Comme promis, nous poursuivons notre étude sur la communication de guerre et sa lecture intelligente qui permet d’en tirer les enseignements autrement non accessibles.

Nous continuons à prendre comme prototypes expérimentaux, deux conflits éloignés dans le temps comme dans l’espace mais qui, tous les deux présentent des similitudes indéniables en matière de communication de guerre.

Il s’agit, comme nous l’avons indiqué dans la Partie 1, du conflit actuel en Ukraine qui a débuté en février 2022  et de la guerre de conquête du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda de 1990-1994.

Dans cette Partie 2, nous allons suivre la même méthodologie utilisée dans la Partie 1, à savoir:

– énoncer les formules générales utilisées dans la communication de guerre par l’un des belligérants sur un sujet donné choisi  au fur et à mesure;

– illustrer cette pratique en relevant des cas dans le conflit en Ukraine où la Russie mène une opération militaire spéciale depuis février 2022;

– illustrer cette pratique en relevant comment elle fut utilisée lors de la guerre de conquête du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda de 1990 à 1994.

Dans cette deuxième partie de l’étude, nous aborderons seulement trois points, à savoir:

1) La qualification des intervenants externes à la guerre;

2) La terminologie variable pour parler d’un même territoire selon celui qui le contrôle;

3) Les revendications ou non des actes de guerre.

Comme nous l’avions annoncé dès le début de cet exercice, il s’agit d’une démarche purement intellectuelle qui n’entend pas se prononcer sur qui des belligérants mène ou non une guerre juste. Mais nous relevons simplement les enseignements pour permettre aux esprits critiques de rester vigilants quand ils lisent ou entendent les communiqués et comptes-rendus de guerre rapportés par les médias ou par les belligérants eux-mêmes. La démarche permet enfin aux rwandais, en particulier de comprendre des attitudes et des phénomènes qui leur étaient incompréhensibles tellement ils semblaient surréalistes et illogiques, durant la guerre de conquête du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda entre 1990 et 1994.

Qualification des autres intervenants

Les autres intervenants aux côtés des belligérants déclarés sont différemment qualifiés selon que les médias qui en parlent appartiennent ou non aux alliés de l’un ou de l’autre.

De façon générale, quand les médias occidentaux parlent des civils que le gouvernement qu’ils soutiennent, ils parlent de “Forces d’auto-défense”. Mais quand les civils sont armés par l’autre belligérant, les mêmes médias parlent de “ milices du régime”.

Dans le conflit actuel en Ukraine

– Les Forces étrangères non officielles qui combattent en Ukraine aux côtés de l’armée régulière, sont qualifiées par les médias occidentaux de “volontaires des brigades internationales”. Mais chez l’autre belligérant, ces forces sont qualifiées de “mercenaires”.

– Quand la Russie permet à un groupe armé recruté, formé et équipé par une société privée de se battre à ces côtés au front ( Groupe Wagner ), les médias occidentaux parlent de “mercenaires”, alors qu’ils sont des russes donc ayant le devoir de se battre pour leur pays en guerre. Et quand ceci ne prend pas, les mêmes médias parlent de “terroristes” et les sanctions et condamnations de ces combattants par les puissances occidentale s’abattent sur eux.

Pendant la guerre de conquête du Rwanda par le FPR (1990-1994)

Quand, en 1991, les FAR, qui ne pouvaient pas placer un soldat sur chaque mètre à la frontière avec l’Ouganda qui fait plus de 300 km (donc il faudrait 300 mille hommes!) ont envisagé d’armer quelques habitants de ces zones pour épier et alerter sur les infiltrations de l’ennemi venant d’Ouganda qui contournait les positions des FAR, les médias occidentaux et certaines ONG internationales crièrent au scandale et la mesure fut vite abandonnée. Pourtant, les pratiques d’auto-défense ou défense civile sont courantes dans le Monde et dans tous les conflits. Mais encore faut-il que la partie qui l’en use soit l’allié ou soutenue par les puissances qui dominent le Monde pour que leurs médias les présentent comme relevant de la légitime défense. Sinon, elles seront considérées comme relevant de la planification d’un “génocide” comme il en fut décrété en ce qui concerne la guerre de conquête du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda en 1990-1994.

Terminologie variable pour qualifier un territoire contrôlé par l’un ou l’autre des belligérants

De façon générale, les alliés à l’un des belligérants parleront de “territoire libéré” quand leurs amis l’occupent et de “territoire occupé” quand c’est celui de l’autre camp qui en a le contrôle.

