Les premiers jours du mois de février sont riches en événements qui expliquent et indiquent la tournure que va prendre de la guerre que Paul Kagame a imposée à la RDC sous la couverture du groupe terroriste M23.

Il est d’abord apparu qu’aux Etats Unis d’Amérique, Paul Kagame n’est pas non seulement promu et défendu par les lobbies privés qu’il paie, mais aussi et surtout par de hautes personnalités politiques des instances étatiques.

Il y eu ensuite l’officialisation des menaces et des pressions sur la force de la SADC qui par conséquent est paralysée avant même son déploiement complet au Nord Kivu.

On a aussi perçu des signaux indiquant clairement que Paul Kagame bénéficie toujours du soutien des puissances occidentales traditionnelles, cette fois-ci dans sa guerre de conquête de l’Est de la RDC.

On a pu aussi noter le double langage des Etats Unis en ce qui concernent cette guerre d’agression initiée par Paul Kagame.

Et enfin, on a noté que l’OTAN s’est empressée de garantir à Paul Kagame de sa protection en cas de sursaut et de représailles de la RDC agressée.

C’est ce que nous allons exposer dans les lignes qui suivent. Et en conclusion oser recommander à la RDC c-à-d gouvernement, FARDC, personnalités politiques encore lucides et patriotes, peuple congolais, populations martyrs du Nord Kivu, …, quelques attitudes à adopter et des actions à entreprendre pour leur survie.

A. Evénements marquants

  1. Tournée de Kagame aux Etats Unis : 01- 04 février.

En marge des motifs évoqués de son séjour aux USA, à savoir participer à l’ U S National  Prayer Breakfast Gathering, auquel il n’a pas été convié mais en a organisé le sien le même jour et tout près, il a été révélé que Paul Kagame avait embauché un Congressman pour plaider sa cause et prêcher sa théorie de “génocide des rwandophones (=Tutsi ) en RDC. Il a ensuite officié à la Grand-messe de Rwanda Day.

Les services de propagande de Paul Kagame ont tenu à faire coïncider ces événements publics avec l’acte politique de ce député au Congrès américain qui, non seulement prêche les mensonges de Kagame comme parole d’évangile, mais qui a franchi le pas en demandant au gouvernement Biden non seulement d’endosser officiellement ces mensonges mais aussi de prendre des décisions administratives pour les imposer et faire taire ceux qui n’y croiraient pas.

En effet, au début du séjour de Paul Kagame au Etats Unis, le membre du Congrès du 7è District dans l’Etat d’Indiana, André Carson, a adressé au Congrès une résolution demandant notamment au gouvernement des Etats Unis de condamner ce qu’il appelle “les actes discriminatoires dont serait victime la minorité rwandophone de la RDC et de prévenir un possible génocide qui se commettrait dans ce pays”.

Si l’on peut comprendre que cet afro-américain, donc descendant d’esclaves déportés d’Afrique, ne puisse rien savoir de l’Histoire et surtout de la culture du continent de ses ancêtres et encore moins de la région des Grands Lacs où se situent la RDC et le Rwanda, ceci ne constituerait pas une excuse pour exploiter cette ignorance à des fins politiques. Et surtout pas d’en abuser en s’en servant comme Parlementaire de la première superpuissance du Monde pour qu’elle prenne des mauvaises décisions qui peuvent mettre en péril des millions d’êtres humains.

En effet, le congressman A. Carson, en parlant de “minorité ethnique” en RDC, peut-il désigner quelle est l’ethnie minoritaire parmi les plus de 450 que compte la RDC? Bien plus, en parlant de “rwandophones” qui seraient persécutés par le pouvoir et l’armée en RDC, sait-il qu’au Nord Kivu, les districts de Rutshuru et de Masisi desquels le groupe terroriste M23 de Paul Kagame a chassé de ses populations et en a massacré d’autres sont traditionnellement habités à majorité par des “rwandophones” ? Pour preuve, qu’il aille parler aux millions de déplacés  entassés aux portes de Goma.

