En géopolitique, il existe une règle non écrite qui veut que c’est quand le Monde est distrait par un événement spectaculaire ou d’une portée mondiale, que les aventuriers et autres potentats avisés ou bien conseillés peuvent commettre des actes répréhensibles et des crimes abominables et condamnables en temps normal mais qui ne sont pas si visibles ni audibles que ce  à quoi est occupé le Monde en ce moment. Sachant ce principe, les tueurs et criminels à la tète de certains Etats de la région sautent chaque fois sur une telle occasion car propice à leurs actes criminels. Cela fait partie du “choix du moment” dans leurs plans diaboliques.

Situation actuelle

Depuis samedi le 07 octobre 2023, l’actualité du Monde est dominée et même exclusivement réduite à l’attaque du mouvement palestinien Hamas de la bande de Gaza sur le territoire israélien.

Le sujet monopolise l’actualité que même le conflit en Ukraine est momentanément éclipsé et que même l’image du président de ce pays, le très médiatique Zelensky,  n’est plus omniprésente sur tous les écrans des télévisions de l’Occident aux heures des journaux parlés comme on y était habitué. C’est dire…!

Parallèlement, les réactions des puissances et des organisations qui dirigent le Monde ont pris des mesures en urgence jamais observées lors d’autres crises.

Ainsi, le conseil de Sécurité des Nations Unies s’est réuni exceptionnellement dans les 24 heures avec à l’ordre du jour cette attaque du Hamas sur Israel. Les Etats Unis d’Amérique ont aussitôt annoncé l’envoi des renforts militaires à Israël, etc.

Quand on sait qu’ un pays comme la RDC crie, depuis deux ans, qu’il a été agressé, et ceci ouvertement, le même conseil de Sécurité ne s’est jamais réuni pour étudier exclusivement cette situation, à part des débats dans le point “divers” de l’ordre du jour des réunions ordinaires de ce Conseil, on réalise la différence de traitement des deux conflits dans ces instances internationales.

Pour les tueurs et oppresseurs des peuples, ce black-out des grands médias du Monde sur tout ce qui se passerait ailleurs dans le Monde en dehors de la région ou du conflit qui est d’actualité, et dans ce cas le conflit entre les palestiniens et l’Etat d’Israël, c’est l’occasion propice de commettre n’importe quel crime dans leurs recoins du Monde. Et pour cela, ils sont bien conseillés et poussés à agir en ce moment par les mêmes décideurs du sort du Monde. Pour Yoweri Museveni et Paul Kagame, c’est une aubaine et une occasion en or. Comme ils sont habitués à sauter dessus, il est à craindre que cette fois-ci encore ils en profitent pour commettre l’innommable contre les peuples de la région des Grands Lacs.

Antécédents

– Peu se souviennent ou font le lien sur le fait que Yoweri Museveni, à l’époque fraîchement président de l’Ouganda, a lâché ses “boys” (entendez les éléments Tutsi de son armée), sur le paisible Rwanda le 1 octobre 1990. Ce ne fut pas par hasard et le moment était tout indiqué car les yeux du Monde étaient détournés vers ailleurs.

En effet, il y avait à peine deux mois que la “guerre du Golfe” venait de commencer, un conflit qui opposait, à partir du 2 août 1990, l’Irak à une coalition de 35 États derrière les États-Unis à la suite de l’invasion et l’annexion du Koweït par Saddam Hussein.

Dans ces circonstances où pouvait porter la voix du peuple rwandais agressé alors que le Monde était occupé à plus “important”?

– Selon le même principe et faisant le même calcul, Paul Kagame, après près de 4 ans de guerre terroriste a, en avril 1994, donné le signal pour monter à l’assaut final pour conquérir le Rwanda en assassinant deux chefs d’Etat Hutu et leurs suites et en supervisant les massacres interethniques qui dureront 3 mois. La suite on la connaît. L’occasion d’agir à ce moment était la distraction de l’opinion mondiale et surtout africaine et des médias braqués sur la coupe d’Afrique des Nations de Football ( CAN) qui se déroulait en Tunisie du 26 au 10 avril 1994. Dans cette atmosphère, aucune chaîne de télévision ne pouvait interrompre la diffusion d’un match de la CAN pour annoncer l’assassinat de deux “obscurs et inconnus” Chefs de minuscules Etats au cœur de l’Afrique.

