Dans le pays des vaches, des légumes, des fruits, des rivières et de la mer des poissons et des fruits de mer, il y a des gens qui ont faim. Un million d’enfants se couchent sans nourriture, selon le rapport de l’UNICEF. Les retraités n’arrivent pas à joindre les deux bouts avec leurs maigres pensions et la seule réponse du gouvernement est de réprimer leurs demandes de nourriture et de médicaments.

Il n’y a pas de pénurie de nourriture en Argentine, mais le gouvernement s’acharne à la cacher et refuse de la distribuer. Certains juges courageux ont ordonné au gouvernement de la distribuer en vertu d’une décision de justice. Le président Milei, dans son euphorie numérique, prétend que le dollar a chuté, ce qui est le triomphe de sa politique néolibérale. Il évoque et rend à son dieu, « le veau d’or », sur l’autel de l’orgueil humain son triomphalisme inhumain.

Le dollar a baissé, mais tout a augmenté : le pain, la viande, les légumes, les matériaux de construction et tous les produits sur le marché. Nous sommes dans un pays à l’envers, ceux qui ont la main haute et la main basse, les alliés du gouvernement actuel, s’enrichissent, comme le chante María Elena Walsh. La pauvreté, le chômage, la fermeture de milliers de PME et le licenciement de centaines de fonctionnaires s’ajoutent à la pauvreté qui touche le pays, actuellement plus de 57 % de la population, et à la misère.

Le gouvernement de Milei fait passer le capital financier avant le peuple et veut privatiser les entreprises publiques, vendre le patrimoine du peuple, défaire l’éducation publique, la santé publique, l’INTA, le CONICET, et son cheval de bataille est « il n’y a pas d’argent ». Il y a de l’argent pour acheter des armes, il sort l’or du pays et personne ne sait ce qu’il va faire du patrimoine du peuple. Il a pris le contrôle du pays en toute impunité.  Il ne respecte pas les traités internationaux, il abroge la loi 26160 sur les territoires des peuples indigènes, qui sont déjà expulsés et violés par la répression. Les droits du peuple argentin sont bafoués. La Cour suprême de justice, censée mettre un terme aux abus de pouvoir, reste silencieuse ; les députés qui ont cédé le pouvoir au président sont des traîtres à la patrie en ne remplissant pas le mandat que leur a confié le peuple. Nous vivons dans un pays à l’envers.

La politique étrangère du gouvernement est totalement irresponsable, elle est confrontée aux présidents latino-américains et vise l’alliance avec les États-Unis et Israël, justifiant le génocide du peuple palestinien par Israël. Deux demandes de mise en accusation de Milei et de son cabinet ont été présentées à la Chambre des députés. La lâcheté immobilise les législateurs.

Au lieu de s’unir, d’unir ses forces et de présenter des alternatives sociopolitiques et économiques, l’opposition perd son temps à se battre entre elle. De toute évidence, nous sommes dans le pays de l’envers.

Il ne faut PAS désespérer, le peuple a un cœur rebelle et l’histoire nous enseigne que l’injustice a les jambes courtes.

El Reino del Revés (María Elena Walsh, 20.06.2020)