Je veux remercier le Réseau international des femmes pour la Démocratie et la Paix pour l’honneur d’avoir reçu le Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix.

Le titre de ce prix est approprié avec les trois expressions pertinentes, soit :

  • La Paix.
  • Victoire Ingabire Umuhoza
  • La Démocratie

La Paix

La Guerre contre le Rwanda était un assaut contre la démocratie et la paix venant de l’Ouganda avec l’appui des États-Unis et d’autres pays occidentaux. Il avait comme seul but :  renverser le pouvoir majoritaire et imposer une dictature.

La criminalisation des perdants de la guerre d’agression avait comme but de les exclure de la vie politique.

Nous savons que le Rwanda était un des pays africains le plus avancés avant 1990. Le pays fonctionnait relativement bien. Le Rwanda aurait pu résoudre ses problèmes internes n’eût été cette invasion illégale par l’Armée ougandaise/Front Patriotique Rwandais. Rien ne justifie une telle agression :

  • Personne en Ouganda n’était menacé.
  • La minorité tutsie à l’intérieur du Rwanda était respectée par le gouvernement.
  • Le Rwanda n’avait aucune intention d’attaquer l’Ouganda.
  • Le Rwanda ne menaçait personne.
  • La légitime défense de l’Ouganda ne peut pas être invoquée.
  • Il n’y avait aucune justification par le Conseil de sécurité des Nations unies

L’histoire juridique après la victoire des agresseurs l’Ouganda/FPR agresseurs mérite des commentaires.

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda a condamné des dizaines de Rwandais pour divers crimes. Le mémoire collectif international est empreint avec l’idée que tous ces génocidaires ont été condamnés : « les génocidaires sont en prison comme ils doivent l’être ». Pourtant, beaucoup des leaders politiques et militaires et des personnes proches de M Habyarimana ont été acquittés. Aucun plan d’extermination de Tutsi n’a été prouvé pour la bonne raison qu’un tel plan n’a jamais existé. Aucune entente nationale pour tuer les Tutsis à partir du 6 avril 1994 n’a été prouvée. Au contraire, nous savons tous que la planification de la guerre est venue du Front patriotique rwandais et de ses partenaires en Occident, surtout des États-Unis.

Les preuves incriminantes contre les accusés hutus ont fait défaut et les preuves acceptées par les juges étaient très largement peu fiables. Les juges décideurs ont largement entretenu les préjugés occidentaux contre les accusés et avaient une mission pour condamner les « génocidaires ». Et bien sûr, les vrais criminels qui ont tout planifié n’ont pas été accusés, mais sont au pouvoir au Rwanda. Le FPR a bénéficié de l’impunité totale par un Procureur systématiquement biaisé.

Feu Ramsay Clark a dit que « le ICTR is war by other means », : le TPIR, c’est la guerre par d’autres moyens.

Cette démonisation injuste des perdants de la guerre est omniprésente en Occident. C’est de la pure propagande. Ces procès menés en vertu du concept de la juridiction universelle ont eu lieu dans beaucoup de pays en Europe, le Canada et les États-Unis. Les accusés ont été condamnés par des juges ou des jurés qui ne connaissaient pas le Rwanda et sa culture et qui avaient des esprits colonisateurs qui acceptaient les mensonges des témoins syndiqués qui venaient du Rwanda. Ces procès doivent d’arrêter.

Nous avons préparé une liste provisoire des prisonniers à travers le monde que nous distribuons ce soir. Nous croyons que toutes et tous les prisonniers en Afrique, au Rwanda et en Occident doivent être libérés immédiatement.

Il appartiendra à la relève rwandaise de décider comment le peuple rwandais pourra garder le souvenir des prisonniers politiques rwandais et les faire libérer quand le Rwanda redeviendra démocratique.