Alors, entre Paul Kagame à travers son groupe terroriste M23 et le gouvernement légitime de la RDC et ses forces armées, qui défend le plus les intérêts des “ rwandophones” de RDC et qui assure leur sécurité? Est-ce difficile à comprendre pour un Congressman afro-américain comme André Carson?

Signification : cette agitation tout azimut de Paul Kagame aux Etats Unis durant ces 4 jours visait non seulement à le rassurer mais aussi à donner un message subliminal comme quoi ses actes en RDC ont toujours l’aval de la première superpuissance du Monde.

  1. Le M23 s’en prend à la SADC

Au même moment, soit le 04 février, le groupe terroriste du M23/RDF a dénoncé l’attitude du contingent de Tanzanie de la force  de la SADC, la SAMIDRC (Southern Africa Development Community Mission in the Democratic Republic of Congo) qui doit être déployée au Nord Kivu, alors que ce contingent n’a même pas achevé son déploiement.

Le M23/RDF a, à cette occasion, menacé le contingent tanzanien de faire taire son artillerie en s’emparant de ses pièces et s’il le faut en neutralisant les desservants comme le rapporte BBC.

Signification: c’est un avertissement de Paul Kagame non seulement au contingent de Tanzanie mais aussi  aux autres pays qui ont fourni des troupes de la force de la SADC afin de se garder de mener des actions offensives contre ses terroristes du M23 sur le terrain, On peut parier que cet avertissement public s’est fait concomitamment à un autre plus discret car diplomatique transmis à ces pays par les puissances qui soutiennent Paul Kagame dans sa guerre de conquête.

B. Signes indiquant que le soutien des habituelles puissances occidentales à Paul Kagame reste acquis

  1. Stratégie militaire élaborée et mise en œuvre à cet effet début février 2024

Depuis le 01 février, tous les stratèges militaires ont noté que le M23/RDF, en lançant sa nième offensive, venait de changer de stratégie. En effet, au lieu de la tactique de “saisir et tenir” en s’emparant d’une localité et en la défendant à outrance s’il le faut, le groupe terroriste se disperse en petits groupes sur les positions clés et dominant la localité visée. Et il se fixe comme objectif d’y chasser le maximum d’habitants et en les canalisant vers les positions de la MONUSCO et aux autres endroits exposés aux médias, surtout en coupant les axes d’approvisionnement. Ceci est moins couteux en hommes et en matériels mais mieux payant médiatiquement et psychologiquement.

 En effet avec une seule mitrailleuse lourde bien placée,  on peut couper un axe de ravitaillement si important soit-il. De même, pour faire fuir des milliers de réfugiés ou déplacés, une seule bombe de 81 mm faisant coup but dans leur camp de fortune suffit.

C’est ce à quoi s’adonne actuellement le M23/RDF autour de Mweso, Kitshanga, Sake, Minova et même Goma.

  1. Vers l’étranglement de la ville de Goma?

C’est dans ce cadre que les 05-06 février 2024, le monde entier a appris l’encerclement supposé et donc l’étranglement de la ville de Goma revendiqué par le M23/RDF et très médiatisés.

Ce coup est plus médiatico-politique que militaro-stratégique et vise des objectifs non directement militaires:

– Il vise à semer la panique dans la population de Goma et ses dépendances (déplacés), une ville qui abrite plus de 2 millions de personnes.

– En même temps, montrer à l’opinion nationale et internationale que les autorités légales et légitimes de la RDC sont incapables ou n’auraient pas la volonté d’assurer la sécurité de la population,

– Dans l’espoir de soulever la population congolaise contre son gouvernement ou tout au moins ne plus avoir son soutien dans ce conflit.

  1. Double langage des USA

La presse a fait état d’un communiqué de l’ambassade des Etats Unis à Kinshasa du 05 février 2024. Dans  ce communiqué, les Etats Unis “exigent à Paul Kagame de retirer son armée de la RDC”.

Décryptage: ce communiqué aurait été diffusé au moment où des centaines de citoyens congolais faisaient un sit-in devant l’ambassade des Etats Unis à Kinshasa en demandant que cette superpuissance fasse pression sur son allié et protégé de toujours Paul Kagame afin qu’il cesse d’agresser la RDC à travers un groupe terroriste nommé M23 de sa création.

