Le 25 mars 2013, madame Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des FDU INKINGI, condamnée à la suite d’un procès émaillé de nombreuses irrégularités, à 8 ans, devait comparaître devant la cour suprême. Comme d’habitude, les militants du parti ainsi que des amis voulaient assister au procès.

Tôt le matin, la police quadrilla les alentours de la cour suprême et installa des check points. A l’arrivée de madame Victoire à l’audience, la police, très nerveuse, commença à brutaliser tout ce qui bougeait autour de l’enceinte de la cour suprême. Des gens furent tabassés, sans aucune explication.

Lorsque le secrétaire général du parti, Sylvain Sibomana demanda au chef du détachement de la police pourquoi on bloquait l’accès à l’audience aux militants du parti alors que l’audience était publique, le chef de la police ordonna tout de suite son arrestation.

Les policiers le tabassèrent devant la foule, le muselèrent à l’aide d’une matraque et le jetèrent dans une voiture de police, sous de violents coups. Dans la foulé, la police ramassa tous les militants du parti qui étaient dans les environs.

Le calvaire de Mr Sylvain Sibomana se poursuivit à la police où il fut violement tabassé au point de perdre une dent et d’être hospitalisé dans la soirée. A l’exception de mardi 26/03/2013, où il fut autorisé à recevoir une tasse de lait, il est depuis, détenu incommunicado, malgré les séquelles des tortures subies. Il présente ainsi des hématomes sur les bras et se tient difficilement debout. Depuis mardi, il n’a reçu aucune autorisation d’être ravitaillé en vivres alors qu’il a des problèmes d’estomac.

Aux diplomates accrédités à Kigali, dont ceux de la Hollande et du Royaume Uni qui ont tenté de lui rendre visite, la police leur a dit qu’il n’était pas là, sans préciser où il se trouvait. Finalement le gouvernement a reconnu qu’il était entre ses mains et promis de le libérer sous caution.

Il devait être présenté au parquet ce 28/03/2013, mais les autorités ont dit qu’il devait d’abord être interrogé dans une autre affaire dite de Rutsiro, où il est accusé « d’avoir rencontré des militants du parti et discuté de la situation politique du pays ». Sept des huit personnes qu’il avait rencontrées se trouvent toujours en prison à Muhanga. Comme si rencontrer les membres de son parti était un crime.

A côté du cas de Sylvain Sibomana, il y a 14 autres membres du parti qui sont détenus dans des lieux inconnus. On soupçonne qu’ils ne soient détenu dans des centres de torture des lieux dit « Kwa Kabuga » et « Kwa Gacinya ».

Après l’arrestation de Sylvain Sibomana, la police a lancé une chasse à l’homme dans tout le pays. Ainsi deux membres du parti, Jean Bosco Hanganimana et Théophile Ntirutwa, sont aujourd’hui en clandestinité pour échapper aux services de sécurité. Le premier est domicilié à Gisagara, secteur Kigembe. Il a déjà eu des ennuis avec le détachement de l’armée stationné dans sa localité. Le second a été banni de son domicile, à Nyarutarama Gasabo, sous prétexte qu’il était membre de l’opposition.

On craint le pire pour ceux dont les lieux de détention sont gardés secrets. En juin 2010, un manifestant arrêté par la police avait perdu la vie, aux mains de la police.

Les actes d’intimidation continuent. Ce vendredi, jour de visite de madame Victoire à la prison centrale de Kigali, la police a encore procédé à l’arrestation de Roger Sangwa, qui dirigeait l’équipe. Il a été détenu à la station de police de Nyamirambo avant d’être relâché sans aucune explication. La police lui a confisqué son GSM.

Joseph BUKEYE

29 mars 2013