Dans le conflit en Ukraine

 – Les provinces russophones de Donetsk font actuellement partie de la Fédération de Russie après un référendum dans lequel la majorité de ses habitants ont voté pour rejoindre la Russie. Tout comme la Crimée qui était revenue dans la Russie en 2014 mettant fin à sa mise sous administration de l’Ukraine dans le cadre de la défunte URSS. Mais les médias des pays de l’OTAN parlent maintenant et avec insistance de ‘‘territoires occupes”. Mais pour la Russie, les mêmes territoires sont désormais qualifiés de ”territoires libérés ” du joug des néo-nazis qui ont installé un comédien de profession, Zelensky, au pouvoir à Kiev.

Qui dit vrai?

Et quand il faut parler des autorités administratives de ces provinces, ces médias occidentaux parlent invariablement de “ gouverneurs ou maires nommés par l’occupant russe” ; même quand ils ont été régulièrement et démocratiquement élus par la population.

En ce qui concerne la guerre de conquête du Rwanda par le FPR ( 1990-1994)

– Après la débâcle de ce qu’ils voulaient comme “guerre éclaire” en octobre 1990 (prendre Kigali en moins de trois jours!), les éléments tutsi de l’armée de l’Ouganda se sont accrochés sur quelques lopins de terre dans la zone frontalière avec l’Ouganda. De là, ils attendront les renforts et les appuis-feu de Museveni pour pouvoir conquérir quelques collines qu’ils pouvaient au moins exhiber aux médias du monde pour montrer qu’il sont bien installés au Rwanda et donc qu’ils n’attaquent pas à partir de l’Ouganda.

Cet objectif fut atteint en juillet 1992 après une offensive fortement appuyée par l’artillerie lourde de l’Ouganda mise en batterie de l’autre côté de la frontière. C’est ainsi que le FPR est parvenu à occuper les installations de l’usine à thé de Mulindi située à 5 km de l’Ouganda et dont il fera son quartier général jusqu’à la conquête totale de tout le Rwanda en juillet 1994.

A partir ce moment (1992), les médias occidentaux parleront de cette zone (Mulindi et aux alentours) comme “territoire libéré”, alors que, comme le reconnaissaient les FAR, c’était plutôt un “territoire occupé” par l’envahisseur tutsi venu de l’armée ougandaise.

En extrapolant, on peut dire que cette terminologie variable est toujours utilisée par les mêmes acteurs pour décrire la situation du Rwanda d’après 1994. En effet, le régime installé au Rwanda par les conquérants tutsi issus de l’armée régulière de l’Ouganda et qui a imposé son organisation FPR comme “parti-Etat”, enseigne que depuis juillet 1994, “le Rwanda aurait été libéré”. Ce discours est relayé depuis 3 décennies par les médias des mêmes puissances qui ont encouragé et soutenus ces rebelles de conquérir le Rwanda. Mais tout rwandais doué de bon sens sait très bien que son pays est, depuis juillet 1994, “occupé et sous le joug des envahisseurs venus d’Ouganda”.

Revendications ou non des actes de guerre

En général, dans toute guerre, chaque belligérant fournit des informations et des bilans des opérations pour non seulement donner la vraie situation mais surtout pour booster le moral de sa population susceptible d’être découragée mais aussi pour entamer le moral de l’ennemi et surtout de ceux qui le soutiennent. Enfin, pour réfuter les actes contraires au droit international humanitaire qui pourraient lui être attribués et si possible les imputer à l’ennemi d’en face.

Dans cet exercice, le citoyen ordinaire qui suit cette guerre à travers les médias est souvent déboussolé car les informations diffusées à ce sujet sont contradictoires et coloriées selon le camp où se situe les propriétaires de ces médias par rapport aux belligérants.

Dans le conflit en Ukraine

Sabotage des Pipelines de GazProm russe

Les sabotages des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, occasionnant d’importantes fuites de gaz, sont fréquentes depuis le début du conflit en février 2022. La première, sur Nord Stream 2, fut découverte au Sud-Est de l’île danoise de Bornholm. Plusieurs heures plus tard, deux autres fuites furent découvertes sur Nord Stream 1 au Nord-Est de l’île. Même en ce mai-juin 2023, un sabotage fut constaté sur le gazoduc d’ammoniac quittant la Russie vers l’Europe occidentale.