Aussitôt après, les agents du régime de Kagame se sont répandus sur Internet dans les réseaux sociaux en alléguant que le communiqué diffusé aux médias serait “un faux” fabriqué par la propagande de la RDC. Ceci pose quelques interrogations aux observateurs.

Toujours est-il que, même s’il serait un faux comme l’affirme la propagande de Kagame, l’ambassade des USA à Kinshasa n’a pas démenti. Alors que les médias même ceux de Kinshasa l’ont répercuté. Par contre, si ce communiqué est authentique, pourquoi a-t-il été diffusé à ce moment : séjour de Paul Kagame aux USA, en même temps que les communiqués de victoire du M23/RDF?

Et enfin, quelle suite vont y réserver les concernés, l’administration Biden et le régime Kagame?

Tout indique que quand les services de propagande de Kagame ont dit que c’était “un faux”, ils voulaient signifier qu’il s’agissait de la poudre aux yeux et donc qu’il ne serait pas suivi d’effets et cela de commun accord avec les deux compères (USA-régime Kagame).

  1. Préparatifs des pressions “officielles et publiques“ que l’ONU entend faire sur la RDC

Tout indique que bientôt les pressions vont être exercées ouvertement sur la RDC pour qu’elle négocie avec le groupe terroriste M23/RDF.

Il y a d’abord cette visite en RDC de Jean-Pierre Lacroix, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé du maintien de la paix dans le monde.  Le choix du moment n’est pas anodin et la situation sur le terrain n’en était  surtout pas favorable. Il s’est d’abord rendu dans l’Est du pays, en proie à des conflits armés. Il est notamment passé par Beni et Goma, dans le Nord-Kivu, mais aussi Bukavu, dans la province voisine du Sud-Kivu. Une visite qui se termina à Kinshasa, où il a rencontré, mardi 6 février, le président congolais Félix Tshisekedi.

Officiellement, Jean-Pierre Lacroix était venu en RDC pour constater comment se déroule le processus de retrait progressif de la MONUSCO qui a commencé et qui devrait se poursuivre jusque fin 2024.

Mais on notera que Jean Pierre Lacroix est un citoyen français! Dans le cadre du rapprochement ou même du mariage de la France sous Macron avec le Rwanda de Paul Kagame, comme secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des missions de maintien de la paix à l’ONU, il met aussi sa contribution à ce deal entre Macron et Kagame. En effet, c’est lui qui offre des postes aux proches de Kagame pour commander les Casques bleus dans certains pays: comme en République Centrafricaine, au Soudan du Sud ou dernièrement au Darfour, …

Et pour aider Paul Kagame à occuper et entretenir son armée pléthorique (plus de 150.000 militaires d’active!), il a fait tout pour  que le Rwanda soit le 4è pays de l’ONU en fourniture des Casques bleus, juste après l’Inde, le Bangladesh et le Népal.

De retour à New York, dans son rapport de mission, Jean Pierre Lacroix conclura donc que la situation à l’Est de la RDC échappe au pouvoir central de Kinshasa et donc qu’il devrait négocier avec le groupe terroriste qui s’en est emparé pour le compte de Paul Kagame.

  1. Visite du président de la Pologne au Rwanda du 06 au 08 février : Livrer le message de l’OTAN, un bouclier spécial garanti à Kagame

Enfin comme pour verrouiller et s’assurer que leur poulain Paul Kagame ne pète les plombs avant la fin du travail en RDC, l’OTAN (donc le bras armé des USA dans le monde spécialement en Europe et donc en Afrique) a tenu à rassurer le dictateur et agresseur Kagame de son impunité quoi qu’il commettrait  comme crime et de son invulnérabilité militaire.

C’est dans ce sens qu’il faut voir la visite de 3 jours du président de la Pologne Andrzej Duda au Rwanda. La Pologne un pays de l’Europe de l’Est dont aucun citoyen, même un professeur de géographie soit-il, ne peut situer le Rwanda sur la carte d’Afrique!