– De même, le choix du moment par Kagame pour ressusciter le M23 en mars  2022 pour réagresser la RDC  obéit à ce principe. En effet, depuis février 2022, donc à peine après un mois, le Monde était focalisé sur le conflit qui venait d’éclater en Ukraine suite à l’opération militaire spéciale de la Russie, par ailleurs toujours en cours. Quel grand média occidental ou organisation pouvant influencer les décideurs du Monde pourrait prêter attention à l’agression de la RDC par le Rwanda de Kagame quand les Etats Unis et son OTAN crient que la Russie a agressé l’Ukraine?

 Ce fut donc de nouveau une occasion bien choisie par Kagame, comme toujours bien conseillé par ces créateurs des USA et de GB, pour relancer son agression sans risque d’être dénoncé par l’opinion mondiale.

Octobre 2023: quels risques possibles? 

En ce moment, l’opinion, les médias, les instances décisionnelles du Monde, … sont tous braqués sur la situation au Moyen Orient. Le conseil de Sécurité de l’ONU ne peut pas se réunir en urgence ou les Etats Unis élever la  voix si un événement, même terrible comme l’assassinat des leaders politiques africains  ou les massacres des populations dans la région, quand l’Etat d’Israël est entrée en guerre contre les palestiniens au Moyen Orient.

Malheureusement pour les peuples des pays des Grands Lacs d’Afrique spécialement de la RDC, du Rwanda et du Burundi, c’est une occasion et un moment propice pour leurs bourreaux et dictateurs (Museveni et Kagame) qui les écrasent depuis trois décennies, de “ parachever le travail” ou de réaliser tout bonnement leurs fantasmes criminels car ils sont irrationnels.

Les risques actuels

Dès ce début octobre 2023, les risques pour les peuples de la région des Grands Lacs et les Hutu en particulier au Rwanda et le Burundi, sont énormes.

– Sur le plan interne:

Le dictateur Paul Kagame peut profiter de cette occasion , donc de ce black-out médiatique sur tout ce qui se passe ailleurs à part le Moyen Orient, pour éliminer (faire disparaître ou assassiner au grand jour) les quelques rares opposants à sa dictature qui sont encore entre ses mains. Nous ne citerons pas de noms pour ne pas paraître après comme “prophète de malheur”.

– Sur le plan externe et régional

Paul Kagame peut en profiter pour frapper un coup spectaculaire contre la RDC durant cette période de black-out médiatique, de campagne électorale et donc d’incertitude. Par exemple en s’emparant d’assaut de la Capitale du Nord Kivu, la ville de Goma qui est à sa portée.

Plus grave, Paul Kagame pourrait réaliser son rêve et récidiver son coup d’avril 1994 à savoir: assassiner Deux Chefs d’Etats de la région. Objectifs de choix, le Président actuel du Burundi et bien évidemment le président de la RDC en fin de mandat.

Recommandations en guise de conclusion

Face à cette situation et tenant compte des éventualités, nous ne pouvons que recommander la “vigilance” et ceci à tous les niveaux: politiques, militaires, diplomatiques, médiatiques… Mais surtout et avant tout à ceux qui ont dans leurs attributions le devoir sacré de veiller à la sécurité de ces peuples martyrs du Rwanda, du Burundi et de l’Est de la RDC.

Source: Echos d’Afrique

Photo: Conférence de presse des présidents burundais Evariste Ndayishimiye et congolais Félix Tshisekedi, le 28 aout au Palais de la Nation à Kinshasa. 

RD Congo: L'armée congolaise accuse la rébellion du M23 de se déployer sur de nouvelles positions (RFI, 28.09.2023 )