En 1994, les Américains approchent les responsables hutus rwandais et leur proposent d’accepter de faire de leur pays un centre névralgique des opérations clandestines américaines en Afrique centrale.
Un document «hautement confidentiel» de la CIA résume clairement le plan d’action stratégique des États-Unis au Rwanda, à savoir :
1) l’établissement d’une station opérationnelle de la CIA dans le pays, de préférence à Kigali. Celle-ci fonctionnera sous la façade d’une corporation des États-Unis avec une filiale au Rwanda;
2) la cession d’une ferme d’une superficie minimale de 1 mille x 4 milles, laquelle sera vouée à l’entrainement du personnel américain et sera utilisée comme centre des communications pour le continent;
3) permettre l’accès au pays à tous les invités et agents de la compagnie (CIA), en provenance de l’étranger, pour fins d’entrainement, réunions, repos et refuge;
4) la location, par la CIA, d’un aéroport entièrement géré par les Américains dans la région du Bugesera, pour un montant annuel n’excédant pas les 100 millions de dollars;
5) l’installation d’un centre de renseignements qui contrôlerait les activités politiques, militaires et économiques de plusieurs pays étrangers, principalement du Zaïre (RDC), de l’Ouganda, de l’Algérie, du Soudan et de l’Angola;
6) garantir à la CIA l’entière collaboration de toutes les institutions nationales;
7) attribution de contrats exclusifs aux entreprises américaines de reconstruction, d’informatique et d’exploitation minière.
Les Hutus ont dit NON aux Américains.
Comme le fait remarquablement observer mon ami Charles Onana, qui a longuement enquêté sur cette affaire, «ce que la CIA a proposé aux Hutus du gouvernement intérimaire et qu’ils ont refusé est de faire du Rwanda une zone d’opérations secrètes. C’est le lieu où l’on peut préparer le pillage et la déstabilisation des pays étrangers ». Et de souligner que « les extrémistes tutsis de l’APR ont probablement accepté ce que les Hutus ont refusé ».
Ce document de la CIA permet de comprendre l’intérêt démesuré que les États-Unis portent à l’égard du Rwanda, un petit pays pratiquement sans aucune ressource, et le soutien apporté à Paul Kagame et à son mouvement politico-militaire. Selon un haut responsable de l’administration Clinton, « il était nécessaire d’établir un régime militaire très puissant dans la région des Grands Lacs pour imposer des solutions militaires aux conflits.
Washington considère Paul Kagame comme un excellent stratège militaire autour duquel il a été décidé de promouvoir la stabilité de la région des Grands Lacs.» Cette stabilité à la sauce américaine, c’est la déstabilisation du Congo avec son cortège de millions de morts, le pillage massif de ses ressources qui passent par le Rwanda pour gagner l’Europe et les USA, la déstabilisation du Soudan et du Burundi, qui vient de frôler une guerre civile alimentée par Kigali, etc. Ceux des Africains qui sont obnubilés par la propagande des médias anglo-saxons en faveur de Kagame sont néanmoins avertis.
En briguant la présidence de l’Union africaine, Paul Kagame va agir non seulement comme le «représentant» des Africains, mais aussi et surtout comme le sous-traitant des intérêts anglo-saxons et israéliens en Afrique. Ce n’est pas un hasard si l’homme fort de Kigali est le seul chef d’État africain dans l’agenda de Donald Trump à Davos. Malheureusement, c’est ce type, le domestique en chef de l’Empire, qui est devenu le «héros» d’une certaine jeunesse africaine…