Mais le polonais Duda était porteur d’un message qui le dépasse lui-même. Il a eu droit  à la visite des mémoriaux de Gisozi, Murambi, ,,,, dont il ignore que les restes humains qui y sont exposés sont des victimes de l’exposant lui-même. Il a même visité Kibeho, présenté comme lieu des apparitions de la Vierge Marie, mais sans qu’il apprenne qu’il marchait sur les fosses communes de plus de 8 mille innocents massacrés à cet endroit par l’armée de son hôte Kagame. Il a alors délivré le message comme quoi l’OTAN assurerait la sécurité aérienne du Rwanda de Kagame de façon qu’aucun projectile tiré de l’extérieur ne pourrait atteindre le sol rwandais. Ceci en allusion à ce que le président de la RDC avait déclaré en disant qu’à un moment donné et s’il le faut, ses forces tireraient sur Kigali. Un accord de défense allant dans ce sens a même été signé entre la Pologne et le Rwanda.

Entre temps, la RDC proteste et s’indigne logiquement mais devrait surtout chercher à décoder le message de l’OTAN que le polonais a apporté à Kagame et étudier comment y répondre le moment venu.

C. Les termes et justifications des pressions: la victime sera désignée comme “bourreau” et avec argument populistes en appui

Pour faire pression à la RDC, le principe de “l’accusation en miroir“ sera beaucoup mis à contribution. En effet, le grand nombre des déplacés, les énormes besoins humanitaires, …, seront mis sous le dos de la RDC en soulignant son incapacité ou sa mauvaise volonté à assumer ses responsabilités.

Les  rapports et aveux des agences de l’ONU : OMS, PAM, UNICEF, …, et même d’autre comme MSF et de la Croix-Rouge, viendront confirmer cette incapacité ou le manque de volonté d’y répondre.

Ils conclurons en disant : seule la RDC a la solution pour apaiser la souffrance de son peuple. Et la solution est tout trouvée et est à portée de main : “négocier avec le M23 afin de partager le pouvoir et intégrer ses combats dans les FARDC et la Police en échange de donner la paix aux populations de l’Est de la RDC, ce dont le gouvernement de ce pays est visiblement incapable de faire.”

D. Pas beaucoup de choix pour la RDC, c-à-d son gouvernement et son armée

Prendre l’initiative ou subir.

Se défendre ou se rendre,

Conclusion

En géopolitique comme en diplomatie, seule le rapport de forces compte bien plus que les arguments juridiques et moraux. C’est le rapport de forces qui les dicte.

En cas de guerre, on peut consentir aux solutions politiques et diplomatiques quand on estime être en position de force. Car dans de telles négociations, celui dont le rapport de forces est en sa faveur rejette les arguments logiques du faible et fait avaliser les siens comme vérité.

Ainsi:

*Une agression caractérisée et répondant à la définition de la charte de l’ONU sera transformée par le plus fort militairement comme “un droit aux immigrés et réfugiés de revenir dans le pays de leurs ancêtres les armes à la main”.

*Les massacres de populations dans les zones conquises par le plus fort seront transformés en  “des dégâts collatéraux”.

*Des milliers de déplacés chassés de leurs biens par l’agresseur seront considérés par le plus fort comme étant des victimes qui sont utilisées par leur ennemi (l’armée du pays agressé) pour leur servir de “boucliers humains” dans leur fuite.

*Enfin, le réflexe naturel d’auto-défense de certains groupes de citoyens agressés sera considéré par le plus fort militairement comme “des actes de génocide” et admis comme tel par les médiateurs dans ces négociations.

Le Rwanda républicain et démocratique l’a appris à ses dépens entre 1990 et 1994. La RDC devrait en avoir appris la leçon, mais hélas ! elle semble n’en avoir rien retenu!

Espérons que ce n’est pas trop tard et que l’argument irréfutable et la carte de visite qui  ouvre toutes les portes lors des négociations qu’est “le rapport de forces favorable” peut encore s’acquérir avant de céder et donc de capituler au grand dam du peuple congolais, soit de 120 millions d’âmes.

Source: Echos d’Afrique

Photo : Le président polonais Andrzej Duda avec le président rwandais Paul Kagame lors de sa visite au Rwanda du 6 au 8 février.

RDC: Goma de nouveau menaçée par le M23 (EFE, 10.02.2024)