessaire et obligatoire que le gouvernement contribue à la continuité et au renforcement des chercheurs, des étudiants et des boursiers qui sont les futurs chefs de file de la connaissance.

Il convient de rappeler que l’Argentine compte trois lauréats du prix Nobel de sciences. Il s’agit de Bernardo Alberto Houssay, qui a lutté pour la création du CONICET en 1958 et en a été le président jusqu’à sa mort, de Luis Federico Leloir et de César Milstein, ainsi que de deux lauréats du prix Nobel de la paix, Carlos Saavedra Lamas et celui qui vous écrit, Adolfo Pérez Esquivel.

Les lauréats du prix Nobel regrettent avec inquiétude la suppression du Ministère de la Science et de la Technologie, le licenciement de son personnel et la fermeture d’autres instituts scientifiques dans le pays. Quel est le critère du gouvernement pour ce recul, qui prendra de nombreuses années pour que la science dans le pays se rétablisse ?

Ils soulignent que « dévaloriser et/ou annuler la science argentine serait une grave erreur. Le monde a de nombreux problèmes et toute économie moderne comme l’Argentine doit être capable de générer de nouvelles technologies axées sur les problèmes locaux… » Ils rappellent que notre pays est unique dans la région, qu’il dispose d’une base scientifique remarquable et qu’il a développé son propre vaccin contre le COVID-19.

Le soutien de l’État à la recherche et au progrès économique et social est important.

Je demande au gouvernement de revoir sa position, d’ouvrir des instances de dialogue avec les scientifiques, les universités et les centres de recherche.

Vous devez garder à l’esprit que tout gouvernement doit être au service du peuple et soutenir la vie et les contributions aux générations actuelles qui construisent les bases de l’avenir de notre pays.

N’oubliez pas que l’on récolte ce que l’on sème.

Je vous salue avec la Paix et le Bien dont notre pays et le monde ont tant besoin.

Adolfo Pérez Esquivel ajoutant sa voix à celles des 68 lauréats du prix Nobel.

Buenos Aires, 8.3.24 – Journée internationale de la femme.

Lettre de 68 lauréats du prix Nobel à Milei: le système scientifique est au bord du gouffre (C5N, 07.03.2024)