Même si ceux qui ont intérêt à ce que la Russie ne puisse pas exporter quoi que ce soit sont logiquement identifiables (Ukraine, l’OTAN, …), etc., il ne peut être question que leurs services les revendiquent. Au contraire, ils vont maintenir le suspens tout en distillant sournoisement que ce serait la Russie qui se saborderait, avant d’évacuer cette question par son renvoi vers une “commission internationale indépendante” à qui la conclusion serait imposée avant même l’objet de la recherche qui lui est demandé de faire!

Attaque aux drones au dessus du Kremlin à Moscou

De même, début juin 2023, des missiles et des drones armés se sont abattus sur Moscou la capitale de la Russie pourtant distante de plus 700 Km de Kiev capitale de l’Ukraine. L’OTAN ayant instruit Zelensky de ne pas attaquer le terrotoire russe avec les armes qu’il lui fournit, mais que ce fut justement ces lances missiles de longue portée de l’OTAN qui ont été utilisés, ni l’Ukraine et encore moins l’OTAN, ne pouvaient pas revendiquer ces attaques pourtant médiatiquement et psychologiquement frappantes. Mais l’OTAN, qui se déclare n’être pas ouvertement en guerre contre la Russie, se doit de continuer à se moquer de l’opinion, alors que c’est bien elle (l’OTAN) qui est en guerre contre la Russie. Car en formant des combattants, en leur  fournissant armes et munitions, en envoyant au front des chars de combat, des avions de chasse, des systèmes de tirs de défense anti-aérienne américains les plus performants du monde de type Patriot, et en  formant leurs pilotes et servants ukrainiens chez eux, on ne voit pas comment on pourrait entrer en guerre autrement.

Explosion du barrage de Nova Kakhovka

Le 07 juin 2023, un événement illustrant nos propos à ce sujet s’est produit dans le cadre de l’actuel conflit en Ukraine. Cet événement fut la destruction d’un barrage sur le fleuve Dniepr qui a fini par inonder une bonne partie du Sud du pays. À Kakhovka, où se trouve le barrage, dans les nouvelles provinces russes et russophones, le niveau de l’eau est monté de dix mètres, tandis qu’à Kherson, on a relevé une hausse de 3,5 mètres. Les maisons sont complètement submergées ; une catastrophe dont les gouvernements de Kiev et de Moscou s’accusent mutuellement.

Mais les médias de l’Occident en général et de l’OTAN en guerre contre la Russie en particulier,. continuent d’affirmer que cet acte serait imputable à la Russie alors que celle-ci, qui en subit les lourdes conséquences, ne cesse de démentir et au besoin exige une enquête indépendante. Cette destruction a  été de toute évidence, commise par l’Ukraine. Mais comme cet acte  peut être qualifié de “crime de guerre ou crime contre l’Humanité”, il n’est pas question de le revendiquer.

En ce qui concerne le FPR dans sa guerre de conquête du Rwanda ( 1990-1994)

Sabotage du barrage de Ntaruka

Le  barrage de Ntaruka est le premier qui fut construit au Rwanda même avant l’indépendance en 1962. Situé au Nord du Rwanda dans  Ruhengeri et à une trentaine de kilomètres de la frontière avec l’Ouganda, entre les lacs Burera et Ruhondo qui, par différence d’altitude, l’un se déverse dans l’autre. Ntaruka fournissait l’électricité à tout le Rwanda. Par après, il fut connecté au réseau électrique après la construction du barrage de Mururu à Cyangugu sur le fleuve Rusizi. Ntaruka était donc non seulement une œuvre symbolique mais aussi vitale pour le Rwanda indépendant et républicain.

Seulement voilà:  après leur invasion , les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda regroupés dans le FPR, ont fait sauter le barrage de Ntaruka en 1992 (en fait une des turbines). Juste après cet acte, les combattants de Paul Kagame ont commencé à chanter qu’ils avaient infligé un dur coup au Rwanda républicain en faisant sauter le barrage. Mais devant l’indignation et le tollé dans l’opinion tant nationale qu’internationale qui considérait cet acte comme un crime de guerre voire contre l’Humanité, Paul Kagame a ordonné à ses subordonnés de ne plus revendiquer cet acte.