La Démocratie et Victoire Ingabire Umuhoza

Le Rwanda est entré depuis une bonne dizaine d’années dans la lutte politique. Victoire Ingabire Umuhoza a été une des grandes personnages politiques du pays et a réussi à briser les chaines de la prison par son exemple et par l’appui national et international en sa faveur.

Je pense que l’investissement politique en Afrique sera le plus utile. L’Occident n’amènera pas la démocratie à la région des Grands Lacs, la preuve étant le comportement de l’Occident pour les vingt-sept années depuis 1994. L’Empire connait fort bien le comportement du gouvernement Kagame, mais l’Empire appuie Kagame sans broncher.

On se rappelle les commentaires récents du Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix en 2018, concernant le silence radio de l’Occident lors des invasions au Congo par Paul Kagame. Dr Mukwege a constaté les doubles standards de l’Occident face à ces guerres monumentales contre le Congo.

Nous nous souvenons du silence de l’Occident concernant les bombardements et l’invasion de l’Iraq, deux fois, de la Syrie, du Gaza, et de la Libye. Nous notons l’inaction concernant les sanctions meurtrières contre le Venezuela, l’Iran, Cuba, et la Syrie. Ce silence disparait quand il s’agit de l’opération militaire de la Russie en Ukraine. Les extrémistes en Ukraine sont des proxys des États-Unis contre la Russie tout comme le FPR a été quand il a envahi le Rwanda.

L’Occident refuse de créer un tribunal concernant les crimes contre le Congo décrit dans le Mapping Report de 2010. L’Occident fait la sourde oreille concernant les exactions contre les femmes du Congo.

En dépit des maints efforts, les États-Unis et la Belgique n’ont pas aidé Paul Rusesabagina victime d’un kidnapping illégal qui l’a amené dans une prison du Rwanda.

L’Occident va accueillir à bras ouvert des millions d’Ukrainiens, mais refuse beaucoup de Rwandais parmi les centaines de milliers de réfugiés en Afrique. Et les 9 hommes du Tribunal pénal international pour le Rwanda sorti de la prison d’Arusha ne sont pas les bienvenues en occident. Quelle honte!

L’ambiance en Afrique est différente de celle de l’Occident. Beaucoup d’appui à Mme Ingabire est venu de l’Afrique. Nous pensons à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et ses jugements favorables à Mme Ingabire et à Léon Mugesera. Congrès du Barreau africain (African Bar Association) a fait sa part en faveur de Mme Ingabire à son congrès au Kenya été 2018. Nous pouvons mettre en question l’histoire officielle du Rwanda sans être attaqué comme négationniste.

Les huit hommes au Niger qui ont été emprisonnés et libérés par le Tribunal pénal international du Rwanda vivent une crise qui relève du jamais vu. Plusieurs ont été acquittés et d’autres libérés après avoir purgé leurs peines. Ce même Occident a financé ce Tribunal, mais refuse de les réunir avec leurs familles après leurs procès. Depuis 2004, l’Occident a refusé à plusieurs le droit d’être réunis avec les leurs en Europe ou au Canada. À bout de souffle, le Mécanisme/TPIR a imposé un déplacement permanent aux huit hommes les forçant à déménager en permanence au Niger en décembre 2021. Cette solution, acceptée à reculons, était incomplète. Au Niger, ces hommes seraient loin des leurs et se verraient coupés l’appui financier du Tribunal après une année.

M Jérôme Bicamumpaka a refusé de se rendre au Niger. Malade et en traitement, il reste seul en Tanzanie et doit être réuni à sa famille au Canada. Nous appuyons sans réserve cet homme lavé de tout soupçon au TPIR. Le Canada, qui le refuse pour le moment, est responsable pour cette injustice.

Le problème des libérés/acquittés s’est intensifié grandement avec la décision du Niger de les exclure du Niger. Ils sont sous arrestation à domicile au Niger depuis le 27 décembre dernier, soit presque trois mois. C’est la responsabilité des Nations Unies de trouver une solution. Le Mécanisme aurait dû les amener à La Haye immédiatement. La Tanzanie ne les accepte pas craignant qu’ils seraient en Tanzanie indéfiniment. Le Mécanisme ne peut pas donner des ordres à la Tanzanie souveraine.