En 1991, les envahisseurs tutsi venant de l’armée de l’Ouganda sous le commandement de Paul Kagame qui s’étaient retranchés dans le parc des Volcans à Ruhengeri, ont tiré sur un avion de la compagnie civile zaïroise nommée Scibe Zaïre et appartenant au richissime  Bemba Saolona, le père de Jean Pierre Bemba, ancien V/Président de la RDC et actuellement ministre de la Défense de ce pays. Cet avion, qui se rendait à Kampala venant de Goma, survolait pourtant l’espace aérien du Zaïre dans la région de Jomba et Bunagana mais que surplombent les volcans Sabyinyo, Bisoke et Muhabura, où étaient retranchés les troupes de Kagame. L’avion a heureusement pu atterrir sans encombres à Kampala. Mais vu la gravité de cet acte terroriste, la compagnie Scibe Zaïre fut abordée pour ne pas porter plainte et au FPR de Kagame de ne pas le revendiquer.

Explosions des mines dans les gares et autres lieux publics

Tout au long de cette guerre de conquête du Rwanda, une nouvelle forme de criminalité, jusqu’alors inconnue au Rwanda, commença à se manifester en février 1991 par des attentats aux explosifs. Plus de soixante explosifs, de mines et de bombes furent enregistrés dans le pays. Ils visaient spécialement les véhicules de transports des personnes et des biens, les édifices publics, les lieux de grands rassemblements tels que les marchés, les gares routières et les bars-restaurants.

Ces attentats frappaient aveuglement la population civile et indistinctement les deux ethnies. Ils créèrent un climat de méfiance et attisèrent la haine contre le FPR et ceux qui étaient supposés le soutenir. Ces attentats, qui étaient attribués aux autorités rwandaises, servaient parfois de prétexte aux Inkotanyi pour lancer de nouvelles attaques.

Quant aux commanditaires, il s’agissait bel et bien des combattants ou des complices du FPR qui commettaient ces attentats. Quelques éléments de preuves matérielles ont été identifiés. L’examen du matériel employé, de son origine et de sa mise en œuvre portait à penser que ces crimes étaient l’œuvre d’une seule et même organisation. Les explosifs utilisés dans les attentats étaient de même marque et tirés d’un même lot. Il s’agissait souvent des mines ATK (anti-tank ou anti-char) et des mines ATM (anti-personnelles).

De même, les mines antichars utilisées étaient de même type. Ainsi une mine ATK M3 a été décelée à Kanzenze, Kigali, le 17.12.1992 ; une autre a été trouvée à Rubona, Gisenyi, le 23.08.1991; 2 mines de même marque que les précédentes furent découvertes à la frontière rwando-tanzanienne le 12.12.1992 ; une mine de même calibre fut saisie le 10.11.1992 chez Aphrodis Murera à Gafunzo dans la préfecture Cyangugu.

Par ailleurs, en 1993, le gouvernement de coalition alors en place au Rwanda commanda une enquête pour savoir l’origine de cette insécurité jamais égalée dans l’histoire du Rwanda. Une commission interministérielle dirigée par Augustin Iyamuremye, alors responsable des Services de Renseignements, mais en réalité un agent et adhérant au FPR, se mit à l’œuvre. Dans son rapport du 23 septembre 1993 intitulé « L’état actuel de la sécurité au Rwanda », il se garda bien de désigner clairement le FPR comme le commanditaire de ces lâches attentats terroristes, alors que les indices et preuves étaient très claires.

Assassinat des politiciens Hutu comme  Félicien Gatabazi et Emmanuel Gapyisi.

Félicien Gatabazi était ministre des Travaux publics et Secrétaire exécutif du parti PSD. Le ministre Gatabazi s’était toujours opposé à la proposition du FPR de former militairement les jeunes du PSD pour faire le contrepoids aux Forces Armées Rwandaises. Pour lui, c’était aller contre des principes mêmes de la démocratie. Cette position lui valut la mort. Il fut fusillé à l’entrée de sa résidence le 21 février 1994. Ce meurtre fut l’objet de nombreuses spéculations. Une partie de l’opposition intérieure voulut endosser ce crime au président Habyarimana et au MRND.

Le jour de son assassinat, F. Gatabazi venait d’une réunion avec ses alliés politiques, dont le FPR, au cours de laquelle il avait exprimé son désaccord sur un projet « criminel » qu’on voulait lui faire avaliser. Arrivé à la maison vers 21 heures, un coup de fil le pria de revenir à la réunion pour trouver un compromis. Il y retourna et y arriva vers 21h30. Quinze minutes après, il retourna chez lui sans s’être mis d’accord avec ses amis politiques. Les assassins l’attendaient à l’entrée de son enclos et le tuèrent ainsi que son escorte.

Peu de jours avant sa mort, il avait confié ses inquiétudes aux membres de sa famille sur les intentions du FPR de le liquider. Mais il avait dit qu’il ne savait pas comment y échapper.

Quelques mois auparavant, Emmanuel Gapyisi, un cadre du parti MDR, mais qui s’opposait à son beau-frère Faustin Twagiramungu qui présidait le parti MDR, dans sa volonté de se soumettre au FPR afin croyait-il, d’avoir plus de chances de renverser le président Habyarimana, venait d’être assassiné dans les mêmes circonstances.

Au lieu de revendiquer ces actes criminels, le FPR les attribua au président Habyarimana. Et parallèlement, les médias des puissances derrière le FPR ainsi que les ONG à leur solde ont chaque fois crié haut et fort que Habyarimana était entrain d’assassiner ses opposants.

Assassinat des présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et son homologue Cyprien Ntaryamira du Burundi et leurs suites.

Apprenant que l’opération de tuer le président Habyarimana en tirant des missiles sol-air sur son avion revenant de Dar-Es Salaam le 06 avril 1994 avait réussi et que tous les passagers du Falcon 50 et les membres de l’équipage étaient tous morts, Paul Kagame passa la nuit du 06 au 07 à festoyer dans son QG de Mulindi à la frontière avec l’Ouganda.

Abordé le lendemain par la presse pour commenter cet événement, le même Kagame déclara qu’étant en guerre, et que cet avion avaient à son bord des officiers de l’armée ennemie, l’avion  était tout désigné  comme “objectif de guerre payant”.

Se disant, il oubliait qu’en août 1993, il avait lui-même signé l’Accord d’Arusha dont l’article premier stipulait que : “La guerre est finie entre le FPR et l’armée rwandaise”. Aussitôt, ce fut le branle bas de combat dans les Etats Majors et les chancelleries des puissances qui l’ont soutenu et qui comptaient lui faire conquérir le Rwanda. Tout de suite après, ordre lui fut intimé de ne plus revendiquer cet acte car juridiquement qualifié d’“attentat terroriste” car l’avion abattu par des missiles de combat était un aéronef civile et non armé et transportant des personnalités civiles. Depuis lors , il ne revendique plus l’acte d’avoir assassiné les présidents Habyarimana du Rwanda et Ntaryamira du Burundi, alors que le mobile ainsi que les preuves matériels sont plus qu’évidents.

Bien plus, il s’emploie depuis sa conquête totale du pays en 1994, a éliminer physiquement  ceux de ses combattants qui ont eu un rôle direct (tireurs de missiles, pourvoyeurs) ou indirect (logisticiens ayant emmené des missiles de Kampala à Mulindi et de Mulindi au CND à Kigali). Il a même tué ceux-là même qu’il avait décorés et fait monter en grade pour avoir réussi l’attentat. Et à l’extérieur du Rwanda, les puissances occidentales, pour avoir ses faveurs, font tout pour éliminer tout témoin pouvant encore dire que c’est bien Paul Kagame qui est le commanditaire de l’attentat terroriste du 06 avril 1994. Ce fut le cas du juge Trévidic en France de Macron en ce qui concerne le témoin direct qui restait et qui était pourtant “protégé”. Il s’agit d’Emile Gafirita.

Tout ceci pour dire que dans ce monde unipolaire et dans lequel les grands et seuls médias touchant les habitants de la terre appartiennent aux puissances de la Globalisation, il est de plus en plus difficile pour un honnête citoyen lambda de distinguer le vrai du faux parmi les comptes-rendus et autres reportages de guerre que nous font ces médias.

Comme il nous a pris, plus de deux décennies pour comprendre le jeu de ces médias durant la guerre de conquête militaire du Rwanda en 1990-1994, il faudra sûrement aussi du temps pour comprendre le jeu des mêmes médias quand ils rapportent sur le conflit en cours en Ukraine et dans lequel ils sont impliqués.

Dans la prochaine partie, nous aborderons comment les grands médias du Monde prennent et gèrent les “accusations en miroir” que se lancent deux belligérants.

A suivre.

Source: Echos d’Afrique

Ruzibiza accuse le général Kagame (Ismaïl Mbonigaba)