Les Nations unies, maître du Tribunal, doit résoudre la question pour permettre la réunification familiale dans les pays qui ont parrainé et financé le Tribunal.

Il a un groupe des enfants (adultes) des prisonniers qui a formé un groupe SAVEOURPARENTS @saveourparents. Ce groupe travaille arrache-pied pour les hommes au Niger. Nous comprenons que l’appui aux prisonniers va continuer au-delà de la lutte actuelle pour ces neuf hommes qui doivent être réunis avec leurs familles. Ce groupe est présent aujourd’hui à Bruxelles après leur manifestation à La Haye en faveur des neuf hommes victimes du TPIR. Ce groupe mérite notre appui actif.

L’avenir et la démocratie au Rwanda

Les perspectives à moyen terme pour l’Afrique sont assez positives et le travail politique en faveur du Rwanda a des chemins prometteurs. Mon expérience est qu’il y a une grande ouverture d’esprit en Afrique.

Victoire Ingabiré Umuhoza a proposé courageusement une feuille de route avec une dialogue inter rwandais qui mérite l’appui des Rwandais au Rwanda et dans la diaspora.

L’Afrique n’appuie pas les sanctions massives de l’Occident contre la Russie. Cela comprendrait minimalement l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda, le Mali, le Sénégal, le Nigeria et d’autres. Une perspective de non-alignement et d’indépendance envers l’Empire s’annonce. Kagame a appuyé la tentative de coup d’État par le Tigray People’s Liberation Front (TPLF) en Éthiopie. Le TPLF a perdu. Nous savons que Kagame tente de devenir le gendarme de l’Empire qui perd son influence en Afrique. Kagame perdra son influence en devenant l’agent de l’Occident mal aimé.

Je souligne l’excellent article d’Emmanuel Neretse paru le 9 mars dernier: Rwanda-Ukraine: si éloignés géographiquement, mais si proches géopolitiquement !

Il y a de multiples forums en Afrique dont un que je connais bien, soit la African Bar Association, par ailleurs bien connue par plusieurs de nos amis que vous connaissez comme Me Charles Taku et notre chère Me Carolyn Buisman. Nous sommes capables de nous exprimer librement dans le Barreau africain. Cette association a envoyé une délégation au Burundi pendant la crise de 2016 et a contribué à la protection du Burundi. Vous savez aussi qu’elle a fait une déclaration en faveur de Victoire Ingabire quelques jours avant sa libération. L’année passée la rencontre a eu lieu au Niger. Nous avons fait la connaissance des personnes qui sont devenues les avocats des huit hommes rwandais en prison à domicile au Niger. Le Barreau africain a pris fait et cause pour l’ambassadeur Alex Saab, diplômât du Venezuela détenu au Cap Vert illégalement en vue d’une extradition illégale aux États-Unis.

Cette année, la conférence du African Bar Association aura lieu du 7 au 11 août 2022 à Lilongwe, Malawi. Je joins copie de l’annonce et l’invitation à soumettre des textes. Il sera possible de faire des présentations selon les règles. Ce sera une occasion de parler avec un grand nombre d’africains. Ce congrès n’est pas limité aux avocats, mais ouvert aux aussi aux juges. Magistrats, législateurs et personnel parlementaire, hommes et femmes politiques, décideurs politiques, hommes et femmes d’affaires.

Il y a dans doute d’autres forums dans lesquelles l’opposition rwandaise pourra s’impliquer. Nous connaissons le mouvement #NoMore né en Éthiopie mais qui commencer à rayonner en Afrique. Nous croyons que la lutte politique doit se faire avec priorité Afrique et non avec les politiciens européens.

John Philpot
Le Réseau d’appui aux prisonniers politiques rwandais
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